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Quand le champion en titre se fait embrocher d’entrée
L'Allemagne n'est pas la première nation championne du monde à se faire taper pour son premier match comme tenant du titre. Mais, historiquement, cet échec n'augure souvent rien de bon pour la suite...
Brésil 1950 : l’Italie a pris la poussière
Douze ans, une éternité. Le temps durant lequel l’Italie aura endossé le costume de double tenante du titre du Mondial. Pas forcément dans le meilleur contexte pour savourer, avec une Seconde Guerre mondiale qui a laissé des traces sur la carte du football mondial. L’Italie a d’autant plus de mal à défendre son titre qu’elle est affaiblie par le drame aérien de Superga en 1949. Elle se retrouve amputée de dix internationaux évoluant au Torino. Après avoir rejoint le Brésil en bateau, elle doit se farcir la Suède, le champion olympique sortant. Défaite 3-2, d’ailleurs les buteurs suédois Hasse Jeppson et Sune Andersson poursuivront une partie de leur carrière dans le championnat italien. Dans un groupe à trois (l’Inde s’est retirée, car ses joueurs n’avaient pas le droit de jouer pieds nus), cette défaite s’avère insurmontable, dès lors que les Scandinaves s’assurent un nul pépouze contre le Paraguay. À peine arrivées, les Azzurri sont déjà repartis pour quelques semaines de bateau en direction de la Botte.
Espagne 1982 : l’Argentine trop courte
Championne du monde à la maison quatre ans plus tôt, l’Argentine lance son tournoi à Barcelone contre la Belgique. Les curieux venus observer la nouvelle recrue du Barça, Diego Maradona, en sont pour leurs frais. Le meneur de jeu de 21 ans passe à côté de son match, et l’Albiceleste perd 1-0, sur une réalisation signée Erwin Vandenbergh. Ça passe quand même pour l’Argentine après des victoires sur la Hongrie et le modeste Salvador, mais ça casse au second tour face à l’Italie et le Brésil. Tellement frustrant que Diego Maradona finit son Mondial avec un carton rouge après avoir foutu un énorme chassé dans le buffet du milieu défensif auriverde João Baptista.
Italie 1990 : l’Argentine à l’arrache
Le Mondial 1990 reste marqué par la sensation camerounaise, première équipe africaine à atteindre les quarts de finale d’un Mondial, emmené par le vétéran Roger Milla. Première victime de l’épopée : les champions du monde argentin, défaits 1-0 sur un but de François Omam-Biyik. L’Albiceleste ne brille pas, mais se redresse contre l’URSS (2-2) avant d’arracher le nul contre la Roumanie (1-1). Huit ans plus tard, l’Argentine serait rentrée à la maison, mais jusqu’en 1994, la Coupe du monde se joue à 24, et les meilleurs troisièmes sont repêchés. Maradona et ses potes enclenchent alors les succès étriqués contre le Brésil (1-1), la Yougoslavie et l’Italie (aux tirs au but), avant de chuter contre l’Allemagne de l’Ouest dans l’une des finales les plus indigestes de l’histoire du Mondial.
Japon/Corée du Sud 2002 : la France redescend de son nuage
Quelques semaines avant le Mondial, Frank Lebœuf admettait passer sous les échelles, pour mesurer à quel point la réussite des Bleus était immuable. Sauf qu’après avoir tout dévoré sur leur passage (Mondial 1998, Euro 2000, Coupe des confédérations 2001), les Bleus ne se doutent pas que le retour dans le rang est tout proche. Éreinté par une longue saison en club, Zinédine Zidane se pète en amical contre la Corée du Sud, un match joué davantage pour des considérations marketing que sportives. Mais le numéro 10 n’est pas le seul Français vidé : contre le Sénégal, les champions du monde prennent une leçon d’impact physique et d’humilité. David Trezeguet touche le poteau et quelques minutes plus tard, sur un râteau foiré de Youri Djorkaeff, les Lions récupèrent, contre-attaquent et ouvrent le score. Les hommes de Roger Lemerre ne marqueront pas un but du Mondial asiatique et termineront bons derniers de leur groupe.
Brésil 2014 : l’Espagne prend une claque
En débarquant au Brésil, la Roja reste sur un titre de champion du monde et deux sacres à l’Euro. En clubs, le Real Madrid vient de claquer sa Décima, et la co-suprématie partagée avec le Barça sur la scène européenne est toujours de mise. Plus dure sera la chute pour le football espagnol… Une manita 5-1 par les Pays-Bas en ouverture du Mondial ! Ce qui devait être l’apothéose de Vicente del Bosque, ayant enfin trouvé un avant-centre avec Diego Costa, se transforme en film d’horreur. Après le carnage orange, c’est le Chili qui se charge de la mise à mort, dans le deuxième match. Malgré un baroud d’honneur 3-0 sur la pauvre Australie pour son dernier match, l’Espagne repart du Brésil la queue entre les jambes. Une fin de règne confirmée deux ans plus tard quand elle se fait barrer la route par l’Italie en huitièmes de finale de l’Euro 2016.
Par Nicolas Jucha