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Qu’as-tu fait de tes années, la génération dorée sochalienne ?

Par Martin Grimberghs et Raphael Gaftarnik
8 minutes
Qu’as-tu fait de tes années, la génération dorée sochalienne ?

En début de semaine, Pierre-Alain Frau, 33 ans, s'est engagé avec le FC Sochaux Montbéliard, près d'une décennie après son départ. Aux côtés de Matthieu, Pedretti ou Monsoreau, PAF aura brillé pendant près de deux saisons avant que chacun ne s'envole pour satisfaire à de nouvelles ambitions. Avec plus ou moins de succès.

Ils étaient beaux, jeunes et promis à un brillant avenir. Les nostalgiques se souviennent sans doute avec émotion de cette génération sochalienne élevée au biberon et pétrie de talent. Entre 2002 et 2004, les Doubistes se promènent sur les pelouses du championnat (deux fois 5e) avec succès avec leurs maillots criards sur le dos, avant d’aveugler les terrains européens. Un soir de novembre 2003, Oruma, Matthieu et consorts se permettent même de terrasser le Borussia Dortmund à Bonal (4-0) à l’issue d’un match de (stabilo) boss. Grâce à un savant mélange entre jeunes pousses et vieux briscards, Jean Fernandez puis Guy Lacombe portent le plus vieux club de l’élite vers les sommets. La Moustache se souvient : « On est restés invaincus à domicile pendant un long moment au point qu’à un moment, la question d’avant-match était: « On va gagner combien ce soir ? » » En 2004, c’est l’apogée. Sochaux remporte la Coupe de la Ligue, bien aidé par le délire panenkesque de Mickaël Landreau lors de la séance de tirs au but. À cette époque, Sochaux est sans doute le club qui pratique le plus beau jeu de l’Hexagone. Malheureusement, ce titre marquera la fin de la génération dorée. Les départs vers des écuries plus huppées se succèdent et la terre de Peugeot se retrouve bientôt délestée de ceux qui ont fait sa gloire pendant deux ans. Une déception qui n’aura d’égale que les carrières de ces espoirs éternels.

Benoit Pedretti : Le chef d’orchestre

« Benoit est un leader. En tout cas dans un environnement adéquat. » Guy Lacombe sait de quoi il parle pour l’avoir eu sous ses ordres pendant pendant deux saisons. Malgré une dentition incertaine et un physique de jeune premier, Benoit Pedretti se voit très rapidement confier les clefs du camion sochalien. Grâce à sa technique et sa vista, il en devient même le pilote : « Il est arrivé sur la pointe des pieds. Il a écouté, appris, et pris petit à petit une place importante dans l’équipe. Au point de devenir capitaine lors de la dernière année de Jean Fernandez. Il a beaucoup progressé en maturité au long de ces années à Sochaux. C’était un leader de terrain par son poste central dans le jeu. Il avait les épaules pour » , explique Mickaël Isabey. Pendant près de cinq saisons, Benoit régale le Doubs de ses passes millimétrées et de son sens du collectif. Alors forcement, le chef d’orchestre attire. L’OM et Lyon s’attacheront ses services sans ne jamais voir Benoit s’y imposer réellement. Trop gros, trop grand. Car ce qu’aime Pedretti, c’est évoluer au sein d’un famille, dans un climat plus convivial. Direction Auxerre (cinq saisons) donc, Lille puis Ajaccio cette année, des clubs où la pression se fait moins ressentir. Un gâchis sans doute comme le rappelle Mickaël Isabey : « Benoit a peut-être échoué à Marseille, mais il a réussi partout ailleurs. Il lui manquait sans doute un petit quelque chose pour durer chez les Bleus (22 sélections : ndlr). » Sans doute.

Sylvain Monsoreau : Le tranquille

Révélé par Jean Fernandez, c’est sous Guy Lacombe, lors de la saison 2002-2003, qu’explosera Sylvain. Son coach se souvient : « Fly était un excellent joueur, mais il ne le savait pas. On lui a révélé son potentiel. » Et de fait, avec Lacombe, Monsoreau devient indéboulonnable. Michaël Isabey, partenaire de défense, décrit la double facette Sylvain Monsoreau : « C’était un mec posé, une vraie force tranquille. Par contre, une fois sur le terrain, il avait faim, très faim. À l’époque, il n’avait peut-être pas encore la maturité pour s’imposer comme un réel leader en dehors du terrain. » Cela n’empêchera pas Monsoreau de s’envoler pour Lyon dès 2005. Pour Guy Lacombe, c’est peut-être ce premier choix de carrière qui a orienté la suite du parcours du jeune homme : « Je pense qu’à l’époque, il avait le choix du Werder Brême et il a choisi Lyon, ce n’était peut-être pas le meilleur choix pour lui. C’était un garçon qui avait besoin d’évoluer dans un environnement favorable. » La suite sera, en effet, beaucoup moins drôle pour Fly. Ne retrouvant jamais la forme de ses années sochaliennes, Monsoreau accumule les pépins et n’a plus jamais l’occasion d’évoluer à sa place de prédilection, dans l’axe de la défense. Un long chemin de croix donc qui le verra trop souvent côtoyer le banc ou l’infirmerie de clubs sans doute trop prestigieux comme Lyon, Monaco ou Saint-Étienne avant de finir dans la réserve troyenne. C’est sûr, ses plus belles années, Sylvain les a connues à son plus jeune âge.

Pierre-Alain Frau : Le finisseur

« Paf était le plus doué de la bande. Il a été remarqué très tôt. » Si la phrase de Mickaël Isabey peut étonner, il faut se souvenir du joueur qu’était Pierre-Alain Frau lors de ses débuts. Tranchant, efficace, hargneux : PAF s’impose pendant près de sept ans comme le buteur maison. « C’était un joueur très rapide avec un gros potentiel de percussion, se rappelle Guy Lacombe. Il combinait bien avec Pagis et Santos. » Entouré par ces joueurs d’expérience, Pierre-Alain enfile les buts (78 en 209 matchs) avant, comme ses compères de l’époque, de s’envoler vers une destination plus cotée. C’est le Lyon rugissant des années 2000 qui l’accueillera sans que PAF n’y fasse son trou. Paris et Lille essuieront les mêmes déceptions et accompagneront le retour de l’attaquant à un anonymat certain. En 2012, peu sont ceux qui s’émeuvent de le voir s’exiler contre un gros chèque du côté d’Al-Wakrah au Qatar. Mais les premières amours sont éternelles et Frau retrouve aujourd’hui ses terres, armé du poids des années : « C’était plus un leader sur le terrain que dans le vestiaire. Aujourd’hui, avec l’expérience accumulée, il a sans doute évolué. » Bon dernier, Sochaux en aura bien besoin.

Jeremy Mathieu : Le timide

Jeremy Mathieu, c’est d’abord un souvenir délicieux pour les inconditionnels de PES. Un latéral gauche véloce et puissant à évolution constante en Ligue des Masters. Dans la réalité, Matthieu est pareil, à un détail près selon Guy Lacombe : « C’était le plus gros potentiel du groupe mais c’était surtout un grand timide. Il part à Toulouse mais aurait pu rêver mieux. » Mickaël Isabey confirme en creux : « Il avait une volonté de grandir dans le foot. Il était timide mais avait beaucoup d’ambition et l’envie de voir autre chose. Peut-être qu’à un moment, il n’était pas prêt pour les grands clubs. » Ce potentiel énorme, Jeremy Mathieu le révélera finalement hors de l’Hexagone, en Espagne plus précisément. À Valence, l’arrière poursuit sa carrière avec succès, même s’il aurait pu espérer mieux. Trop introverti, Matthieu s’est privé d’une place de titulaire en équipe de France, qui lui a pourtant souvent tendu les bras. Un regret sans doute puisqu’à 30 ans, le rouquin a laissé passer sa chance.

Jaouad Zaïri : Le surdoué

« Jaouad, il pouvait dribbler huit joueurs dans une cabine téléphonique » , dit de lui Guy Lacombe. Zaïri était, en effet, un talent brut. Mais un talent, ça demande à être travaillé. C’est ce qui aura manqué à Jaouad pour faire une grande carrière. Trop doué pour accepter de s’infliger une charge de travail pourtant nécessaire au plus haut niveau, Zaïri ne parviendra jamais à s’imposer dans un club européen digne de sa technique. « Il fallait lui faire comprendre qu’il devait travailler pour l’équipe. Parfois ça marchait, parfois ça ne marchait pas. » On le sent, Guy Lacombe a dû passer quelques nuits blanches autour du cas Zaïri. Ces nuits passées les yeux mi-clos seront toutefois productives. Car plus jamais Zaïri ne s’imposera dans un club comme il l’a fait à Sochaux. 87 matchs et 5 buts en quatre saisons c’est peu, mais cela permet à Jaouad de devenir une star dans son pays natal. Lacombe poursuit : « C’était un charmant garçon, mais quand il revenait du Maroc, où c’était une star, c’était plus difficile. Si seulement, il avait compris les choses un peu plus vite, ce serait devenu un phénomène. » Jaouad ne le deviendra jamais. Non, lui préfère faire le tour des cabines téléphoniques du monde entier : Arabie Saoudite, Portugal, un retour éclair du côté de Nantes, avant de partir retrouver le soleil avec la Grèce, Chypre et même le Sultanat d’Oman aux dernières nouvelles. Ciao l’artiste.

Wilson Oruma : L’ambianceur

Wilson n’est pas un pur produit de la classe sochalienne, Wilson n’est pas non plus un gamin quand il débarque à Sochaux. Non, au contraire, Wilson Oruma a déjà pas mal bourlingué (Lens, Nancy, la Turquie, Nîmes et même un passage par la Suisse) au moment de poser ses valises dans le Doubs. Et ce n’est manifestement pas plus mal : « On l’a eu à la bonne période, il était physiquement au top » , détaille ainsi Guy Lacombe. Repéré, par Jean Fernandez, Oruma deviendra très vite la pierre angulaire du système de jeu prôné par Lacombe. Après un peu de travail, comme l’explique l’homme moustache : « Un jour, Wilson vient me voir, avec ses kilos en trop, et je le lui dis : « Sur tes capacités, c’est toi le premier que je mets sur ma feuille. » De fait, à son plus haut niveau, il était indispensable. Il l’a compris. Une semaine après, il avait perdu ses kilos superflus. C’était parti. » Oruma devient alors la coqueluche de ce Sochaux qui gagne. Michaël Isabey confirme : « Wilson, c’était un grand joueur. Il apportait sa puissance, son audace. En même temps, c’était aussi le pitre du vestiaire, le déconneur. Un coéquipier parfait en fait. » Des propos auxquels son entraîneur de l’époque ne peut qu’adhérer : « Wilson, c’est quelqu’un de rare. Tant sur le plan humain que sportif. Avoir autant de talent et être aussi bien intégré dans le groupe, ce n’est pas toujours facile. Le talent, c’est parfois dur à assumer. » Pas pour Wilson, qui s’en va exporter ce fameux talent sur la Canebière. À Marseille, Oruma fera son trou au cours de trois belles saisons avant de subir la concurrence. La suite de son parcours touristique peut alors prendre forme : un peu de Guingamp avant de finir pépère en Grèce. La carrière d’Oruma restera donc à l’image du personnage : quelques kilos en trop pour un réel talent.

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