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- Real Madrid-Bayern Munich (2-2)
Quand Zidane était le chat noir des finales européennes
Qualifié pour la finale de C1, Zinédine Zidane va disputer sa troisième finale européenne de suite en tant que coach du Real Madrid. Il y a vingt ans, tout rond, il en faisait de même, pour des résultats radicalement différents. Au point de se coller une étiquette de chat noir.
En trois ans, Zinédine Zidane est entré dans l’histoire. Il disputera, le 26 mai prochain, sa troisième finale de Ligue des champions consécutive en tant que coach du Real Madrid. Avant lui, seuls deux entraîneurs avaient réalisé un tel exploit : Fabio Capello (1993, 1994, 1995) et Marcello Lippi (1996, 1997, 1998). Or, si les deux légendes italiennes n’ont chacun remporté qu’une seule de leurs trois finales, Zidane en a déjà gagné deux, ce qui lui confère un statut de véritable porte-bonheur en Ligue des champions. Pourtant, et c’est un sacré paradoxe, Zizou n’a pas toujours été verni en Europe. Pire : en 1998, il y a tout juste vingt ans, il perdait sa troisième finale de Coupe d’Europe en trois ans. Avec Marcello Lippi comme coach. Et face au Real Madrid. Destin, quand tu nous tiens.
Bayern et Dortmund, deux bourreaux
L’histoire de Zinédine Zidane sur la scène européenne commence lors de la saison 1995-1996, alors qu’il porte encore le maillot des Girondins de Bordeaux. Vainqueurs de la Coupe Intertoto pendant l’été 1995, les Bordelais accèdent ainsi aux 32es de finale de la Coupe UEFA. Derrière, c’est une véritable épopée. Avec ses futurs champions du monde Zidane, Dugarry et Lizarazu, Bordeaux élimine tour à tour Vardar, le Rotor Volgograd, le Betis Séville, l’AC Milan (avec un certain Fabio Capello sur le banc) et le Slavia Prague. En finale, c’est le Bayern Munich qui se dresse face aux Bordelais. Le match aller à Munich se dispute sans Zidane, suspendu à cause d’un jaune reçu en demi-finales. Bordeaux s’incline 2-0. Au retour, les Girondins espèrent réitérer le même exploit que face à Milan (0-2, 3-0), mais cette fois-ci, pas de magie malgré Zizou. Le Bayern, intraitable, s’impose 3-1 à Lescure, et Zidane perd sa première finale européenne.
Quelques semaines plus tard, le numéro 10 de l’équipe de France sèche ses larmes. Il signe à la Juventus, qui vient tout juste de remporter la Ligue des champions face à l’Ajax. La Juve est alors le meilleur club d’Europe, et le confirme en écrasant le PSG en Supercoupe UEFA (9-2 sur l’ensemble des deux matchs !). Et leur parcours lors de cette C1 1996-1997 est quasiment sans embûche : première de sa poule devant Manchester United, la Vieille Dame sort Rosenborg puis l’Ajax (avec un but de Zidane à l’aller) pour se hisser en finale. Un an après, Zidane doit à nouveau affronter une équipe allemande s’il veut soulever son premier trophée européen. Cette fois-ci, il s’agit du Borussia Dortmund, mais le score va être le même qu’à Lescure : 3-1 pour le BvB, et un nouveau rêve européen qui s’envole.
Le Real Madrid sur sa route
Au top de sa forme malgré cette nouvelle désillusion, Zinédine Zidane se voit bien tout gagner en 1998, à commencer par la Ligue des champions, trophée qui manque encore à son palmarès. Comme la saison précédente, la Juve sort de sa poule (deuxième derrière United), tape le Dynamo Kiev de Schevchenko en quarts, puis écarte l’AS Monaco en demies avec, à nouveau, un but du double Z. En finale, la Juve affronte le Real Madrid, qui n’a plus gagné la C1 depuis 32 ans. Les Turinois sont favoris, mais s’inclinent encore, 1-0, but de Mijatović. À 25 ans, Zinédine Zidane vient de perdre sa troisième finale de Coupe d’Europe consécutive. En France, certains médias lui confèrent alors le sympathique qualificatif de « chat noir » , en évoquant « la malédiction des finales » du Français de la Juve. C’était il y a vingt ans. C’était avant France 1998. C’était avant la volée contre Leverkusen. C’était une autre vie.
Par Éric Maggiori