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Quand le FC Metz alignait un duo d’attaquants nigérian-écossais
Saison 1987/1988 : le FC Metz inscrit 46 buts en championnat, termine à la huitième position et remporte la Coupe de France face à Sochaux. Une belle année rendue possible par un duo d'attaque aussi improbable que brillant. D'un côté, l'Écossais Eric Black, de l'autre le Nigérian Richard Owubokiri.
On l’oublie un peu trop souvent, mais le FC Metz, dans les années 1980, avait de sérieux arguments à faire valoir. Un palmarès, également : une Coupe de France en 1984, une autre en 1988, plusieurs campagnes européennes (notamment en Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe et en Coupe UEFA) ou encore une victoire mémorable le 3 octobre 1984 au Camp Nou (1-4) en seizième de finale retour de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Le FC Metz version 80’s, c’est aussi et surtout un duo d’attaque aussi complémentaire qu’atypique.
Un duo, deux parcours
D’un côté, Eric Black, attaquant écossais que l’histoire retient comme celui qui a ouvert le score pour Aberdeen, alors entraîné par Alex Ferguson, lors de la victoire du club écossais en Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe face au Real Madrid en 1983. Il a alors 19 ans et s’apprête à vivre trois saisons exceptionnelles, inscrivant 47 buts en 116 matchs et remportant une Supercoupe d’Europe, deux championnats et deux Coupes d’Écosse. Un bilan largement suffisant pour convaincre les dirigeants messins d’en faire le remplaçant de Jules Bocandé, parti au PSG durant l’été 1986.
De l’autre, Richard Owubokiri, attaquant dont le parcours se révèle en tout point singulier : né à Port-Hacourt au Nigeria, Richard, dit « Ricky » , se spécialise rapidement dans le volley-ball avant de développer de réelles capacités pour le ballon rond et de signer aux Sharks de Port-Hacourt en D2 nigérienne. On est alors en 1980 et Owubokiri termine la saison avec 23 réalisations. Ni une ni deux, le gars rejoint dans la foulée le ACB de Lagos en D1 et s’envole l’année suivante pour le championnat brésilien. Une réussite : après deux saisons à l’América de Rio, deux autres au Vitória de Bahia et un titre de meilleur buteur du championnat partagé avec Careca, l’attaquant est repéré par le FC Metz qui l’enrôle après une seule observation. Face au trop grand nombre de joueurs étrangers au sein de l’effectif – seuls deux joueurs pouvaient être alors alignés sur la feuille de match –, Richard Owubokiri est toutefois prêté une saison à Laval et ne rejoint l’effectif messin qu’en 1987.
Une saison, un titre et puis s’en va
Ensemble, les deux attaquants, auxquels il convient d’ajouter Carmelo Micciche, le troisième larron de la bande, vont mener le FC Metz à la huitième place du classement avec huit buts chacun. Certes, on a connu statistique plus folle, mais l’essentiel n’est pas là. Si le duo Eric Black-Richard Owubokiri a marqué l’histoire de Saint-Symphorien, c’est surtout pour son élégance et pour cette complicité qui permet au FC Metz d’ajouter une ligne supplémentaire à son palmarès. La scène se passe le 11 juin 1988, en Coupe de France. Le club lorrain, qui n’a rencontré jusqu’ici que des équipes issues de divisions inférieures, se présente en finale face à Sochaux, alors en D2. Une finale que le club remporte aux tirs au but suite à l’égalisation d’Eric Black à la 45e minute. Forcément.
La suite, hélas, est plus compliquée. Du moins pour Eric Black, qui enchaîne les blessures. Entre 1988 et 1991, il ne participe ainsi qu’à une trentaine de matchs et, finalement, décide de mettre un terme à sa carrière à 28 ans seulement. Sept ans plus tard, il reprend toutefois le chemin du terrain et multiplie les piges en tant qu’entraîneur adjoint à Motherwell, Coventry, Birmingham, Blackburn et, actuellement, Wigan. Richard Owubokiri, lui, s’en sort mieux. S’il ne reste finalement qu’un an au FC Metz, ne pouvant accepter la concurrence de Carmelo Micciche, il rejoint dans la foulée le championnat portugais où il connaît divers clubs et diverses fortunes : d’abord, l’échec avec Benfica, puis la gloire au Estrela Amadora et au Boavista – où il finit second Soulier d’or européen avec 30 buts en 34 matchs – avant de terminer sur deux fausses notes au Vitória et à Belenenses. De retour au Brésil, Richard Owubokiri y multiplie les projets – ici, une académie de football, là quelques postes d’entraîneurs adjoints – et s’est aujourd’hui fait un nom en tant qu’agent de joueurs. Une bien belle histoire qui, toutefois, ne dit pas si les joueurs ont fini par se recroiser.
Par Maxime Delcourt