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Quand Ronaldo s’appelait Ronaldinho

Par Alexis Souhard
3 minutes
Quand Ronaldo s’appelait Ronaldinho

Il y a 22 ans, lors des Jeux olympiques d’Atlanta, Ronaldo le Fenomeno ne s'appelait pas encore Ronaldo. La faute à un autre Ronaldo, quant à lui défenseur de l’Atlético Mineiro. Sous les yeux du remplaçant Rivaldo, le Brésilien au sourire légendaire se faisait donc appeler... Ronaldinho.

Ce 21 juillet 1996, la fête olympique s’empare d’Atlanta. La Costaricaine Claudia Poll lâche en début de soirée un 200 mètres de rêve sur le bassin du Georgia Tech Aquatic Center pour s’octroyer la breloque dorée au nez et à la barbe de la demi-déesse sur la longueur Van Almsick. Les Français démarrent aussi en trombe. Plus tôt, Jeannie Longo ne boudait pas son plaisir à déglinguer la concurrence et s’offrir son premier titre olympique en cyclisme sur route à 38 piges.

Le Brésil, nation olympique en pleine éclosion, n’a quant à lui d’yeux que pour sa délégation footballistique annoncée d’or qui entre en piste à 18h30, à Miami. Curiosité, le paquetage de Mario Zagallo, parachuté à la tête de la joyeuse troupe, contient deux Ronaldo : l’un est défenseur et l’autre un Fenomeno en devenir. Le premier est couramment appelé Ronaldo. Le second, de deux ans son cadet, héritera alors du surnom de Ronaldinho.

Bague de fiançailles

Le onze concocté par Zagallo ne laisse place qu’à un seul Ronaldo face au Japon. Le petit prodige reste cul sur le banc et c’est le défenseur central de l’Atlético Mineiro qui démarre sur le flanc gauche du Giallorossi Aldair. Ronaldo Guiaro évolue depuis deux ans sous les couleurs noire et blanche du club phare de Belo Horizonte. Présent aux derniers jeux panaméricains, le natif de Piracicaba a vu sa saison contrariée par des bobos récalcitrants : « J’avais coincé ma bague de fiançailles sur le crochet de barre de but. J’ai été hospitalisé pour opérer ma main quand on m’a convoqué avant les JO. »

Guiaro, remis sur pied et la bague en moins, trime pourtant avec ses potes pour débloquer la situation face à des Japonais solidaires en défense. Le score reste vierge à la mi-temps. Pire, il assiste ce jour-là penaud à la sortie catastrophique de son gardien Dida sur une longue relance nippone. But d’Ito. Zagallo sort alors son arme fatale à la 64e minute de jeu. Pour l’heure, elle s’appelle Ronaldinho. Ronaldo Luis Nazário de Lima pour les intimes.

Blessure au genou

Eindhoven a usé de son joyau de 19 ans à temps plein ces deux dernières saisons. Une gène primaire au genou, qui en annonce d’autres, a malheureusement pourri la jolie dynamique du minot aux longues incisives. Il en résulte quatre mois d’absence et un retour d’affamé pour les JO. S’il n’arrive pas à débloquer son compteur lors de cette défaite inaugurale face au Japon, il éclabousse la compétition de son insouciance, de ses dribbles à foison et de son goût des filets froissés (cinq au total). Les prestations de Ronaldo Guiaro, son homonyme, pâtiront quant à elles d’un dispositif auriverde essentiellement porté sur l’attaque.

Le Brésil ne brille pas pour son travail défensif, dont la faiblesse sera résumée lors de l’incroyable bévue en demies (3-4) face au futur champion olympique nigérian. Guirao rejoindra l’Europe après cet été américain, direction Benfica. S’ensuivent cinq saisons durant lesquelles il baigne dans l’oubli. Son match pour le bronze sera en effet son dernier instant en jaune et bleu. Zagallo s’en prive volontiers, privilégiant dès l’année suivante – pour la Coupe des confédérations – un Júnior Baiano moins commode dans les duels aux côtés du vieux Aldair. L’histoire retiendra juste qu’il aura ôté l’espace d’un tournoi à l’un des plus grands joueurs de tous les temps son éternel surnom. Lequel dut emprunter le surnom d’un autre futur grand artiste encore inconnu du grand public.

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