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Quand Monaco se frotte au Grand Ours
Du Spartak au Lokomotiv Moscou en passant par le Zénith, les clubs russes (ou de l'époque soviétique pour le Shakhtar et le Tchernomorets Odessa) réussissent globalement bien à l'AS Monaco. Retour sur ces confrontations européennes.
Shakhtar Donetsk, 1979-80
Les cheveux longs de Jean-Luc Ettori, Jean Petit, Rolland Courbis et les autres tombent sur le col pelle à tarte du maillot blanc et rouge en diagonale, barré par la marque Perrier. Cette saison-là, l’AS Monaco est en route pour remporter sa troisième Coupe de France. Qualifiés en Coupe UEFA, les Monégasques entament leur parcours européen à Donetsk. Le Shakhtar, qui évolue alors dans l’ombre (le club n’a jamais remporté le championnat sous l’ère soviétique) du grand Dynamo Kiev de Lobanovski, bouscule l’ASM. Sur coup franc, Mykhaylo Sokolovsky envoie un véritable missile téléguidé en pleine lucarne ! Les Soviétiques mènent 2-0, mais Jean Petit réduit l’écart en fin de match (2-1). À Louis-II, Delio Onnis et Christian Dalger assomment les visiteurs au retour des vestiaires (2-0). Ça passe pour Monaco qui s’arrêtera cependant à la station suivante devant le Lokomotiv Sofia.
Tchernomorets Odessa et Torpedo Moscou, 1990-91
Depuis la fin des seventies, l’AS Monaco n’a eu de cesse de participer à la Coupe d’Europe. Mais il a fallu attendre 1989-90 pour que le club atteigne pour la première fois le dernier carré (élimination en demi-finale de C2 contre la Sampdoria). En 1991-92, l’équipe entraînée par Arsène Wenger atteindra même la finale de la Coupe des coupes (défaite 2-0 contre le Werder Brême). Entre ces deux saisons, une victoire en Coupe de France et un parcours honorable en Coupe UEFA. Après avoir tordu les Néerlandais de Roda JC, les Monégasques éliminent le Tchernomorets Odessa d’une courte tête. Celle de George Weah qui inscrit le but de la qualification à Louis-II (0-0, 1-0). Mais au tour suivant, le club du Rocher s’incline deux fois 2-1 contre le Torpedo Moscou (un but de Franck Passi et de Ramón Díaz). Où quand Arsène Wenger goûte déjà au terminus huitièmes de finale.
Spartak Moscou, 1993-94
Mais qui va remplacer l’OM en Ligue des champions ? L’affaire VA-OM a éclaté, le club marseillais est interdit de Coupe d’Europe. En toute logique, le PSG, deuxième du championnat et vainqueur de la Coupe de France, doit remplacer le club marseillais. Mais comme l’explique Guy Roux au sortir d’une réunion extraordinaire, organisée à la LNF en septembre 1993, « il ne fallait pas froisser les chers abonnés d’une grande chaîne codée (Canal + est aussi l’actionnaire du PSG à l’époque, ndlr), et il ne fallait pas abîmer la carte électorale dans le sud de la France d’un futur candidat (Jacques Chirac, qui sera élu président deux ans plus tard, s’est positionné publiquement contre la participation du PSG à la C1, ndlr) à une grande élection. » C’est comme cela que l’AS Monaco, troisième du précédent exercice, devient le représentant du foot français en Ligue des champions. Et de belle manière ! Les Monégasques entament la phase de poules par un large succès contre le Spartak Moscou 4-1 (buts de Jürgen Klinsmann, Victor Ikpeba, Youri Djorkaeff et Lilian Thuram), le match nul 0-0 au retour assurant une qualification en demi-finale. L’aventure s’arrête finalement devant le grand Milan de Capello sur un foutu match sec à l’extérieur (3-0).
Lokomotiv Moscou, 2003-04
« Tout était fait pour que ça s’arrête là, finalement » , confiera plus tard Didier Deschamps. Avant la finale contre Porto. Avant la remontée à Stamford Bridge. Avant la victoire 3-1 contre les Blues à dix contre onze à Louis-II. Avant le 3-1 mémorable contre le Real Madrid. Tout était réuni pour une fin triste. Monaco, favori après avoir roulé sur la phase de poules, s’incline en Russie à l’aller (2-1). Giuly et Squillaci sont blessés. Dado Pršo rate un penalty au retour. Mais heureusement, le Croate se rattrape à l’heure de jeu ! 1-0, Monaco est en quarts. « Toute ma vie, je m’en serais voulu. Quand j’ai vu les filets trembler, c’était magique, j’avais la rage, lâchera le buteur. Mais même après le match, je n’avais pas conscience qu’on avait gagné tellement la déception était grande auparavant. » Giuly qui joue les intervieweurs avec Gaël Givet avant le tirage, Hugo Ibarra et sa chapka, les « y caille sa mère » de Pat’ Évra, le caviar à l’hôtel, le taxi russe qui ne sait pas où est le stade, Le Bon, la Brute et le Truand… Le Périple rouge était déjà mémorable !
Zénith Saint-Pétersbourg, 2014-15
Neuf ans après, l’ASM retrouve la Ligue des champions à l’automne 2014. Placé dans le chapeau 4, Monaco hérite d’un tirage équilibré : Benfica, Zénith Saint-Pétersbourg et Bayer Leverkusen. Et ce sont l’ASM et le Bayer, les deux clubs outsiders de par leur indice UEFA, qui sortiront de la poule. Si les premiers résultats de Leonardo Jardim sont catastrophiques en championnat, l’équipe trace sa route en Ligue des champions. Après une victoire contre Leverkusen, Monaco obtient un match nul tant bien que mal sur la pelouse du Zénith (0-0). Dominés à nouveau au retour, les hommes de Jardim se reprennent en seconde période et obtiennent une victoire 2-0 (buts d’Abdennour et de Fabinho) synonyme de qualification pour les huitièmes. Les prémices d’un exploit face à Arsenal.
Par Florian Lefèvre