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Quand le mythe de la défense forte s’écroule

Par Alexandre Aflalo
Quand le mythe de la défense forte s’écroule

Durant toute la compétition, la défense française, du gardien aux latéraux en passant par les centraux, n’a dégagé qu’une impression : la fébrilité. Contre la Suisse, une fois de plus, elle encaisse trois buts après s’être liquéfiée en toute fin de match. Celle qui faisait en façade la force des champions du monde est aujourd'hui la première à être pointée du doigt. La fin du mythe de la défense forte, sur lequel Didier Deschamps a bâti son empire ?

Au début de la compétition, sur le papier, il ne manquait finalement qu’un joueur à cette défense qui était allée conquérir le titre suprême en Russie à la force de ses bras. Hugo Lloris, Benjamin Pavard, Raphaël Varane, Lucas Hernandez avaient prolongé l’aventure, ossature à laquelle il ne manquait que le brave Samuel Umtiti, remplacé séance tenante par le Parisien Presnel Kimpembe. Sur le papier, qu’est-ce qui pouvait mal tourner ? Les joueurs étaient les mêmes. Plus grands, plus beaux, plus forts, plus matures. La doublette Varane-Kimpembe avait tout pour reproduire le schéma du duo Varane-Umtiti, porté en héros au simple souvenir d’un France-Belgique en 2018 où il avait été le symbole de cette France qui défend. En match de préparation, les effectifs avaient montré solidité et solidarité, conservant leur cage inviolée sur deux matchs, tandis qu’Hugo Lloris célébrait son centenaire en tant que capitaine. Sur le papier, qu’est-ce qui pouvait mal tourner ? Sur le papier, rien. Mais le papier n’est pas le terrain. Sur le papier et dans les esprits, l’équipe de France est la meilleure équipe du monde, et sa défense une forteresse impénétrable. Sur le terrain, les Bleus sont déjà éliminés d’un Euro qui leur était promis après avoir pris 6 buts dans le buffet, dont 3 contre la seule équipe de Suisse. Et ce n’était même pas si imprévisible que ça, quand on y pense.

Pépins, blessures et papier froissé

Il n’y a pas grand-chose qui est allé dans le sens du « papier » pour la défense française durant cet Euro. Dès le match contre l’Allemagne, où elle a sauvé les meubles en souffrant, mais en étant immensément solidaire, elle a petit à petit commencé à se fissurer, autant mentalement que physiquement, exposant ses failles. En 2018, comme en 2016, peut-être que cette défense avait été sauvée par sa bonne étoile et par des grosses performances qui ont fait date. Impériale contre la Belgique (1-0), impénétrable contre l’Uruguay (2-0), elle avait quand même donné trois buts à l’Argentine (4-3) et deux à la Croatie (4-2) en Russie, et déjà deux à la Suisse en 2014 (5-2), et à l’Islande (5-2) à la maison en 2016. Ses matchs références, ses moments de souffrance maîtrisée et solidaire cachaient des carences qui ont malheureusement pris le dessus cet été.

Il faut dire qu’elle n’a pas beaucoup été aidée. Contrairement aux précédentes compétitions, Didier Deschamps n’a, cette fois, pas longtemps pu compter sur une back-line stable et au complet. Contre les Allemands, Benjamin Pavard prenait un Gosens lancé à pleine vitesse en pleine tempe, sans passer par le protocole commotion. Contre la Hongrie, il tenait encore sa place d’un fil, montrant déjà d’immenses manques dans le jeu – sur le but, notamment, mais pas seulement – qui ont encore une fois éclaté au grand jour ce mardi, contre la Suisse. Contre le Portugal, Didier Deschamps perdait coup sur coup un Hernandez déjà fragile et un Digne victime du sort, obligeant Rabiot à s’improviser arrière gauche, tandis que Koundé ne convainquait guère plus que Pavard pour son grand baptême du feu en Bleus dans un rôle bricolé. Le « papier » , qui promettait pourtant monts et merveilles à la France, était froissé. Et comme tout papier froissé, il est impossible à remettre parfaitement en état. Paul Pogba et N’Golo Kanté, habituels talismans des Bleus, n’ont pas suffi à réparer les pots que cette drôle de défense ont cassés les uns après les autres. Les trous d’air face à la Hongrie, les relances hasardeuses de Kimpembe, les deux penaltys concédés contre le Portugal étaient des alertes qui rappelaient que cette défense, capable du meilleur, l’était aussi du pire. La prestation collective désastreuse contre la Suisse est venue enfoncer une épée dans une plaie déjà béante et mettre un coup aux idées reçues.

Parenthèse refermée

Face à des Helvètes que nous étions habitués à regarder de haut, Deschamps a donc été obligé de bricoler, en tentant cette fois-ci de les regarder dans les yeux pour imiter leur organisation et les prendre à leur jeu. Contraint à tenter un système (le 3-5-2, tendance 5-2-3) qui lui faisait utiliser quasiment tous ses défenseurs disponibles, lui qui était parti sur les routes de l’Europe avec autant d’attaquants que de défenseurs et qui n’aurait jamais pensé qu’il le regretterait. Pavard en piston droit a pris l’eau de la première à la dernière minute, incapable de tenir le rythme face aux courses des joueurs filant comme à toute vitesse dans son dos et concédant un penalty qui aurait pu enterrer la France plus tôt. Presnel Kimpembe, malheureusement, a confirmé qu’il avait encore de la maturité à engranger et qu’il ne dégageait pas, malgré la solidité qu’il pouvait montrer, la force tranquille qu’avait su montrer Samuel Umtiti pendant le Mondial. Évidemment, la médiocrité du match de Clément Lenglet, coupable sur le premier but et sanctionné d’une sortie dès la mi-temps par Didier Deschamps, n’aura échappé à personne. Hugo Lloris a beau avoir arrêté un penalty de très belle façon, il a de nouveau montré que l’exercice était loin d’être son point fort lors de la séance de tirs au but. Adrien Rabiot, lui, a bien fait ce qu’il pouvait à un rôle où l’on n’aurait jamais imaginé le voir. Seul Raphaël Varane, en somme, a tenu son rôle. Difficilement.

À genoux, trahie par son arme qu’elle pensait la plus fiable, la plus discrète, mais potentiellement la plus puissante, celle qui avait pu lui permettre de retourner la Belgique et avait profité d’une attaque de feu pour ne pas passer sous le feu des critiques. Les Bleus ont manqué lors de cet Euro 2020 de ce qui a fait leur triomphe lors de la Coupe du monde 2018 : une unité, une solidarité dans les moments décisifs, et surtout ce quelque chose de mystique qui faisait que rien ne pouvait les toucher, même lorsqu’ils étaient aux abonnés absents. Cet été, la confiance dans laquelle nous avions drapée cette défense, peut-être de façon illusoire, s’est décousue petit à petit. On pensait après le match complètement fou entre l’Espagne et la Croatie cet après-midi que se faire remonter deux buts n’était possible que pour une pauvre charnière Pau Torres-Aymeric Laporte. Non. C’est aussi possible pour Raphaël Varane, Presnel Kimpembe, Adrien Rabiot, Benjamin Pavard et Hugo Lloris. La France embarquait dans cet Euro avec des certitudes, ou du moins une certaine confiance en ce que son génie offensif pourrait contrebalancer sa possible fébrilité défensive. Elle l’aura fait, ce soir, avec brio, jusqu’à la 81e minute et un pas de break-dance de Kimpembe sur un crochet de Gavranović. Puis cette drôle de défense, la France fragile derrière, s’est réveillée. Et elle a pris le dessus. La France arrivait avec des certitudes. Elle rentre à la maison avec les fesses rouges, des doutes et des chantiers à entreprendre. Le mythe sur lequel s’est construit la France de Deschamps, celui d’une solidité sans faille, s’est étiolé ce soir au point que les questions se bousculent et les critiques pleuvent. Ça ne nous avait pas manqué. La parenthèse aura été enchantée, mais elle n’aura pas duré longtemps.

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