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Quand les p’tits Belges faisaient douter le grand Brésil

Par Émilien Hofman
Quand les p’tits Belges faisaient douter le grand Brésil

Le 17 juin 2002, le Brésil remporte probablement la rencontre la plus difficile de son Mondial. Face à des Belges pourtant loin d'être des foudres de guerre, les hommes de Scolari se qualifieront dans la douleur grâce au duo Rivaldo-Ronaldo, mais aussi un peu grâce à l'arbitre…

D’un côté, Geert De Vlieger, Jacky Peeters, Nico Van Kerckhoven ou encore Yves Vanderhaeghe. De l’autre, Cafu, Roberto Carlos, Ronaldhino, Rivaldo et bien sûr Ronaldo. Sur le papier, ce huitième de finale entre le premier du groupe C et le deuxième du groupe H est absolument déséquilibré. Et de part et d’autre, on prépare la rencontre de manière différente. Lors de l’interview d’avant-match, Roberto Carlos joue ainsi la carte de l’humour en déclarant avec ses grands yeux remplis d’ironie que la Belgique est probablement l’équipe la plus dangereuse du tournoi. De son côté, à la question de savoir si les Brésiliens lui font peur, Marc Wilmots balance à la RTBF un cinglant : « Non. Et s’il y en a un qui me regarde de haut, je vais commencer à me fâcher ! » Finalement, au vu de la rencontre, les deux intéressés auront en quelque sorte chacun eu un peu raison.

Le bonus belge

Après une entrée en matière quelque peu discutée par la Turquie (2-1), le Brésil s’est baladé en éclatant la Chine (4-0) et le Costa Rica (5-2). Les hommes de Scolari montent en puissance, tout comme leur buteur Ronaldo pourtant pas épargné par les blessures les mois précédents. Dans un groupe plus abordable, les Diables rouges galèrent quant à eux à se qualifier. À la 77e minute de leur dernière rencontre face à la Russie, avec un troisième match nul de suite en cours, les ouailles de Robert Waseige sont d’ailleurs virtuellement éliminées. « On était sur le qui-vive, assure le sélectionneur national. Sur le match, la Russie doit se qualifier, jamais nous. Mais nous savons que les Russes sont assez coutumiers de ces coups d’arrêts au moment le plus important des compétitions. » Wesley Sonck et Marc Wilmots en profitent donc : la Belgique prend la deuxième place derrière le Japon et rencontrera le quadruple champion du monde. « Qu’est-ce qu’on avait à perdre contre eux ? Le Brésil, c’était encore LE Brésil, à l’époque » reprend Waseige.

Pour le dernier entraînement avant la rencontre, les Brésiliens arrivent plus détendus que jamais avec derrière eux une foule de supporters venus assister à leur séance. De leur côté, les Belges n’ont pas non plus beaucoup de pression, leur Coupe du monde étant réussie depuis l’accession aux huitièmes de finale. « C’était du bonus, cette rencontre, témoigne Gaëtan Englebert, présent dans le noyau des Belges en 2002. Cela s’est d’ailleurs vu sur le match avec surtout une bonne première mi-temps. »

L’énervement brésilien

« Pendant les 15 premières minutes, on a encore eu cette admiration pour « Le grand Brésil » » , se souvient Waseige. Puis progressivement mes joueurs ont commencé à vraiment bien jouer, ils ont même bien existé offensivement, étonnement. » Dès la première minute, l’ailier Mbo Mpenza oblige ainsi Marcos à se détendre sur une tentative de lob du joueur de Galatasaray. Les Belges s’installent dans la rencontre et se montrent même séduisants, le Brésil n’en fera pas qu’une bouchée. « Ils se sont énervés sur le banc. Scolari a commencé à pousser des coups de gueule, savoure Waseige. C’était pareil avec Roberto Carlos : il râlait de se faire prendre dans son dos par Mbo Mpenza. Mais le Brésilien court de toute façon moins vite quand il doit revenir que lorsqu’il fait ses débordements… Il y avait plein de petits détails qui ont surpris et agacé les Brésiliens. » Vainqueurs faciles de leur groupe et favoris de la compétition, les Auriverde se voient peut-être beaucoup trop facilement en quarts de finale. Au point de prendre leurs adversaires de haut ? « Je ne pense pas, lance Englebert. Mais c’est une équipe sûre d’elle et qui joue toujours son jeu, donc ils ont peut-être été surpris du niveau et de l’envie de notre équipe. La Belgique était bien organisée et avait les moyens de leur poser quelques problèmes. »

La minute jamaïcaine

Puis vint cette fameuse 35e minute que n’oubliera jamais Waseige. « Je me souviens d’une occasion très classique : une déviation de la tête, une remontée puis un centre venu du côté droit. » À la lutte avec Roque Junior dans la surface, Marc Wilmots saute plus haut que son adversaire et dépose sa tête hors de portée de Marcos. « J’étais debout, et le juge de ligne était dans mon champ de vision, accélère Waseige. Le but tombe : délivrance, tu gueules, tu cries un bon coup, mais je vois directement l’arbitre assistant lever son drapeau… J’ai espéré une autre décision de l’arbitre, mais non : coup franc contre nous. On ne prête qu’aux riches. » Plus de 10 ans plus tard, l’arbitre jamaïcain Peter Prendergast se montrait toujours aussi sûr de lui au moment d’évoquer sa décision dans les colonnes de la Gazet van Aantwerpen. « Je prendrais la même décision aujourd’hui. (…) Une poussée est une poussée. Lors du débriefing après le match, les images de la caméra derrière le but m’ont donné raison » balance-t-il avant de reconnaître « qu’à ce moment-là dans le match, la Belgique était meilleure que le Brésil. »

À l’usure, le talent paie

Dans le stade, pas mal de sifflets, mais pas d’émeute. Les Belges tentent vainement de rouspéter auprès de l’homme en noir, tout en se doutant bien qu’il ne va de toute façon pas annuler un but en défaveur du grand Brésil. Sur le banc, Waseige est atterré. « Je n’étais pas déçu, j’étais blessé… C’est un peu le sentiment du chômeur qui se place à l’arrivée du Tour de France pour recevoir les petits cadeaux et qui se fait bousculer au moment où il s’apprête à en réceptionner un ! » Au lieu de pousser les Brésiliens dans le doute, les Belges commencent eux-mêmes à hésiter. Malgré quelques chaudes opportunités bien sauvées par Marcos, les Diables rouges traînent leur frustration et commencent à fatiguer sans trouver l’ouverture. Englebert : « Contrairement à nous, le Brésil pouvait compter comme d’habitude sur des fortes personnalités capables à tout moment de faire la différence. Ce jour-là, c’est Rivaldo et Ronaldo qui sont sortis de leur boîte. » En deuxième période, émoussés, les Belges se font ainsi avoir par le talent des Brésiliens qui doivent néanmoins presque attendre la 70e minute pour se rassurer. Mais ils sont passés par le chas de l’aiguille.

Après la rencontre, les futurs vainqueurs du tournoi sont bien loin de leur ironie d’avant-match et se montrent beaux joueurs. « Pour autant qu’on ait pu se faire comprendre, rigole Waseige. Parce que le portugais, en ce qui me concerne… Il y a eu quelques bribes, des poignées de mains franches et respectueuses. Mais la plus belle marque de respect est arrivée quelques semaines plus tard quand Scolari a sélectionné Marc Wilmots dans son équipe du reste du monde lors d’un match de gala. » Par la suite, si les Brésiliens profitent bien entendu de leur victoire – « leur car était juste à côté du nôtre et on les voyait faire des percussions, etc, ça devait bien rigoler » , se souvient Englebert – les Belges retournent chez eux la tête haute. « Après quatre semaines en Asie, certains joueurs étaient quand même bien contents de pouvoir retrouver madame à la maison, nuance Waseige. Mes joueurs sont rentrés au pays en étant sereins, fiers. En football, il y a des défaites qui te laissent une trace plus douce que certaines victoires, c’était le cas de celle face au Brésil. »

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Par Émilien Hofman

Tous propos recueillis par EH

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