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Que retenir du documentaire sur Pelé de Netflix ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Que retenir du documentaire sur Pelé de Netflix ?

Netflix met en avant un long documentaire sur le roi Pelé. L’exercice est périlleux, mais participe de l’ambition du géant américain d’imposer sa narration et son empreinte sur l’ensemble de la culture populaire mondiale. Bref une pravda avec du style, du talent et beaucoup de moyens. Que penser du résultat au sujet du plus grand footballeur de tous les temps.

Charles Péguy avait écrit : « Les fondateurs viennent d’abord. Les profiteurs viennent ensuite. » La légende de Pelé fut gravée de son vivant, et le Brésilien est encore présent pour la transmettre malgré son âge et son fauteuil roulant. Sa légende s’est surtout inscrite dans la mémoire collective à une époque où, finalement, tout restait à écrire pour que le football devienne une véritable religion profane. Il en fut le Prométhée, sous le regard des premières retransmissions télévisées en mondovision. Un quasi-héros de série. Le sujet idéal pour la plateforme US.

Il n’y eut pas de prophètes, mais un roi – qui a lu L’Ancien Testament comprendra. Dieu arrivera, déboulant d’Argentine pour se reposer sur les flancs du Vésuve napolitain. Tout le film, actualité dramatique oblige, la comparaison avec Maradona s’impose dans les esprits, du moins de ceux qui aiment croire que le foot peut tutoyer les cieux autant qu’éblouir les yeux. Mais revenons à ce film. Le ballon rond eut son roi, noir, brésilien, génial. Un homme qui retourna un peu la mappemonde en mettant le Sud au-dessus, à l’instar de Bruce Lee ou plus tard Bob Marley. Et cette icône est toujours vivante, qui tambourine au début et à la fin sur un de ces petits marchepieds où il récolta quelques sous en cirant des chaussures. Facile, mais efficace comme procédé.

En trois actes

Pour Netflix, il était évidemment impossible de passer à coté. Après le succès de The Last Dance consacré à Michael Jordan, il fallait que l’odyssée du sport le plus populaire dans le monde soit aussi marquée par le sceau du N rouge. Le savoir-faire s’avère indéniable. La recherche d’images, de films et le travail iconographique sont fascinants. Au générique, quasiment personne ne manque à l’appel. La narration construite essentiellement autour de ses Coupe du monde, ce qui peut le plus parler à l’international, se tient dans un remarquable maelstrom de mise en scène en trois actes dignes d’une tragédie grecque. La naissance en 1958, la chute en 1962, l’apothéose rédemptrice en 1970. Pour conclure sur un Pelé criant dans le vestiaire au retour de la victoire sur l’Italie : « Je ne suis pas mort », comme une revanche du Roi sur la pièce de Ionesco Le Roi se meurt.

Il n’y a aucune faute de goût. Le montage sait placer tactiquement les archives, les séquences émotion comme les retrouvailles entre les anciens du Santos ou la mise en abyme entre l’apolitisme de Pelé et le contexte politique du Brésil. Ce dernier sujet n’est pas éludé, juste intelligemment dessiné pour qu’il n’égratigne pas trop le mythe. La douloureuse question de la dictature permet même à travers les paroles sobres et sans regrets du Roi d’asseoir sa place sur un trône, au-dessus, pour finalement dégager le sacre mexicain de la gangue de son instrumentalisation par le régime Medici, alors que les années de plomb s’éternisent à Rio ou São Paulo. Ni la dictature ni la torture ne sont éludées, simplement habilement intégrées dans un fil discursif qui rend presque subversif, par son surplomb, la Seleção emmenée par un Pelé qui y doit pourtant sa place à l’intervention du pouvoir.

Un autre Pelé ?

Il existait pourtant des petites fenêtres pour présenter un autre Pelé. Ce globe-trotter qui popularisa le style de jeu brésilien à travers le monde, lui octroyant une aura qu’il n’a toujours pas perdu, en dépit de la réalité du terrain. Une star suffisamment cruciale pour faire perdre la tête et le pouvoir à Ben Bella à l’occasion de son déplacement en Algérie en 1965. Une figure si déterminante que malgré le fossé qui les séparait, Mohamed Ali lui parlait d’égal à égal, ce qui était plutôt rare chez le boxeur. Le documentaire laisse entrevoir par exemple une vie privée bien moins lisse que sa pudeur – notamment celle de l’époque – ne voulait le laisser croire. Les quelques mots qu’il emploie respire une humanité au-delà du discours déjà bien cisaillé sur sa famille, ses origines ou son rapport aux puissants. De même, une réflexion aurait mérité plus d’attention, celle sur ses « plus belles tentatives manquées ». Loin du footballeur parfait, auréolé de ses buts spectaculaires, Pelé lui aussi rendit hommage au foot populaire, en faisant de ses plus beaux buts ratés des moments de grâce. Naturellement, les statistiques projettent dans nos rétines la perfection du plus grand des footballeurs de tous les temps, ce dont témoignent les buts qui s’enchaînent et procurent toujours ce doux sentiment qu’en ces temps bénis, toutes les actions se révélaient alors plus belles et les poteaux forcément rentrants. Toutefois se précise aussi une histoire alternative, éclairant un éternel enfant factieux perdu sur les terrains de stades immenses, peut-être écrasé par une telle destinée, posée sur ses épaules dès ses 17 ans en Suède. Netflix ne dépense pas autant d’argent pour s’arrêter à ces détails.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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