- C1
- Finale
- Real Madrid-Liverpool (3-1)
Quand Zidane mène le Bale
Champion d’Europe pour la troisième fois de suite avec le Real Madrid et jamais éliminé de la Ligue des champions avec le costume d’entraîneur sur le dos, Zinédine Zidane s’est encore montré super inspiré dans tous ses choix. La preuve avec Gareth Bale, auteur d’une entrée fracassante et d’un doublé décisif.
Trois minutes. C’est le temps qu’il a fallu au cerveau de Gareth Bale pour imaginer le geste qu’il allait inventer et qui allait faire de son auteur le héros de la soirée. Ou alors, c’est seulement le temps qu’il a fallu au corps du Gallois pour se mettre dans la partie et s’adapter au rythme. Toujours est-il que celui qui est entré à l’heure de jeu a sorti un improbable retourné décisif trois minutes plus tard, faisant passer son équipe devant un Liverpool médusé, avant d’achever les Reds en tentant une frappe flottante qui a trompé Loris Karius, fautif sur le coup. Voilà qui fait 3-1 et une treizième Ligue des champions pour le Real Madrid.
Du coup, qui applaudir en premier, n’en déplaise à Cristiano Ronaldo, oublié en fin de partie ? Bale, bien sûr, dont le talent ne s’éteindra pas tant qu’il ne l’aura pas décidé. Le dernier Clásicol’avait encore rappelé : même placé sur le banc des remplaçants, le monsieur est capable de renverser un score en un coup de patte. Le gaucher ne dispose sans doute pas de la régularité hors norme du Portugais, mais il a au moins le mérite de ne pas faire de vagues publiques lorsque son nom n’est pas inscrit dans le onze titulaire. Et, surtout, de jouer le jeu à fond lorsque son entraîneur fait appel à lui.
Trois C1 en deux ans et demi, qui dit mieux ?
Son entraîneur, justement, parlons-en. Petit rappel statistique, d’abord : trois Ligue des champions disputées en tant que coach, trois coupes aux grandes oreilles brandies consécutivement (premier technicien à réaliser cet exploit), troisième homme à remporter trois C1 après Bob Paisley et Carlo Ancelotti. Pas la peine de revenir sur son importance lors de ce triplé, mais obligatoire de reconnaître son influence fondamentale lors de cette finale 2018. Lorsque le Français a fait entrer Bale, il restait encore de longues minutes à disputer, et son équipe dominait assez outrageusement, notamment en matière de possession de balle. Mais lorsque le Français a opté pour un 4-3-2-1 avec Isco derrière les deux attaquants au coup d’envoi, possible qu’il avait déjà prévu son coup, musclant son milieu de terrain, densifiant cette zone essentielle, anticipant une certaine fatigue des jambes anglaises dans le second acte et comptant sur la vitesse impressionnante de son joker de luxe pour mettre l’adversaire au supplice.
La marque ZZ
Lorsque le Français a – de nouveau – fait confiance à Karim Benzema aux côtés de Ronaldo malgré sa mauvaise saison relative en Liga, personne n’a osé moufter. Parce que désormais, les choix du double Z, très souvent gagnants, sont respectés. Étudiés. Redoutés. « Si les gens pensent qu’il n’a pas beaucoup de connaissances tactiques, cela signifie qu’ils pensent également ça de moi, auquel cas nous avons en finale de la Ligue des champions deux entraîneurs qui ne connaissent rien, avait prévenu Jürgen Klopp en conférence de presse.Malheureusement, Zidane est brillant, je le sais, et je dois m’attendre à ce qu’il le soit encore. J’ai beaucoup observé son équipe, et elle est capable de jouer un football fantastique. » Pas loupé.
? Ligue des champions? Klopp : « Zidane est brillant » pic.twitter.com/sMKLarUPvM
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 26 mai 2018
Enfin, on ne le dira peut-être jamais assez, mais cette équipe madrilène ressemble à son mentor dans sa façon de garder son calme quand elle se fait bouger, de conserver le contrôle quand elle se fait presser, de maintenir la maîtrise quand elle se fait bousculer, de faire preuve de patience quand le résultat n’est pas acté, de s’appuyer sur une concentration sans faille alors qu’elle a déjà tellement gagné. En réalité, Zidane ne dispose pas d’une bonne étoile, c’est tout simplement lui qui constitue l’étoile.
Par Florian Cadu