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  • 17 novembre 2006
  • Mort de Ferenc Puskás

Quand Puskás a fait vibrer Holly Park

Par Maxime Brigand
Quand Puskás a fait vibrer Holly Park

Au début du mois de mai 1967, Ferenc Puskás débarquait à Liverpool pour disputer un match de charité quelques mois avant de commencer sa carrière d’entraîneur. Au bout d’un échange de télégrammes, après une demande refusée pour faire venir Pelé et avant une tournée qui a écrit l’histoire d’un club amateur de la ville : le South Liverpool FC.

Une légende ne tient parfois qu’à un télégramme. Margaret Houghton le sait. Sans ça, son mois de mai 1967 aurait probablement eu une tournure différente. Elle aurait continué sa vie d’hôtesse de l’air sans histoire et aurait poursuivi ses envols en l’air quotidiens. Elle n’aurait, surtout, jamais pu s’offrir un verre de champagne aux côtés du député Cowley et sous le regard autoritaire du massif Billy Liddell. Le dernier nommé, lui, était déjà une légende depuis sa conquête du titre de champion d’Angleterre avec Liverpool en 1947, le cinquième de l’histoire des Reds. L’international écossais a également perdu une finale de FA Cup en 1950 face à Arsenal, mais peu importe, ce n’est pas pour lui que tout le monde est venu ce jour-là à l’aéroport de Liverpool. Celui que tout le monde veut voir est descendu avec les cheveux plaqués en arrière comme à son habitude et avait l’air « un peu plus grisonnant que l’homme qu’il était lorsqu’il a honoré ses quatre-vingt-quatre sélections internationales et a aidé le Real Madrid à monopoliser les titres en Europe » , selon le récit d’époque du Liverpool Echo.

Il s’est avancé dans sa lourde veste, a affiché un large sourire et a même posé un baiser sur la joue droite de Margaret Houghton. Face à lui, Brian Taylor peine à croire à la situation. Comment ce qui n’était au départ qu’un pari couillu a pu se terminer comme ça, sur un tamarc ? Pourtant, Ferenc Puskás est bien là. Oui, celui qui a été sept fois meilleur buteur sur une saison, en Hongrie et en Espagne, celui qui a porté une génération de romantiques jusqu’à une finale de Coupe du monde en 1954 face à l’Allemagne de l’Ouest (2-3) et celui qu’on préfère appeler le Major galopant. Puskás est le symbole de la Hongrie qui a réinventé le foot quelques années plus tôt, mais aussi la représentation parfaite de ce que peut être un attaquant pur. Jusqu’ici, selon la légende, le seul mot qu’il connaissait en anglais était « whisky » . Oui, Ferenc était aussi un homme d’excès, ce qui l’a finalement rendu humain au-delà d’un CV blindé comme le revers d’une veste de général soviétique. Et tout s’est arrêté en 1966. Enfin, pas totalement.

Du Roi au Major

Car en ce début mai 67, l’icône a donc débarqué à Liverpool au bout d’une opération folle enclenchée par Brian Taylor. Ce dernier est alors aux manettes de Bankfield House, un centre communautaire de Garston, un quartier du sud de Liverpool, fermé en 2007 et qui mettait alors en place des programmes au niveau local. Son idée à cette période est alors d’organiser un match de foot entre célébrités pour récolter des fonds, histoire de financer les activités du centre. Tout est prévu : la rencontre sera jouée à Holly Park, le stade du South Liverpool FC, le même qui avait accueilli en 1949 le premier match britannique joué sous des projecteurs, et Taylor a déjà réussi à convaincre des anciens joueurs comme Dave Hickson, Billy Bingham et donc Billy Liddell. Mais il veut frapper plus fort pour remplir le stade.

Alors, il prend la plume pour écrire au Santos FC. Son objectif est de ramener le Roi. La réponse du club brésilien est claire : « Cher M. Taylor, merci pour l’invitation de notre Edson Arantes do Nascimento pour votre match de charité. Malheureusement, nous avons besoin de lui pour notre prochain match. » Pelé ne viendra donc pas à Liverpool. Alors, Brian Taylor balance un télégramme au Real. On ne sait jamais, si Ferenc Puskás est dispo. Les jours passent et la réponse est laconique : « Tout ce que je veux, c’est que vous m’envoyiez un billet d’avion. » Taylor rejoindra alors la légende à Heathrow et fera avec lui le chemin jusqu’à Liverpool. Honneur est rendu à Puskás qui est nommé 500 000e client de l’aéroport de Liverpool. Le pré-retraité tient pourtant à rassurer son monde : « Je n’ai pas un programme d’entraînement spécifique. J’ai l’air de rester en forme plutôt facilement et je n’ai pas encore l’intention de prendre ma retraite. »

L’hôtel, l’interprète et la défaite

Les jours suivants ne seront qu’une longue série d’obligations médiatiques auxquelles Puskás répond avec la banane. Le Hongrois balance son sourire aux photographes, fait le tour de la ville et débarquera donc finalement sur le terrain. La nouvelle de sa présence a également fait la Une des journaux de Liverpool, et les tickets s’arrachent pour finalement rassembler 10 000 personnes le jour de la rencontre. « La nuit avant la rencontre, on l’a reçu à dîner à l’Adelphi Hotel. Un jeune de l’université était venu faire l’interprète » , racontait Taylor au Guardian il y a quelques années. L’ancien buteur du Real a ramené des cadeaux et veut surtout se faire plaisir. Finalement, selon le Liverpool Echo, Bankfield House finira la tournée avec une cagnotte de 1 100£, soit environ 15 000£ actuels.

Le 8 mai 1967 restera donc à jamais comme le jour où le XI mené par Billy Liddell a battu celui guidé par un Puskás auteur des trois buts de son équipe (5-3). Selon les récits de la rencontre, le quadragénaire claquera une belle copie et sera obligé de fuir face à la folie des demandes d’autographes. Le coup est beau pour Taylor, parfait pour son centre et son avenir, mais lui file aussi des idées plus grandes. Car dès l’année suivante, l’homme tente de faire venir Alfredo Di Stéfano. Une tentative qui commencera par un accord et ne pourra finalement pas se faire pour des raisons de calendrier. Puskás reverra finalement Brian Taylor une dernière fois à la fin des années 90. Holly Park existait encore. Avant de finalement être transformé en gare ferroviaire.

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