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Quand Laurent Blanc portait le maillot du Barça
Le tube du trio Fredericks-Goldman-Jones est sorti en 1991 mais nul doute que Laurent Blanc a dû l'écouter en boucle dans son walkman cinq ans plus tard. Le Président est alors joueur du FC Barcelone et connaît une saison frustrante sur le terrain. Mais sans doute salvatrice en coulisses.
Une Supercoupe d’Espagne, une Coupe d’Espagne et une Coupe des vainqueurs de coupes : pour sa première saison au FC Barcelone, le bilan de Laurent Blanc est loin d’être dégueulasse. Surtout, ses montées rageuses de libéro aux chaussettes baissées jusqu’aux chevilles siéent on ne peut mieux à l’image du club catalan. Pourtant, le défenseur français décidera d’en rester là avec les Blaugrana et pliera les gaules pour l’Olympique de Marseille à l’été 1997. Pourquoi ? Parce que cette année, faste de prime abord, fut plus compliquée dans les faits pour le Président.
Le rendez-vous manqué avec Cruijff
Patron d’une défense de l’AJ Auxerre qui vient de signer un incroyable doublé Coupe-championnat lors de la saison 1995-96, Laurent Blanc voit l’Europe lui ouvrir une nouvelle fois ses portes après une pige mitigée au Napoli quelques années plus tôt. Notamment le FC Barcelone et son omnipotent entraîneur Johann Cruijff qui se disent charmés par les prestations tout en solidité et élégance du Président. Forcément, quand Don Cruijffleone vient vous chercher, c’est « une offre que vous ne pouvez pas refuser » . Signé dès mai 1996, Blanc va connaître ses premières désillusions avec le Barça avant même d’avoir enfilé la liquette blaugrana.
Alors qu’il est venu en Catalogne pour visiter sa future maison et pour dîner avec l’entraîneur néerlandais, le Cévénol, qui attend tranquillement dans le lobby de son hôtel, jette un coup d’œil à la télévision : Johann Cruijff vient d’être viré du FC Barcelone. Malgré ses onze titres en huit ans, la maison culé aurait visiblement peu goûté la dernière saison du Batave, durant laquelle il ne remporta aucun titre et fit monter son fils Jordi et son gendre Jesus Angoy en équipe pro. D’ailleurs, le Barça lui a déjà trouvé un remplaçant en la personne de Bobby Robson, qu’on surnomme à l’époque « Bobby Five-O » pour sa capacité à mettre des manitas aux pensionnaires de Liga Sagres avec le FC Porto. Laurent Blanc va donc devoir faire avec un coach qui n’a pas obligatoirement voulu de sa venue en Catalogne.
Pas de finale(s) pour Blanc
Si les débuts de Laurent Blanc sont convaincants chez les Blaugrana, avec notamment une titularisation lors de la victoire en Supercoupe d’Espagne face à l’Atlético Madrid, le défenseur français fréquente vite l’infirmerie. Pendant sa convalescence, une charnière solide se forme entre Abelardo et Fernando Couto, que Robson a ramené dans ses valises du FC Porto. Pour les suppléer, deux centraux expérimentés, internationaux de surcroît : Miguel Ángel Nadal et Gheorge Popescu. Malgré cette féroce concurrence, Blanc parvient à se faire une place au sein de la défense barcelonaise et dispute 38 matchs toutes compétitions confondues (dont 28 en Liga).
Pourtant, la fin de saison des Blaugrana est synonyme de désillusion pour Laurent Blanc. Tandis que l’équipe déroule en Coupe du Roi et en Coupe des vainqueurs de coupes, et que le jeune et vivace Ronaldo enfile les buts comme les perles, le Président observe tout cela avec beaucoup de distance. Depuis les tribunes, en fait. D’abord, Laurent Blanc prend un carton rouge en mars lors du quart de finale de C2 aller face à l’AIK Solna, compromettant fortement ses chances de disputer les demi-finales face à la Fiorentina. Ensuite, il se blesse le 5 mai en Liga face à Extremadura, soit cinq jours avant un fatidique Clásico pour le titre et neuf jours avant la finale de C2 face au Paris Saint-Germain. Double coup dur.
Les prémices du Laurent Blanc entraîneur
Le désaveu de Bobby Robson envers Laurent Blanc est total lorsque le technicien anglais décide de ne pas inclure son défenseur dans le groupe qui affrontera le Betis Séville en finale de Coupe du Roi le 28 juin 1997, soit près de deux mois après avoir contracté sa blessure face à Extremadura. Plus en odeur de sainteté du côté du Camp Nou à un an de la Coupe du monde en France, le Président prend ses différentes médailles et traverse fissa les Pyrénées pour finalement atterrir au sein du projet sexy que Rolland Courbis est en train de développer à l’Olympique de Marseille. La suite, on la connaît : Lolo reprend du poil de la bête, devient taulier de l’équipe de France, manque la finale de 98, mais finit champion du monde quand même, attrape une finale de C3 avec Marseille, fait deux nouvelles piges en Europe, plus glorieuses cette fois-ci, à l’Inter, puis à Manchester United et raccroche les crampons. Près de vingt ans, que reste-t-il de cette année en demi-teinte au FC Barcelone pour Laurent Blanc ? La réponse se trouve plus dans le vestiaire que sur le terrain. Cruijff avait construit sa Dream Team sur un système simple : un groupe chapeauté librement, à la limite de l’auto-gestion, dans lequel les joueurs participent au processus tactique de l’équipe pour renforcer la responsabilité de chacun. Une méthode que Bobby Robson avait plus ou moins gardée lors de son passage chez les Blaugrana. Résultat : sur les huit entraîneurs des équipes présentes en quarts de finale de Ligue des champions cette année, quatre faisaient partie du Barça saison 1996-97. Guardiola au Bayern, Luis Enrique à Barcelone, Lopetegui à Porto. Et Blanc au PSG, donc.
Par Matthieu Rostac