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Quand Zidane et Simeone se disputaient déjà des titres
Retour en Italie pour les entraîneurs des finalistes de la Ligue des champions, un pays où ils se sont affrontés à plusieurs reprises et notamment lors de deux rencontres décisives pour l’attribution d’un Scudetto.
C’était la Serie A des sept sœurs, de ses chocs à tous les coins de rue, des grands formats tant attendus dans L’Équipe du dimanche. À cheval entre la fin des années 90 et le début des années 2000, de l’avis de tous, le championnat italien est le plus bandant au monde avec ses cadors remplis de stars et ses transferts records tous les étés. La fête était ici, Simeone et Zidane en étaient. Bon, le Cholo n’avait pas attendu et s’était déjà pointé en 1990 au sein du Pisa du président Romeo Anconetani et son incroyable flair pour découvrir des futurs grands. Deux saisons, un détour à Séville et à l’Atlético, puis un retour dans la Botte en 1997 lorsque Zizou œuvre avec la Juve depuis une saison. Bilan total, 6 affrontements, 3 victoires, 2 nuls et 1 défaite en faveur de l’Argentin, Zizou doit se refaire.
Match à six points et à 20 ans de polémiques
San Siro, c’est justement l’endroit où les deux gaillards se sont croisés pour la première fois de leur carrière. Saison 1997-1998, duel haletant entre deux équipes qui s’épuiseront également sur la scène européenne, la finale de Ligue dech’ pour les Bianconeri, la victoire en Coupe de l’UEFA pour les Nerazzurri. Au Giuseppe Meazza, l’Inter remporte le premier round, Simeone ratisse avec Cauet, et Djorkaeff inscrit le seul but de la rencontre. Le mano a mano se poursuit tout au long de la saison jusqu’à la 30e journée et le match retour. L’Inter est derrière à un petit point, le climat est bouillant, polémiques arbitrales et tout le toutim. Pourtant, dans un premier temps, le choc se dispute sans remous, Simeone est aligné sur l’aile gauche dans un 1-3-4-2 de Simoni vraiment à l’ancienne. Zidane, lui, est dans l’axe derrière le duo Inzaghi-Del Piero, c’est ce dernier qui ouvre le score, et la Vieille Dame contrôle.
Puis arrive cette fameuse 70e minute. C’est d’ailleurs le Cholo qui est à l’origine de l’action incriminée : d’une demi-volée, il lance Ronaldo au duel avec Torricelli, tête en arrière de ce dernier, Zamorano réceptionne, entre dans la surface et se fait stopper. Le Fenomeno à l’affût pousse le ballon. La balle passe, pas lui. L’arbitre n’intervient pas, contre-attaque bianconera, Davids pour Yazid côté gauche qui sert Del Piero, intervention à la Taribo de West : penalty ! La minute la plus célèbre de l’histoire de la Serie A. Plutôt que de participer à la chasse à l’homme après M. Ceccarini, Simeone se prend la tête entre les mains, il égalisera, mais son but est logiquement refusé pour une charge de Zamorano sur Peruzzi. Victoire 1-0 et la Juve qui s’envole vers le titre. La Gazzetta dello Sport attribue un 6 à chacun, la moyenne en Italie : « Il alterne des numéros de virtuose et d’incroyables erreurs de contrôles » pour Zizou ; « Bloqué dans ses percussions qui sont son point fort » pour Simeone. Zinédine 1- Diego 0.
Simeone encore décisif, Zidane encore décevant
Le Français porte toujours la casaque de la Juve, tandis que l’Argentin a émigré à la Lazio. Deux années sont passées, la Vecchia Signora est encore en tête et possède six longueurs d’avance sur le club romain à sept journées du terme du championnat. Zidane est toujours posté en 10, tandis que Simeone est revenu dans l’axe et s’occupe justement de son vis-à-vis. La rencontre est équilibrée jusqu’au tournant du match à la 65e minute, Ciro Ferrara stoppe irrégulièrement Inzaghi Jr et écope de son deuxième carton jaune. Lors de l’action suivante, Veron brosse un centre parfait pour Simeone qui réceptionne de la tête au point de penalty et bat Van der Sar pour le seul but de la soirée. Pas d’erreur d’arbitrage éclatante, mais un faux passeport italien pour la Brujita. Zidane, lui, s’illustrera seulement sur coup franc, comme trop souvent avec le maillot de la Juve, il brille par sa discrétion lors des matchs à enjeu, tout l’inverse de Diego Pablo, déjà buteur décisif lors d’un quart de Coupe d’Italie entre les deux adversaires quelques mois plus tôt.
Galvanisé, ce dernier se présente sous le kop visiteurs et indique le chiffre trois avec ses doigts, comme le nombre de points séparant désormais les deux équipes. Ça sent l’exploit, il y contribuera fortement avec quatre autres réalisations. Si les deux bonhommes ne se sont jamais affrontés en sélection, (aucun match entre la France et l’Argentine de 1986 à 2007), ils se retrouveront une dernière fois sur le terrain durant un derby madrilène, autrement dit encore séparés par un fort antagonisme. Nous sommes en 2004, cette fois, leurs clubs respectifs ne boxent pas dans la même catégorie, Simeone conserve ça dans un coin de sa tête et jure qu’il y remédiera. La promesse est maintenue. Le score étant d’un titre chacun, à San Siro samedi, l’un des deux aura l’occasion de prendre l’avantage sur l’autre. Un match dans le match. La belle parfaite.
Par Valentin Pauluzzi