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- Celta Vigo-Real Madrid
Quand le Vigo de Luis Enrique punissait le Real
Enfin prêt à jouer ce match en retard, le Celta Vigo accueille un Real Madrid qui peut faire un grand pas vers le titre de champion d’Espagne. L’objectif ? Éviter une défaite qui rappellerait celle de la fin de saison 2013-2014.
La conférence de presse touche à sa fin. En quelques phrases travaillées, Luis Enrique en profite pour lâcher sa bombe après avoir atomisé Gijón à domicile. « Je dois être fidèle et juste envers mes propres pensées. Je renonce à un poste d’entraîneur pour la saison prochaine. La raison est claire : la façon dont je vis cette profession, avec une recherche permanente de solutions, de choix propres à améliorer l’équipe… Cela implique peu de temps de repos, de déconnexion. La fin de saison va arriver, je vais me reposer et cela va me faire du bien. »
Un énorme boum au sein du champion d’Espagne en titre, qui nage en plein doute à la suite de la correction reçue à Paris. Luis Enrique n’est pas encore le seul entraîneur au monde à avoir remonté un écart de quatre buts en Coupe d’Europe que le Barça doit déjà penser à son futur coach. Entraîneur au palmarès désormais fourni, Lucho est arrivé au sein du Barça sans aucun trophée dans l’escarcelle. Mais comment a-t-il donc fait pour en arriver là ? En réalité, l’Asturien possédait deux arguments de poids dans son CV : une connaissance de la philosophie blaugrana en tant que joueur puis entraîneur de l’équipe, et… un scalp du Real Madrid.
Les enfants de Lucho
Avant de devenir cet homme fatigué par tant de pression liée à son poste à fortes responsabilités, Luis Enrique était un technicien en devenir au sein du Barça B. L’occasion de faire connaissance avec les pépites comme Rafinha et Andréu Fontas, ou des joueurs plus âgés, mais pas moins talentueux comme Nolito. Deux ans plus tard, le président Carlos Mouriño voit en Luis Enrique le remplaçant parfait à Abel Resino après une saison terminée maintien en poche. Prophète en son pays, Lucho utilise déjà ses connexions en interne pour demander deux prêts pour Rafinha et Fontas, puis un rapatriement de Nolito, peu apprécié par Jorge Jesús au Benfica. Bonne pioche : après un premier quart de saison de rodage, les Celestes se mettent à pratiquer un football construit vers l’offensive, prémices de celui perçu à présent à Balaídos sous Toto Berizzo. Vigo assure de belles victoires contre le FC Séville à l’aller comme au retour, un succès à domicile contre Valence ou encore un autre au Madrigal de Villarreal. En pleine bourre, les Vigués sont dans une dynamique de trois victoires consécutives avant d’affronter le Real Madrid à domicile, pour l’avant-dernière journée de championnat.
En embuscade pour l’obtention d’une Liga recherchée depuis 2012, la Casa Blanca attend deux faux pas de l’Atlético de Madrid et du Barça pour rafler la mise dans le money time. Oui, mais avant ça, Carlo Ancelotti doit déjà trouver la clé afin de s’imposer contre le Celta Vigo… de Luis Enrique. Quand on connaît le passif de l’entraîneur avec le club merengue, nul doute qu’il sait comment motiver ses troupes avant de démarrer la rencontre, surtout ses jeunes éléments issus de la Masia. Dans un 4-3-3 concocté dans la pure tradition culé, Luis Enrique pose très vite les bases de son équipe prête à faire déjouer le Real avec une défense en béton et des ailiers supersoniques. Déjà focalisé sur sa finale de la Ligue des champions à venir face à l’Atlético, le Real subit les premières secousses de Rafinha. Sans CR7, sans Benzema, ni même Gareth Bale, sur le banc de touche, Carlo Ancelotti la joue relax pour cette rencontre et laisse commencer les seconds couteaux, Álvaro Morata et Isco Alarcón. Mauvaise idée.
Cavalier king Charles
Peu inspiré pour ouvrir le score, les jeunes Madrilènes voient même leur capitaine lâcher la barre du navire. Au contact à l’épaule avec Charles, Sergio Ramos se laisse tomber et pense obtenir une faute. Que nenni. Charles récupère la balle, dribble Diego López et fait chavirer tout le stade (43e). Virtuellement éliminés de la course au titre à la mi-temps, les Madrilènes décident de se mettre vraiment au boulot. Rien n’y fait : Sergio Álvarez est impeccable, que ce soit sur les tentatives de Morata ou Isco. Obligé de prendre des risques, Don Carlo fait entrer un nouveau joueur de couloir avec Fábio Coentrão et oblige Xabi Alonso à reculer en défense centrale. Sans le vouloir, Ancelotti vient là de signer l’arrêt de mort du Real, puisque le milieu de terrain basque manque sa passe en retrait vers Diego López. Le malin Charles en profite encore (2-0, 64e). En retard de six points sur l’Atlético de Madrid au coup de sifflet final, le Real tire un trait définitif sur ses ambitions de Liga. Déjà dans le sillage de Gerardo Martino, Luis Enrique peut quant à lui sourire, préparer ses bagages pour Barcelone et, qui sait, donner des idées à son prochain héritier. Ce serait sans nul doute la meilleure façon de boucler ce Luis Enriquismo au Barça.
Par Antoine Donnarieix