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Que reste-t-il du foot est-allemand ?

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Que reste-t-il du foot est-allemand ?

Avec ses glorieux clubs en voie de fossilisation, trop tournés vers le passé et en proie à de récurrents soucis financiers, il est aujourd'hui bien difficile d'être optimiste quant à l'avenir du football en ex-Allemagne de l'Est, 20 ans après la chute du Mur. Il existe pourtant des motifs d'espoir.

Ça peut paraître incroyable aujourd’hui, mais il fut un temps pas si lointain où une finale de coupe d’Europe voyait s’affronter le FC Carl Zeiss Iéna au Dinamo Tbilissi. C’était en 1981, c’était la défunte Coupe des Coupes, c’était l’époque des footballeurs à moustache et des mini shorts. Carl Zeiss Iéna avait certes échoué face au club de l’actuelle capitale de la Géorgie, mais ça reste aujourd’hui comme l’une des plus belles aventures d’une formation est-allemande sur la scène européenne. La plus belle est à mettre à l’actif du FC Magdebourg de Hoffmann et Sparwasser qui, en 1974, remporta la C2 au stade De Kuip de Rotterdam face au Milan AC de Gianni Rivera. En 1987 enfin, le Lokomotive Leipzig se hissa jusqu’en finale de la Coupe des Coupes, qu’il perdit à Athènes contre l’Ajax, entraînée par Johan Cruyff et avec Van Basten à la baguette.

(finale de la C2 1974)

(finale de la C2 1981)

(finale de la C2 1987)

Trois épopées européennes, c’est peu mais tout de même assez pour maintenir éveillée la nostalgie des fans de foot en ex-RDA. Car si la chute du Mur a profité aux Est-Allemands sur le plan économique –ne serait-ce qu’un peu– et sur le plan humain, elle a plongé son football dans une crise profonde qui persiste, même 20 ans après. Pour la saison 2009-2010, on ne compte aucun club en 1. Bundesliga, trois en 2. Bundesliga (Hansa Rostock, le promu Union Berlin, le relégué Energie Cottbus), et quatre en 3. Bundesliga (Dynamo Dresde, Karl Zeiss Jena, FC Aue, Rot Weiss Erfurt). Magdebourg, le Dynamo Berlin, Chemnitzer ou le Lokomotive Leipzig sont même réduits à se battre dans les divisions régionales. Une misère.

Les raisons de ce déclin ? Au choix le manque d’argent et donc de structures, la faiblesse des infrastructures (hormis Leipzig et son Zentralstadion de 44 000 places construit pour la coupe du monde 2006), l’impossibilité pour les clubs de l’Est de retenir leurs meilleurs espoirs ou encore la douloureuse transition dans les méthodes d’entraînement. C’est ainsi qu’à l’époque de la RDA, les joueurs étaient contraints de s’entraîner comme des forcenés, condition sine qua non de la réussite de ces équipes qui misaient tout sur leur condition physique. Les meilleurs étaient programmés pour réussir dès le plus jeune âge et placés selon les directives des hautes autorités dans les clubs soutenus par le régime. Le BFC Dynamo Berlin par exemple, dix fois titré consécutivement au niveau national, aux pratiques douteuses –soupçons de corruption d’arbitres notamment–, était réputé pour être à l’époque le club de la Stasi…

A bien y regarder, ce sont finalement les plus prestigieux clubs de l’époque de la DDR-Oberliga qui sont actuellement le plus en souffrance : le Dynamo Berlin, le Dynamo Dresde, Erzebirge Aue (ex-Karl-Marx-Stadt), Carl Zeiss ou Magdebourg, qui squattaient à l’époque les titres et avaient l’honneur de représenter la RDA en coupe(s) d’Europe, galèrent dans les divisions inférieures et doivent régulièrement faire face à des faillites ou menaces de faillite. Ils sont aujourd’hui plus connus pour la violence récurrente de leurs ultras que pour leurs performances sportives. Tristesse.

A l’opposé, ce sont des petits clubs sans passé ni nostalgie qui permettent de maintenir dans l’ex-Allemagne de l’Est du football de haut niveau. L’Energie Cottbus, au palmarès vierge, évolue régulièrement en Bundesliga, tout comme le Hansa Rostock, dernier champion de RDA en 1991. Ne pas avoir à lorgner systématiquement sur le passé leur permet d’être présents sur la scène nationale, à défaut d’y briller. Les deux clubs sont actuellement dans le ventre mou de la deuxième division. Plus étonnant encore est la forme actuelle affichée par l’Union Berlin, tout juste promue de 3. Bundesliga et qui caracole actuellement aux premières places de l’antichambre de l’élite.

Historiquement, l’Union est le club du peuple de Berlin-Est, soutenu par les syndicats. Lui aussi a un palmarès quasi vierge (une Coupe de RDA en 68) car il était systématiquement désavantagé niveau transferts au profit du rival honni, le Dynamo du Parti. Plusieurs fois au bord de la faillite, la formation berlinoise a été sauvée il y a une dizaine d’années par ses fans, qui ont mis la main à la poche afin de récolter les 100 000 euros leur permettant d’assurer sa survie. En 2001, ils ont été récompensés par une finale de Coupe d’Allemagne (perdue 2-0 contre Schalke). Plus récemment, c’est son mythique stade An der Alten Försterei qui a été rénové et remis aux normes grâce à la contribution financière de supporters et l’aide de bénévoles. En contraste, le Hertha Berlin, qui évoluait en championnat de RFA à l’époque de la division, peine à séduire. Il n’est jamais parvenu à attirer le public de la région du Brandebourg, anciennement à l’Est. Et ce n’est pas avec ses résultats actuels –une dernière place en Bundesliga malgré une bonne saison dernière– qui va améliorer sa cote de popularité. L’Union nouvel espoir à l’Est ? Il est permis d’y croire.

A moins qu’un petit nouveau ne surgisse de nulle part d’ici les prochaines saisons. Le RB Leipzig, anciennement FC Markanstädt, suscite espoirs et excitation. Les initiales RB sont la signature du groupe Red Bull, la fameuse boisson énergisante de l’Autrichien Dietrich Mateschitz, qui a fait du sponsoring sportif une priorité pour son image de marque. Avec succès concernant le sport automobile, moins en ce qui concerne les sports collectifs. Le Red Bull Salzburg en Autriche et les New York Red Bull aux États-Unis ont bien permis de s’implanter dans le monde du football, mais ces deux équipes n’évoluent pas dans des championnats d’envergure. L’Allemagne en revanche constitue un terreau bien plus intéressant, particulièrement l’Allemagne de l’Est, avec un public potentiellement demandeur d’une équipe ambitieuse et fortement dotée économiquement. Leipzig, avec son passé glorieux et son grand stade, est la ville idéale pour Red Bull, qui a tout de même dû se rabattre sur un club sans histoire de banlieue pour mener son expérimentation, après avoir essuyé le refus du Lokomotive, pas franchement emballé à l’idée de devoir changer de nom, d’emblème et de couleurs de maillot.

Le RB Leipzig, ex-Markanstädt, caracole actuellement aux premières places de son championnat régional et pourrait accéder à l’équivalent de la D4 dès l’an prochain. Mateschitz a promis des millions d’euros d’investissement et un plan à long terme pour mener son jouet jusqu’en Bundesliga. Il va déjà lui falloir réussir à créer un engouement autour de ce club artificiellement constitué.

Ben Old, un Néo-Zélandais sur le green

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