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- Bayern Munich–Hertha Berlin
Quand le Hertha s’invite à la fête
Plutôt habitué ces derniers temps à lutter pour ne pas descendre, le Hertha Berlin joue depuis le début de la saison les trouble-fêtes dans la première partie du classement. Un revirement de situation dû notamment à son ancienne gloire Pál Dárdai, reconverti entraîneur, et à une politique de recrutement enfin maîtrisée.
Lorsqu’on parcourt la première partie du classement de la Bundesliga à quelques journées de la trêve, tout semble dans l’ordre. Le Bayern caracole en tête, le Borussia Dortmund et Wolfsburg tentent de suivre comme ils peuvent et Schalke squatte à la 7e place, loin de ses prétentions de début de saison. Mais au milieu de tout ce beau monde habitué aux premières places, on trouve un invité surprise : le Hertha BSC, qui squatte tranquillement la 4e place après 13 journées. En août dernier, rares étaient ceux qui auraient pu prédire un début de saison aussi bon pour le club de Berlin-Ouest, plutôt habitué à faire ascenseur ces dernières saisons qu’à squatter le haut du classement de la BuLi. Pourtant, cette belle forme qu’affiche celle qui est surnommée « die alte Dame » (aucun lien avec la Juventus) depuis maintenant quelques mois n’est en aucun cas le fruit du hasard. Depuis l’arrivée en février dernier de Pál Dárdai à sa tête, le Hertha va de mieux en mieux sur le terrain, mais aussi en dehors.
Pál Dárdai, le sauveur
Joueur le plus capé de l’histoire du club avec 286 matchs, Pál Dárdai a connu l’une des plus belles époques du Hertha, au tournant des années 2000. À cette époque-là, le BSC passe le plus clair de son temps dans la première partie du classement du championnat et se qualifie régulièrement pour les diverses coupes européennes – sans franc succès cependant. Même si aucun titre sérieux ne vient gonfler le palmarès (la Ligapokal, remportée en 2001 et 2002 est alors une compétition officieuse et sert plus de prélude à la saison qu’autre chose), le Hertha est alors un club qui compte. Il est donc assez logique que l’homme qui redonne en ce moment du baume au cœur aux supporters soit le même qui leur a donné tant de bonheur une décennie auparavant. D’abord intronisé comme coach intérimaire en février 2015, l’ancien international hongrois (déjà entraîneur des U15 du Hertha depuis 2013) n’était pas parti pour rester bien longtemps sur le banc de touche de son ancien club pour la bonne et simple raison qu’il entraînait déjà la sélection hongroise depuis quelques mois. En effet, depuis septembre 2014, Dárdai avait été appelé à la tête de l’équipe nationale, histoire d’assurer l’intérim jusqu’à la fin de l’année civile. Mais tout s’est tellement bien passé que la fédé magyare a décidé de prolonger son « intérim » , et ce, jusqu’en novembre 2015, soit un peu après la fin de la campagne qualificative pour l’Euro 2016. Mais après que le maintien a été assuré, les dirigeants du Hertha ont fait le choix de le prolonger. Et finalement, le 20 juillet 2015, Dárdai a fini par mettre la sélection de côté, pour se consacrer pleinement à son club de cœur.
Une décision qui a ravi tout l’Ouest de la capitale, enfin capable de s’identifier à une personne qui a marqué l’histoire du Hertha. Et à nouvelle saison, nouvelles résolutions : plutôt que de faire n’importe quoi et se retrouver en galère dès le début de l’exercice, le Hongrois et les dirigeants se mettent d’accord et choisissent de faire preuve de patience. Comme lors de la fin de la saison précédente, qui a permis d’assurer le maintien. Sur le terrain, cela se traduit par une volonté de laisser le ballon à l’adversaire. Les Herthaner subissent volontairement le jeu, car désormais, l’important, c’est de tenir défensivement. Et visiblement, ça fonctionne : depuis l’arrivée de Dárdai à la tête du club, la Vieille Dame n’a encaissé que 29 buts. C’est le total le plus faible sur la période – derrière celui du Bayern Munich, bien évidemment. Devant, c’est vaille que vaille, et le Hertha tente de la jouer en mode opportuniste. Ça marche pas mal cette saison, en témoigne la curieuse victoire de la semaine dernière face au TSG Hoffenheim. Un match gagné 1-0 suite à un but contre son camp d’Eugen Polanski. Une rencontre au cours de laquelle les Berlinois n’ont pas cadré une frappe du match. « Nous avons gagné avec un peu de chance » , déclarera le capitaine Fabian Lustenberger à l’issue du match. « Mais cette chance, nous avons appris à nous la créer à la sueur de nos fronts ces dernières semaines. » Au diable le beau jeu, et par ici les points.
Un recrutement cohérent et intelligent
Si Dárdai réussit pour le moment son pari, c’est aussi grâce au recrutement cohérent effectué l’été dernier. Cette saison, plutôt que de claquer des millions sur une vieille gloire ou en stars en devenir, les dirigeants et le staff ont misé sur des joueurs pas forcément connus, mais très réputés au sein du championnat allemand. Arrivé de Fribourg après la descente du club en 2. Bundesliga, Vladimír Darida – le joueur du championnat qui parcourt le plus de kilomètres par match, 13 bornes en moyenne la saison dernière – est venu gonfler le milieu de terrain de la Vieille Dame. Mitchell Weiser, qui avait montré de belles choses avec le Bayern en fin de saison, est lui arrivé pour seulement 4 millions d’euros et a déjà montré ce dont il était capable avec 4 passes décisives et 1 but en 11 sorties. De son côté, Vedad Ibišević apporte lui toute son expérience. Et c’est sans oublier l’éternel Salomon Kalou, certes déjà présent l’an passé, qui avec 7 buts en seulement 11 matchs de Bundesliga effectue pour le moment un beau début de saison malgré quelques pépins physiques venus gâcher sa préparation.
Une sérénité retrouvée
Cette saison, le Hertha a un gros coup à jouer sur à peu près tous les tableaux. Si une place qualificative pour la Ligue des champions semble difficilement concevable – Leverkusen, Gladbach et Schalke se trouvent tout près au classement et vont finir par se réveiller –, une qualification directe à la Ligue Europa paraît complètement jouable. Au prochain tour de Pokal, le club de la capitale sera confronté à un adversaire largement à sa portée, le 1. FC Nuremberg. La Coupe, dont pas mal de grosses écuries sont déjà éliminées, est d’ailleurs l’un des objectifs de la saison pour les Berlinois qui n’ont jamais soulevé le précieux trophée dont la finale se dispute pourtant chaque année dans leur Olympiastadion. Et puis, 2016 s’annonce déjà radieux. En janvier prochain, le Hertha pourra compter sur le retour de Julian Schieber. L’ancien attaquant du Borussia, souvent moqué pour son rendement anémique avec le club de la Ruhr, mais qui avait réalisé un exercice 2014/2015 correct malgré les blessures avec à son compteur 8 buts en 18 matchs joués. Son retour permettra à Dárdai de disposer d’une nouvelle option offensive, en cas de méforme de Kalou. Si rien n’est donc encore joué pour le Hertha, la Vieille Dame tout de même semble avoir toutes les cartes en main pour revenir au premier plan.
Par Sophie Serbini