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Que faut-il craindre de cette équipe d’Irlande ?

Par Nicolas Jucha, à Lille
4 minutes
Que faut-il craindre de cette équipe d’Irlande ?

Si elle veut s'offrir une place dans le top 8 européen, la France devra passer sur le corps de l'Irlande. A priori jouable, mais loin d'être gagné d'avance. Tour d'horizon de ce qu'il faut craindre de la Green Army.

→ Ses supporters

Ce n’est pas une nouveauté, la Green Army compte parmi ce qui se fait de mieux à l’échelle européenne et mondiale. Contre l’Italie, même si la Squadra Azzurra n’avait plus d’enjeu, elle a fait du stade Pierre-Mauroy sa chose. Et c’est dans une enceinte acquise à sa cause – pour reprendre les termes d’Antonio Conte en conférence de presse après Italie-Irlande – que l’équipe de Martin O’Neill est allée arracher sa qualification. Le public français présent à Lyon va devoir être très costaud pour que ce huitième de finale ne se transforme pas en match à l’extérieur.

→ Son intensité physique

L’équipe d’Irlande n’a pas les plus grands techniciens du continent et inutile de s’attendre à un milieu de terrain qui met le pied sur le ballon et fait courir l’équipe de France. À l’image de ce qu’elle a produit contre l’Italie, la bande à Shane Long va s’appuyer sur ce qu’elle fait de mieux : l’intensité, l’effort et une pression constante sur le bloc adverse. « Ils ont joué beaucoup de seconds ballons, ils ont mis beaucoup d’engagement, d’ardeur et d’envie » , estimait Conte après le troisième match de poules. Même s’il admettait aussi que l’état déplorable de la pelouse avait sûrement aidé le jeu irlandais. La charnière Koscielny-Rami devra répondre présente dans l’impact physique, et aura besoin de latéraux au top pour éviter que les centres dans la boîte ne se multiplient. Et attention donc aux coups de pied arrêtés, sur lesquels les Irlandais auraient pu marquer contre l’Italie sans une grosse parade de Salvatore Sirigu.

→ Son mental à toute épreuve

Wes Hoolahan a manqué la balle de match à la 82e. Deux minutes plus tard, il déposait un amour de ballon sur la tête de Robbie Brady pour forcer le destin de son équipe. Une marque de caractère qui transpire dans tout le onze vert comme l’expliquait le buteur après la rencontre. « On a vu notre esprit d’équipe, le sens du sacrifice, et puis on a eu un brin de réussite. » Une chance que l’Irlande est allée chercher, car elle a la bonne habitude de ne jamais rien lâcher et de jouer à fond jusqu’à la fin. Ce qui augure une rencontre intense et étouffante en huitièmes.

→ Les individualités

Dans un collectif sans stars, les joueurs irlandais ont quand même quelques arguments. Face à l’Italie, James McClean s’est ainsi offert quelques coups d’éclat et aurait pu obtenir un penalty. Devant, Shane Long reste la plus grosse individualité, et vu qu’il n’a pas encore été décisif, on peut craindre qu’il ne choisisse son heure contre les Bleus. Mais surtout, Martin O’Neill peut compter sur un banc prêt à répondre présent. Contre l’Italie, il a ainsi sorti les vétérans John O’Shea et Robbie Keane, car il estimait avoir besoin de joueurs plus jeunes afin d’imposer une domination physique à l’Italie. Mais l’expérience des deux hommes, et leur aptitude à s’asseoir sur le banc sans broncher, montrent que les Verts auront plus d’une carte dans leur manche pour l’opposition au Stade des Lumières.

→ L’humour de Shane Long

En conférence de presse, Martin O’Neill a eu un trait d’esprit à l’intention de Marco Tardelli, coupable d’avoir qualifié son Irlande d’équipe de cœur, mais sans cerveau. L’humour du coach irlandais est aussi une marque de fabrique nationale. En première période contre la Nazionale, Shane Long s’est ainsi moqué de Salvatore Sirigu, car ce dernier se plaignait après un contact aérien un peu rude. On ne saura jamais si le joueur de Southampton a utilisé le mot « guez » pendant qu’il imitait l’Italien en train de se plaindre, mais au ralenti, la situation était amusante. Manque de bol, l’arbitre avait moins d’humour et a « booké » les deux joueurs alors qu’au vu de sa réaction, seul Sirigu méritait une sanction. Des hommes qui peuvent blaguer alors qu’ils sont au bord du précipice, ce sont des hommes de valeur.

→ L’Irlande nous connaît mieux

La plupart des 23 Français évoluent dans les plus grands clubs du continent et sont ultra-médiatisés. Autant dire que l’équipe d’Irlande sait déjà à quoi s’attendre avant même de se pencher sur les trois prestations des Bleus en poules. Alors que côté irlandais, c’est finalement assez compliqué d’évaluer les forces et faiblesses dès lors qu’on a étudié le onze de départ de Martin O’Neill. Ce qui signifie aussi que les valeurs individuelles des deux effectifs sont déséquilibrées à l’avantage des Bleus. Mais le célèbre stratège chinois Sun Zi l’évoque très clairement dans son traité L’art de la guerre : pour remporter une bataille, il vaut mieux connaître son adversaire que l’inverse.

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