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Que manque-t-il aux Spurs ?
Malgré une bonne saison, tant en Angleterre qu'en Europe, Tottenham n'ira pas en C1. Un coup d'arrêt comme une leçon : non les Spurs ne sont pas encore un grand d'Angleterre.
Harry Redknapp est un vieux chenapan. Mais c’est aussi un fameux technicien qui connaît trop bien le football pour se raconter des fables. Aussi quand le manager de Tottenham déclare « il nous faudrait un miracle » , il faut le suivre franchement. Tottenham accuse six points de retard sur Manchester City, une différence buts défavorable (+7 contre +21 aux Citizens). Autant le dire : les Spurs ne bisseront pas en Ligue des champions la saison prochaine. Sensation de l’édition 2010-2011, le club londonien ne subit pas véritablement un recul, au regard de son parcours pétaradant en C1 et d’une nouvelle qualification européenne l’an prochain, fusse la Ligue Europa. Mais c’est clairement un coup d’arrêt dans la progression des pensionnaires de White Hart Lane à qui il manque clairement des éléments pour s’installer durablement dans le Big Four. Petite revue des faiblesses ligne par ligne.
Une défense tragi-comique
Disons-le clairement : Apoula Edel n’aurait pas fait tâche dans les bois de Tottenham. Pas scandaleux jusqu’au mois de mars, Heurelho Gomes a depuis multiplié les apparitions au Zapping. Deux cagades monumentales face à Cristiano Ronaldo en quart de finale de Champions League, une autre sur un tir pas surpuissant de Frank Lampard avant que le portier brésilien n’improvise un numéro de jonglage avec patate chaude face à Blackpool pour mieux provoquer un penalty risible. Avec un gardien pareil, pas besoin d’adversaire. Mais tout mettre sur les gants de vaisselle de Gomes serait réducteur. Si à gauche, Benoît Assou-Ekotto a plutôt fait le boulot, ses pendants à droite, Corluka et Hutton, ont clairement affiché des limites alors que la défense centrale n’a pas toujours apporté tous les gages malgré le retour en forme de William Gallas. King est en cristal, Kaboul n’a pas encore aligné une saison pleine et Dawson reste un bon défenseur de Premier League… mais seulement de Premier League. Et franchement, sans une défense digne de ce nom, même avec tout le talent du monde devant, inutile de songer aux premières places.
Au milieu, qui est le patron ?
Redknapp a fait une jolie trouvaille depuis l’an dernier : installer le subtil Modric dans un rôle de relayeur. Mobile, endurant, inspiré et clairvoyant, le petit Croate nécessite aussi un bon gros six pour compenser son manque de puissance à la récupération, une faille qui a souvent offert en pâture aux attaques adverses une défense londonienne déjà bancale, on l’a vu. Car ni Palacios (trop indiscipliné), ni Huddlestone (trop gros, disons les choses clairement) ni Sandro (trop inexpérimenté) n’ont assuré le back up. C’est à la fois le charme d’un milieu axial à deux qui offre plus de volume offensif à l’attaque et la limite d’un système où sans une essoreuse de très haut niveau, l’équipe prend le bouillon. En clair, il s’agit de dégoter un super récupérateur doté d’une forte personnalité histoire de remobiliser tout le monde par gros temps. Une sorte de Roy Keane, de Vieira ou de Makelele. Piste possible ? Un bon Lassana Diarra de derrière les fagots a le profil du candidat idéal. Sans cesse sur la brèche au Real, le Français est usé par sa situation et à Londres, il retrouverait Dirty Harry qui l’avait relancé à Portsmouth.
Devant, il faut un tueur
C’est un drôle de paradoxe. Tottenham est profilé comme une machine à attaquer à toute blinde, mais sans posséder le finisseur ultime dans la surface. Crouch ? Quatre buts. Pavlyuchenko ? Huit. Defoe ? Quatre. Pas sérieux tout ça. Alors bien sûr, Rafael Van der Vaart a tout fracassé notamment lors du premier semestre (huit pions inscrits lors de phase aller du Championnat sur ses douze plantés au total) mais le Néerlandais n’est pas un buteur de profession, davantage un créateur, et ne possède ni la fiabilité ni la solidité pour assurer un pécule régulier. Alors bien sûr, bis, l’attaque londonienne est aussi animée par les deux trublions Bale et Lennon qui ambiancent les côtés. Mais les deux jeunots sont aussi extraordinaires que fragiles. Et, il faut bien le dire, si leur présence dessine un schéma type, elle implique, revers de la médaille, un certain systématisme aux confins du stéréotype. Et face à des machines tactiques comme Manchester United, Chelsea ou le Real Madrid, ladite animation est bien trop lisible pour passer à chaque coup. Oui, si dans le secteur défensif les besoins sont réels mais « facilement » identifiables, Redknapp peut se préparer à un sacré casse-tête pour résoudre cette double équation en attaque entre efficacité et variété. Le dernier pas à franchir pour matcher régulièrement avec les meilleurs. Mais quel pas.
Dave Appadoo
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