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- Décès de Phil Masinga
Quand Masinga était le bourreau de l’Inter de Ronaldo
Phil Masinga est décédé ce dimanche 13 janvier. Retour sur une période où l'attaquant sud-africain, à l'époque où il évoluait à Bari, avait fait pleurer l'Inter de Ronaldo à trois reprises.
Il y a de cela quelques années, alors que sa maladie était déjà déclarée, Phil Masinga avait donné une interview à la radio sud-africaine Soccer Laduma Radio. Un entretien de près d’une demi-heure dans lequel l’ancien international des Bafana Bafana ouvre la boîte à souvenirs. Et se rappelle au bon souvenir de l’année 1998, « la plus belle de sa carrière » . De fait, en 1998, Phil Masinga, alors attaquant de Bari, en Serie A, participe à la Coupe du monde en France avec l’Afrique du Sud. C’est lui, grâce à un but décisif inscrit face au Congo, qui avait qualifié les Sud-Africains pour leur premier Mondial. Mais surtout, le 18 janvier 1998, Phil Masinga se retrouve sous les feux des projecteurs lors d’un match de Serie A. Un Inter-Bari qui n’avait, sur le papier, rien pour rester dans les annales.
Le hold-up parfait
On joue la 16e journée de Serie A 1997-1998. Le club de Bari, modeste douzième du championnat, rend visite au leader, l’Inter de Ronaldo. Depuis son arrivée à Milan à l’été 1997, le Brésilien marche sur l’eau. Il en est déjà à 9 buts en Serie A, tandis qu’à domicile, l’Inter est une machine parfaitement huilée : 7 matchs, 5 victoires, 2 nuls, 13 buts marqués, 6 encaissés. Alors, au moment de recevoir Bari, les Nerazzurri, qui comptent quatre longueurs d’avance sur la Juventus, ne se font pas vraiment de soucis. En début de rencontre, Ronaldo est constamment trouvé par ses coéquipiers. Mais le Brésilien manque de précision face au but, quand ce n’est pas le portier de Bari, Francesco Mancini, qui se dresse sur son chemin. 0-0 à la pause. « À deux reprises, on a laissé Ronaldo partir en contre. Il nous a graciés. Je me suis dit que c’était peut-être un signe, parce qu’en général, il nous aurait déjà fait mal » , expliquera le coach de Bari, Eugenio Fascetti, à la fin de la rencontre.
En deuxième mi-temps, les occasions continuent de pleuvoir pour l’Inter. Zanetti, Djorkaeff, Moriero, Simeone… Tous se heurtent à Mancini. Et à force d’attaquer et de vendanger, l’Inter se fait punir. À la 77e minute, Phil Masinga reprend de la tête un centre d’un tout jeune Zambrotta. Gianluca Pagliuca repousse, mais Masinga a suivi et vient finir le boulot, à la limite de la faute. 1-0 pour Bari, sur sa seule opportunité. Le hold-up parfait. Le dernier quart d’heure est un monologue de l’Inter, mais rien n’y fait. Pour la première fois de la saison, les Interisti s’inclinent à domicile, et voient la Juve, victorieuse à Bologne, revenir à un point. Le premier uppercut de Masinga à l’Inter.
Un but pour le maintien
Aussi improbable soit-il, l’histoire va se répéter quelques mois plus tard. À la 33e journée, l’Inter est toujours au coude-à-coude avec la Juventus pour le titre. Les Nerazzurri comptent désormais quatre points de retard au moment de se déplacer dans les Pouilles. Bari, lui, compte trois points d’avance sur la zone rouge. L’après-midi commence de la meilleure des façons pour l’Inter, puisque Ronaldo ouvre le score à la demi-heure. Dans le même temps, la Juve galère face à Bologne (menée 1-0, puis tenue en échec 2-2). Mais à la 80e minute, Pippo Inzaghi s’offre un triplé pour permettre à la Vieille Dame de reprendre les devants (3-2) et d’être virtuellement championne.
Peut-être informés de cette nouvelle, les joueurs de l’Inter vont totalement se relâcher en fin de rencontre. Après une énorme occasion ratée par Ronaldo, Bari égalise par Nicola Ventola. 1-1, le Scudetto s’éloigne encore un peu plus, et va carrément devenir un mirage à la 89e minute. Instant choisi pour Phil Masinga, encore, pour inscrire le but du 2-1 synonyme de maintien pour les Biancorossi. Son neuvième pion de la saison, le deuxième en deux matchs face à l’Inter. Lorsque l’on sait que l’Inter terminera finalement deuxième à cinq longueurs de la Juventus, on comprend a posteriori l’importance de ces deux buts du grand Philemon.
De Masinga à Cassano
Encore plus improbable soit-il, l’histoire va encore se répéter quelques mois plus tard. Le 1er novembre 1998, les deux équipes se retrouvent à San Siro. Le contexte n’est plus tout à fait le même. L’Inter vient de subir deux défaites consécutives face à la Lazio (3-5) et la Juve (1-0) et ne pointe qu’à la sixième place au moment de recevoir Bari, solidement installé à la treizième position. Les fantômes des matchs de la saison précédente resurgissent au moment où Zambrotta ouvre le score au retour des vestiaires. Ronaldo, assis sur le banc pour la première fois depuis son arrivée à l’Inter, bouillonne. Le Brésilien entre en jeu à la 58e, mais c’est encore Masinga qui va faire pleurer le Fenomeno. À un quart d’heure du terme, le Sud-Africain reprend de l’extérieur du droit un centre de De Ascentis. 0-2. Ronaldo réduit l’écart sur penalty, mais le dernier mot revient encore et toujours à Masinga. Son plat du pied permet à Bari de reprendre deux buts d’avance, et d’aligner un troisième succès de rang face à l’Inter.
Trois qui deviendront quatre au match retour, après le succès 1-0 des hommes de Fascetti sur un but, cette fois-ci, d’Osmanovski. Puis cinq la saison suivante, avec une victoire 2-1 marquée par le premier exploit au haut niveau d’Antonio Cassano. Une période magique dans l’histoire du club, auquel Phil Masinga aura grandement participé. Les supporters sauront lui rendre l’hommage qu’il mérite lors du prochain match à domicile, le 27 janvier prochain, face à Igea Virtus. En quatrième division…
@BafanaBafana legend Phil Masinga has passed on.MHSRIP pic.twitter.com/SCz0c9yxcQ
— Bafana Bafana (@BafanaBafana) 13 janvier 2019
Par Éric Maggiori