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- 34e journée
Quand parle-t-on de « sprint final » ?
S'il ne fait aucun doute que Paris brandira une nouvelle fois le saint Graal dans une poignée de jours, tout reste encore à jouer pour l'attribution des places européennes. Raison de plus de ne pas foirer sa fin de parcours. À J-5, c'est le moment de lâcher ses dernières forces dans la bataille, quitte à y laisser sa peau. Mais au fait, quand démarres-tu vraiment, le sprint final ?
« À partir de maintenant, il s’agira de tout donner pour le sprint final » . De la bouche de combien de joueurs et entraîneurs cette punchline est-elle sortie ? Chaque saison, à un instant T, réapparaît cette vieille maxime dont les journalistes raffolent. À une période de l’année où les footeux tombent comme des mouches et que les championnats touchent à leur fin, le coup de feu retentit pour un certain nombre d’équipes. Qui sont-elles ? Pour quoi luttent-elles ? Et, surtout, depuis quand sont-elles engagées dans ce dernier virage ?
Steve Chainel, coureur AG2R depuis 2013, expose sa vision : « Dans les 200 derniers mètres, on s’est cassé le cul pendant toute la course et il faut gagner, sinon tout le travail est perdu. Dans le vélo, si on entame son sprint en trentième position, on est beaucoup trop loin. » À en juger les dires du cycliste, un bon sprint final ne serait que la résultante du travail fourni en amont. En d’autres termes : le sprint, ça ne s’improvise pas, ça se prépare. Mais doit-on pour autant passer une saison à anticiper son final ? Pour Mécha Baždarević, passé par les bancs de Istres et du FC Sochaux-Montbéliard, la réponse ne fait aucun doute : « Ça m’étonnerait que beaucoup d’entraîneurs pensent à la fin de saison. Il faut déjà viser la trêve et, après, établir une stratégie différente pour la phase finale. Mais je ne crois pas qu’on pense à s’économiser en commençant le championnat. » Dans tous les cas, la meilleure des solutions reste la constance : commencer fort et finir fort. Ou, encore mieux, s’appeler Paris Saint-Germain pour ne pas à avoir à disputer ce fameux finish.
Une question de feeling
Si les plus prévoyants se projettent dès septembre sur la fin de saison, la majeure partie du temps, le sprint arrive en même temps que les premiers bourgeons printaniers. Pour Mecha Baždarević, les choses sérieuses démarrent même à un moment bien précis : « Le sprint final, c’est quand il reste environ cinq, six journées. » Comme l’explique l’ancien milieu bosnien, le coup de départ varie énormément selon les équipes et les saisons. « Parfois, ce sprint est très très court, parfois il dure trois ou quatre journées, parfois il est un peu plus long car il y a beaucoup d’équipes concernées. » . Pour résumer, le sprint, c’est cas par cas que ça se décide, et le démarrage se fait plus à l’instinct – comme lors de cette folle ascension réalisée par Mécha lui-même en 2007-2008 avec le Grenoble Foot 38. En neuf journées de championnat, les Isérois engrangent 21 points tandis que Troyes, qui en comptait 12 d’avance, s’effondre et n’en prend que 4 sur les 27 possibles. Une question de feeling, mais également de mental. L’ancien lensois Mickaël Debève, qui a remporté le titre en 97/98 après une lutte sans merci avec Metz, précise : « Ceux qui veulent obtenir quelque chose, ça se joue vraiment dans les cinq ou six dernières journées. Ce n’est plus une question de tactique ou de technique, la saison est déjà bien engagée donc c’est vraiment l’aspect mental qui prend le dessus sur tout. » Si le dernier virage ne se négocie jamais exactement au même moment suivant les années et les effectifs, une constante peut néanmoins s’établir. Pour l’ensemble des acteurs, on peut véritablement commencer à parler de sprint final entre les cinq et dix dernières journées. Autrement dit pour les puristes du championnat, une fois que les coupes sont derrière et qu’il n’y a plus que les trois points à prendre, comme le veux l’expression consacrée.
Cinq journées avant que le rideau ne se referme sur une saison 2013/2014 où le suspens – pour certaines places – reste total, le sprint final pour le maintien et les places européennes est donc d’ores et déjà engagé. Si pour certains clubs comme Sochaux ou Valenciennes, la lutte a déjà démarré depuis quelques semaines, d’autres sont en passe de faire leur entrée dans le money time ; le tout étant de ne rien lâcher jusqu’au soir de la 38e journée. En gardant en mémoire la règle d’or de Mathieu Kassovitz : le plus important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.
Par Antoine Donnarieix et Morgan Henry