- Ligue des champions
Quatre groupes de huit en C1, une bonne idée ?
Dans des propos confiés au Guardian, Andrea Agnelli a dit envisager une Ligue des champions avec 14 matchs de poules. Une idée qui signifierait moins de matchs de championnats nationaux et une banalisation des rencontres européennes. Une idée de génie ou une idée à la con ?
Dans le cadre d’une interview au Guardian il y a une semaine, Andrea Agnelli a redonné vie au serpent de mer d’une Super Ligue européenne. Ou tout du moins, a jeté les bases d’une étape intermédiaire en suggérant de passer d’une Ligue des champions à huit groupes de quatre à une Ligue des champions à quatre groupes de huit. Une manipulation des chiffres qui ferait de la phase de poules de C1 un réel mini-championnat avec 14 matchs minimum pour les participants aux groupes. Parce que, selon le président 4e génération de la Juventus, « que nous soyons Manchester United, Real Madrid, Juventus, Legia Varsovie, Sporting Portugal ou Anderlecht, nous voulons tous plus d’exposition internationale, pour développer nos marques. Aujourd’hui, tout est question de l’exposition de la marque. » Et si c’est lui qui le dit…
14 matchs de poules en 2024 pour la Ligue des champions ?
Cette logique économique ne serait pas sans conséquence : « Ce que l’on veut à l’ECA, c’est plus de matchs internationaux et moins de matchs domestiques. » Une évolution qui irait dans le sens de la volonté de Gianni Infantino, patron de la FIFA, de calquer le championnat du monde des clubs sur un format toujours plus proche de la Coupe du monde. Et donc de multiplier les matchs internationaux tout en empiétant sur l’espace vital des Ligues nationales. Et faire par la même occasion du football un spectacle plus proche d’une partie de PES ou FIFA que d’une expérience au stade pour les supporters lambda.
Mais que les puristes des derbys se rassurent : l’idée d’Andrea Agnelli n’est encore qu’un projet, incapable de voir le jour avant l’échéance 2024. Un projet qui, sous ses allures revendiquées avant-gardiste, serait finalement une sorte de retour en arrière pour l’UEFA, qui, de la saison 1999-2000 – victoire du Real Madrid – à l’exercice 2002-2003 – victoire de l’AC Milan – avait fonctionné sur une double phase de poules générant 12 matchs de « championnat » . Une formule alors favorable aux « gros » et aux forces dominantes de chaque championnat.
Retour vers le passé
En clair, cette nouvelle formule serait prompte à favoriser les écarts et à consolider l’hégémonie de quelques places fortes établies. Depuis 2004, l’UEFA a rectifié le tir en instaurant une phase à élimination directe dès le top 16, histoire d’alléger le calendrier et de précipiter les matchs à élimination directe, véritable sel des compétitions européennes. Nul doute que les décideurs au sein des grandes instances européennes verront la vérité en face. Et peut-être estimeront-ils, comme de nombreux suiveurs du foot européen, qu’une phase de poules à 14 matchs serait le meilleur moyen de tuer l’intérêt (car moins de risques de surprises) et l’émotion d’une compétition qui engendre déjà suffisamment d’argent. N’est-ce pas, monsieur Agnelli ?
Par Nicolas Jucha