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- Journée mondiale de sensibilistaion au passage à niveau
Quand les Chamois ont raté leur passage à niveau
Après une saison décevante, les joueurs de Niort devront se contenter une nouvelle fois de la Ligue 2, l'année prochaine. Sans oublier qu'il y a 27 ans, leurs aînés avaient offert au club sa seule et unique saison en première division. Mais, comme un train peut en cacher un autre, une promotion cache parfois une relégation immédiate.
À l’image du RC Lens cette saison, nombreuses sont les équipes qui ont été reléguées la saison suivant leur promotion dans l’élite. Parfois pour revenir, plus fortes, parfois définitivement. C’est le cas du Chamois Niortais Football Club, qui n’a disputé qu’une saison en première division, avant de retomber en deuxième, puis en troisième division. Aujourd’hui, le club enchaîne les saisons en Ligue 2, sans oublier la petite ligne ajoutée à son palmarès il y a 27 ans. Oui, les Chamois ont évolué en première division. Un souvenir mémorable, que ne sont pas près d’oublier les acteurs de cette formidable aventure sportive et humaine. D’autant qu’à l’époque, Niort avait de quoi nourrir des regrets, tant son début de saison avait été satisfaisant. Mais comme souvent dans le monde du football, rien n’est jamais acquis, et les dénouements les plus malheureux font parfois les plus belles histoires.
Une promotion surprise
Promus en deuxième division à l’issue de la saison 1984-1985, les Chamois réalisent une saison 1985-1986 satisfaisante pour un promu. Leurs quatorze victoires, neuf matchs nuls et onze défaites les laissent terminer la saison à une honorable cinquième place, toutefois insuffisante pour monter en première division. À l’orée de la saison 1986-1987, tous les espoirs sont donc permis pour le club des Deux-Sèvres. Et les espoirs se concrétisent rapidement en excellents résultats. Éric Boucher, alors défenseur, se souvient de cette saison exemplaire en deuxième division. « C’était une grande saison, à la fois sur le plan sportif et sur le plan humain. Nous avions fait une saison exemplaire avec des résultats assez étonnants » , raconte-t-il. Cette saison-là, les Chamois n’avaient laissé que très peu d’espoir à leurs adversaires. Avec seulement trois défaites, 48 buts marqués et quinze buts encaissés, Éric Boucher et ses coéquipiers s’étaient rapidement ouvert les portes de la première division en très grand.
« Nous étions assurés de monter en première division à cinq ou six journées de la fin. De mémoire, on jouait à Valenciennes (pour la 31e journée, ndlr) le samedi. La veille au soir, notre concurrent direct, Mulhouse, avait perdu ou avait fait un match nul, ce qui nous assurait la promotion dans l’élite » se souvient Éric Boucher, dont la mémoire est irréprochable. C’est bien à l’issue de la 31e journée, et ce malgré leur défaite à Valenciennes, que les joueurs de Niort sont assurés de rejoindre la première division. Une promotion surprise, qui vient récompenser une belle équipe de copains, à laquelle repense l’ancien défenseur avec nostalgie. « Humainement, c’était une année formidable. J’étais avec des joueurs qui n’étaient pas en début de carrière, qui étaient conscients de leurs qualités, mais aussi de leurs limites, des gens simples, qui ne se prenaient pas au sérieux. Nous étions très contents d’être ensemble. »
Des souvenirs et des regrets
Premier objectif pour les Chamois : transformer une équipe hétérogène en un onze compétitif pour rester le plus longtemps parmi l’élite. « On passait d’une équipe dans laquelle ne jouaient que treize ou quatorze professionnels, avec beaucoup d’amateurs, des jeunes, sans centre de formation, à une équipe qui devait jouer en division 1. On savait que l’effectif allait être étoffé avec des renforts professionnels » , se souvient Éric Boucher qui, lui, est resté pour aller affronter les grosses écuries de l’élite. L’équipe remodelée réalise une première partie de saison exemplaire, s’offrant même l’exploit de battre Monaco, futur champion, à l’extérieur, et de faire tomber Saint-Étienne, à domicile. « À titre personnel, je me souviens du match contre l’ASSE, parce que j’avais marqué mon premier but en première division et aussi parce qu’on avait gagné. Saint-Étienne à l’époque, c’était un nom ronflant quand même ! » , explique monsieur Boucher, aujourd’hui maire de la commune de Cantenac, en Gironde.
Mais l’illusion ne dure qu’un temps, et les Chamois finissent par dégringoler. Deuxième après la douzième journée, Niort enchaîne les mauvais résultats jusqu’à devoir jouer un match décisif sur la pelouse du RC Lens lors de la dernière journée. Battus sur le score de trois buts à un, les coéquipiers de Boucher sont contraints de disputer deux matchs de barrage face à Caen. Défaits au retour, les Chamois ont de quoi nourrir des regrets. « On perd un match contre Laval à domicile, ou encore contre Nantes… À Lens, c’était un peu logique, vous savez. C’était un beau club avec une belle ambiance, un stade bien plein. Après, on descend aux barrages, hein » , rappelle le défenseur, qui met un terme à sa carrière après ce match. « Des regrets, j’en ai, puisque je pense que nous avions largement le potentiel pour rester en première division. »
Depuis son bureau de maire, Éric Boucher garde un œil attentif sur les résultats des Chamois, mais pas que. « J’ai toujours tendance à regarder ce que font mes anciens collègues, ceux avec qui j’ai partagé de bons moments. On a chacun nos occupations, mais j’ai toujours plaisir à regarder le football. Je m’intéresse aux résultats de Bordeaux, bien évidemment, de Lyon, où j’ai passé trois années, et de Niort. Ce sont mes clubs de cœur. » Cherchez l’intrus.
Par Gabriel Cnudde