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« Quand Ranieri veut travailler avec toi, tu ne peux pas refuser »

Propos recueillis par Maxime Brigand
6 minutes
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Pilier du sauvetage de l'Atalanta Bergame l'an passé, Yohan Benalouane s'est depuis expatrié en Angleterre, à Leicester. Un transfert accepté pour sauver « sa seconde famille » sur le plan financier, mais aussi pour découvrir une nouvelle culture à 28 ans. Entre Ranieri, cours d'anglais et patience.

Pour toi, le gamin de Bagnols-sur-Cèze, jouer en Angleterre était-il un rêve de gosse ?

Pas forcément étant tout petit. Mais dès que je suis arrivé dans le monde professionnel, que j’ai signé mon premier contrat pro avec Saint-Étienne, que j’ai pensé à la suite de ma carrière… Oui, c’est un championnat qui m’a toujours beaucoup attiré, je m’étais dit que j’aimerais bien faire un bout de chemin là-bas.

Lorsque tu as quitté Bergame il y a quelques mois, tu avais expliqué au Bergamo Post que tu n’avais pas eu ton mot à dire sur le transfert, que le contrat était déjà signé et que tu n’avais pas forcément envie de quitter l’Atalanta.

En aucun cas, je n’aurais pu refuser une telle offre sur le plan financier. C’est ce que j’ai voulu dire et c’est comme ça que s’est passé mon départ de Bergame. La somme proposée par Leicester était importante, et l’Atalanta en avait besoin. J’ai passé vraiment deux ans merveilleux là-bas. Accepter ce départ, cette somme (environ 8 millions d’euros, ndlr), c’était une forme de valorisation pour tout ce que m’avait apporté le club. Je voulais lui rendre ce qu’il m’avait apporté. Partir de Bergame a été très dur, c’était une seconde famille pour moi. J’ai toujours des potes là-bas, je regarde encore souvent les matchs de l’équipe.

Comment se sont passés les premiers contacts avec Leicester ?

Très simplement, dès que Ranieri est arrivé au club (le 13 juillet dernier, ndlr), il a expliqué aux dirigeants qu’il souhaitait me faire venir dans son équipe. Il me connaissait, m’avait vu jouer en Italie. Après, tout est allé très vite.

As-tu eu Ranieri au téléphone ?

Oui bien sûr, on s’est parlé au téléphone. Il m’a expliqué sa vision du projet Leicester, mais aussi tout ce qu’il comptait apporter au club. Selon lui, les qualités individuelles des joueurs présents offraient la possibilité de faire de belles choses. C’était un challenge intéressant, c’était une nouvelle chose pour moi.

Ranieri a sauvé Parme de la relégation en 2007. Tu es aussi passé par le club lors de ton passage en Italie entre 2012 et 2014, est-ce qu’on t’avait parlé de son travail ?

Quand quelqu’un comme Ranieri veut travailler avec toi, tu as forcément envie de travailler avec lui. C’est un entraîneur de la trempe de Mourinho, Wenger, l’opportunité était forcément très intéressante. Certains anciens partenaires de l’Atalanta avaient déjà bossé avec lui, donc ils m’en avaient parlé. Quand tu es joueur, tu sais que certaines personnes peuvent être bonnes pour ton développement dans la vie. Ranieri en fait partie.

Tu es arrivé en Angleterre cet été et pour le moment tu n’as pas beaucoup joué. Tu as fait tous les matchs de Coupe, mais tu n’es entré que quatre fois en Premier League. Comment tu as vécu ces premiers mois ?

Tout se passe très bien. L’équipe réalise de grandes choses, c’est le plus important. Sur le plan personnel, il faut accepter de grandir, de progresser, de patienter. Je sais qu’à un moment donné, on va faire appel à moi. Il va falloir que je sois prêt au bon moment. Je dois apprendre beaucoup. Je découvre une nouvelle langue, une nouvelle façon de jouer, une nouvelle culture… Ranieri croit en moi, donc je dois faire preuve de patience.

En mai dernier, tu nous expliquais que l’Italie t’avait appris à travailler la rigueur et la tactique à l’entraînement. Comment sont les séances en Angleterre ?

Dès que je suis arrivé en Italie, ça a été très difficile. Par rapport à la France, tout change complètement. Pareil entre l’Italie et l’Angleterre. Déjà la culture du football est différente. Les entraînements sont plus rythmés qu’ailleurs, les séances sont moins portées sur la tactique. Claudio Ranieri essaye de mêler ces deux cultures et c’est pour ça aussi que ça marche. Il laisse beaucoup de place au jeu, à la conservation du ballon en installant plusieurs phases sur le travail tactique, sur les déplacements. Cette dernière notion, c’est l’aspect premier en Italie. Ici, on se fait plus bousculer, il faut être plus fort physiquement. C’est plaisant, je découvre une nouvelle manière de jouer au foot.

Leicester encaisse encore cette saison beaucoup de buts (20 après 12 matchs). Il paraît que Claudio Ranieri offre même des pizzas lorsque l’équipe ne prend pas de buts…

Oui, c’est vrai qu’à chaque fois qu’on fait un clean sheet, il offre les pizzas. Il l’a fait il y a pas longtemps, c’était un moment très sympa. On prend beaucoup de buts cette saison, mais c’est la caractéristique du jeu anglais. On doit toujours attaquer, donc on se découvre souvent derrière. Pourtant, on a de très bons défenseurs. Ce qu’on réalise cette saison, c’est aussi grâce à notre base défensive. Je ne regarde que la victoire. La manière ne m’intéresse pas beaucoup. Nous, je pense qu’on produit du jeu, du spectacle et c’est ce que les gens veulent voir.

Vous avez aussi cette année un super duo Vardy-Mahrez qui représentent à eux deux plus de 70% des buts de l’équipe. Comment expliquer une telle dépendance ?

Avant de venir en Angleterre, je ne les connaissais pas personnellement. J’ai appris à les connaître. C’est vrai que leur ratio est impressionnant. Ils méritent tout ce qu’il leur arrive aujourd’hui parce qu’ils font passer le collectif avant tout. On en profite et c’est tant mieux. C’est pas pour rien que ces deux joueurs attirent les plus grands clubs, ils bossent beaucoup. Après, on est un ensemble avant tout. C’est là aussi qu’on voit la force d’un entraîneur comme Ranieri. L’entraîneur dans une carrière est un aspect important, pour un joueur c’est primordial.

On sait que tu étais très attaché à ta vie à l’italienne. Comment t’es-tu adapté à la culture anglaise ?

Ici, tout est beaucoup plus relax : la préparation du match, la vie, la bouffe. Tout est basé sur le jour du match, c’est là où tout monte d’un cran. Avant la rencontre, il y a la musique à fond dans le vestiaire. C’est vraiment différent de l’Italie, notamment autour de la nourriture. Mais bon, les gens le vivent bien.

Lors de ta première interview après ton transfert, tu expliquais galérer en anglais. Tu prends des cours ?

(Rires) Oui, je n’ai jamais revu les images de cette interview, mais je sais que c’était un désastre. Je prends des cours deux fois par semaine avec un prof particulier. Au-delà du foot, c’est un objectif de bien parler anglais. Je suis impatient d’être trilingue, c’est important pour pouvoir m’intégrer et pour l’avenir.
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