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Quand San Isco se lève

Par Mathieu Rollinger
4 minutes
Quand San Isco se lève

Pour son premier tournoi majeur avec sa sélection, Isco a toutes les cartes en main pour s'imposer comme un élément moteur de la Roja. Sa prestation face au Portugal et sa relation particulière avec Fernando Hierro n'en sont que de jolis présages.

Isco n’avait plus le temps de s’encombrer avec des questions existentielles. Quand l’occasion se présente, comme un dégagement anodin de la défense portugaise après une infiltration de Jordi Alba, le Madrilène ne s’en posera aucune. Depuis le coin de la surface de réparation, c’est une frappe pure, lumineuse et limpide qui accrochera le bas de la transversale avant de s’écraser sur la ligne de but. La montre de l’arbitre n’a pas vibrée, mais ce mouvement est l’illustration que l’heure du meneur espagnol a sonné.

Face au voisin lusitanien, le numéro 22 de la Roja a étalé toutes ses qualités de purificateur de ballons. Toujours vers l’avant, souvent dans le bon tempo et rarement pris à défaut – finissant la partie avec un bilan de 94,7% de passes réussies. C’est d’ailleurs grâce à une de ses nombreuses fixations, sa recherche du décalage et son acharnement à contester tous les ballons passant dans sa zone, qu’Isco a contribué au but somptueux de Nacho, venant conclure une action collective de belle facture. Comme l’ensemble de la prestation d’Isco ce soir-là. Un allumage qui peut paraître tardif pour lui qui dispute cet été, à 26 ans et trois Ligue des champions dans l’armoire, son tout premier tournoi international majeur. Et dans un premier rôle, pour rétablir complètement la justice.

Le trait d’union entre Lopetegui et Hierro

Privé de Mondial 2014 et d’Euro 2016 à cause de l’immobilisme de Vicente del Bosque, l’Andalou avait accueilli avec soulagement la nomination de Julen Lopetegui, chargé de relancer un nouveau cycle. Forcément, voir le coach qu’il a d’abord connu durant quatre ans en sélection jeune, qui l’a amené au titre de champion d’Europe U21 en 2013 en Israël, était de bon augure. Une confiance qui lui a permis d’être installé durablement dans le onze de la Roja. Mieux, selon l’indice InStat, il est après David Silva le plus performant des joueurs utilisés par Lopetegui, auteur de huit buts en treize rencontres. À la suite de l’éviction du sélectionneur quelques heures avant la compétition russe, Isco a préféré aller de l’avant plutôt que de pleurer le départ de Lopetegui. « Ces événements doivent être laissés de côté, c’est quelque chose qui est arrivé, mais se lamenter ne nous aidera pas, a-t-il assuré face à la presse. Nous devons nous concentrer sur le football. » Car Isco dans cette histoire n’a pas forcément perdu au change.

S’il a été mis sur orbite par son futur coach à Madrid, Isco n’a rien à craindre de Fernando Hierro, tant celui-ci ne se risquera pas à le déboulonner du onze de départ. Un homme qui a déjà eu un rôle important dans sa carrière. Nommé manager général de Málaga en 2011, Hierro est celui qui a fait signer Isco chez les Boquerones, séduit par l’espoir évoluant alors à Valence et sur qui il avait un œil depuis 2007, au moment où il effectuait des repérages pour la Fédération espagnole. « C’est difficile pour moi de critiquer un garçon que je connais depuis qu’il a 15 ans, racontait-il au site Goal.com en octobre dernier. Je l’avais remarqué dans un match régional à la Rioja. On m’avait prévenu qu’il y avait un gars de Benalmádena qui jouait avec Valence avec un talent fou. En arrivant au stade, je l’ai cherché sur le terrain et au bout de dix minutes, j’ai compris de qui on parlait. »

Déjà au top des charts ?

Dans la même interview, Hierro insistait sur un point essentiel : « Isco doit jouer et se sentir important pour se sentir en confiance. Après ça, son talent fera le reste. » Après être resté dans l’ombre de la BBC au Real, Isco a su s’imposer comme un titulaire dans l’esprit de Zinédine Zidane. Et il compte bien suivre scrupuleusement le même plan en sélection : continuer d’apprendre au sein d’un des plus beaux milieux de la compétition, tout en montrant qu’il a les épaules pour en être un des joueurs majeurs. Aujourd’hui, la Roja semble prête à lui donner toute l’attention qu’il mérite, afin qu’il prenne progressivement le relais de David Silva et Andrés Iniesta. Chose qui sera plus simple en allant loin dans ce Mondial à leurs côtés. Mais avec de telles garanties, l’Espagne n’est pas près de perdre le rythme.


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