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  • Ligue 1 – 32e journée – Marseille/Ajaccio

Quand Petit Vélo redécouvre le gruppetto

Par Swann Borsellino
Quand Petit Vélo redécouvre le gruppetto

Ils sont rares en Ligue 1 et dans les grands championnats européens à pouvoir se dire fidèles. Si pour Mathieu Valbuena, la 9e saison à l’OM a la gueule de celle de trop, Petit Vélo n’en demeure pas moins un homme à respecter au sein de la maison phocéenne. Pointé du doigt pour son rendement médiocre, ce qu’il assume, le meneur de jeu de l’OM retrouve un monde des galères qu’il avait quitté depuis une petite décennie. Un monde qu’il a le mérite de connaître comme sa petite poche.

Ce jeudi 27 mars 2014, Mathieu Valbuena n’est pas attendu en conférence de presse du côté de la Commanderie. Pointé du doigt depuis plusieurs semaines pour ses prestations largement en deçà de sa moyenne habituelle, Petit Vélo est plutôt du genre à prendre ses responsabilités. Il raye alors le terme « point presse » de son vocabulaire pour faire une « mise au point presse » . « J’en prends pour mon grade, on dit que je suis nul, mais ce n’est pas un souci. Il suffit de regarder mes stats pour s’en rendre compte. À ce sujet, je n’ai rien à redire. J’accepte toutes les critiques en ce qui concerne mes performances. Mais pas sur l’état d’esprit. » Les stats de Mathieu Valbuena cette saison, c’est 2 buts et 5 passes décisives. Un bilan a des années-lumière de ce que le joueur proposait en 2011-2012, où il était impliqué sur 40% des buts phocéens (5 buts, 13 passes décisives) ou encore en 2012-2013 où 36% des pions marseillais (3 buts 12 passes décisives) venaient de ses petits pieds. Décisif sur seulement 18% des réalisations de l’OM cette saison, Valbuena est un homme en chute libre. Un homme à l’image de son équipe, en somme. Si l’OM est aujourd’hui embourbé dans une crise pénible, le fait de pointer Petit Vélo du doigt, c’est aussi manquer de respect à un ancien combattant. Au fond, cette saison « sans » est la première pour le meneur de jeu depuis 2006 et son arrivée de Libourne Saint-Seurin. Le premier échec réel d’un homme dont on n’attendait strictement rien et dont on voudrait aujourd’hui qu’il soit au chevet d’une équipe en phase terminale. Oui, Mathieu Valbuena est moins bon, est moins décisif qu’autrefois. Non, il ne sera pas la victime une nouvelle fois. « On veut trouver un bouc émissaire. C’est tombé sur moi. Mais je ne suis pas la bonne personne. »

Intersport, Lorik Cana et Musclor

Si Mathieu Valbuena sait aujourd’hui qu’il n’est pas la bonne personne, c’est en grande partie parce qu’il a été ce bouc émissaire pendant une grande partie de sa vie et pendant un moment de sa longue aventure marseillaise. Le gruppetto, Petit Vélo en a déjà fait partie. Sa roue arrière a même sérieusement flirté avec la voiture balai de la vie. Recalé à 18 ans du centre de formation des Girondins de Bordeaux, le natif de Bruges (Gironde) a vécu comme un nomade, d’essai en essai. Romorantin, Tours, Guingamp… La voiture familiale prend vite des airs de caravane du Tour de France. « On prenait la voiture, on partait de Bordeaux et on faisait la route avec mon père et ma mère. Autant dire que le retour était dur. Carlos, mon père, était toujours négatif » , se rappelait Petit Vélo dans le numéro 106 de So Foot. La Grande Boucle aurait pu se terminer à Biscarosse, en DH, où on lui proposait un contrat d’éducateur sportif, où en 3e division portugaise, à Acras. Crevaison oblige, Valbuena fait finalement un stop à Langon Castets, en CFA 2 et surtout à Intersport, au rayon chaussures et crampons de foot. Cinq ans plus tard, les crampons de Lorik Cana taquinent ses chevilles de nouvel arrivant à l’OM. Une adaptation compliquée et son dernier mauvais souvenir phocéen avant sa sortie médiatique du 27 mars 2014. « J’arrivais de nulle part, je jouais à fond. Je dribblais, ça agaçait les gars. Je n’étais pas prêt pour ce milieu-là à ce moment-là. Dans le vestiaire, c’était toujours des petites blagues, j’avais l’impression d’être la tête de Turc. » Voiture remplie de papiers journaux ou garée sur le parking de l’équipe réserve, chaussettes coupées ou Musclor dans le caleçon, Petit Vélo a eu le droit à la totale. Des épreuves difficiles, qui forgent le caractère d’un Mathieu dont la qualité principale aura toujours été la combativité. Logique donc, que la moutarde lui monte au nez au moment où c’est exactement ce que l’on pointe du doigt du côté de Marseille.

Bleu de chauffe vs Bleu flamboyant

« Ça fait 8 ans que je suis à l’Olympique de Marseille. J’ai toujours mouillé le maillot pour ce club, on ne peut pas remettre en cause mon investissement ou mon comportement. Ça, je ne peux pas l’accepter. » Désireux de tordre le cou aux rumeurs qui veulent qu’il soit isolé dans le vestiaire ou qu’il refuse de faire des passes à tel ou tel joueur, Mathieu Valbuena est donc monté au créneau. Et c’est logique. C’est un fait, ses statistiques personnelles sont beaucoup trop faibles pour un joueur majeur de l’équipe. Sa saison est une saison ratée et le crève-cœur est d’autant plus douloureux que Petit Vélo, qui dispute très certainement sa dernière saison à l’OM, mérite de sortir par la grande porte. Cependant, le pointer du doigt semble être osé. S’il est logique que lorsque la musique est fausse, le chef d’orchestre soit pointé du doigt, il n’y a pas besoin d’avoir étudié la musicologie pour comprendre que c’est l’opéra marseillais en lui-même qui est mauvais. Il suffit de regarder un match de l’équipe de France ou de l’OM champion de France pour comprendre que Mathieu Valbuena n’est pas un joueur qui fait des différences seul. Il sait éliminer, mais son meilleur dribble reste la passe astucieuse. Valbuena est un joueur dynamique, un facilitateur, un créatif. En somme, un rouage crucial au sein d’un collectif mais un joueur qui a besoin d’être entouré pour donner la pleine mesure de son jeu. Ça, Didier Deschamps le sait. La France le sait également. C’est pour cela qu’en dépit de sa mauvaise saison, Petit Vélo ira au Brésil avec son mot à dire. De toute façon, l’intéressé sait très bien ce qu’il inspire, sur le terrain comme en dehors : « Je sais que certains m’adorent et d’autres me détestent. » Ne pas laisser indifférent. Une force immense, même au sein du gruppetto.

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