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Quand Lahm a grandi à Stuttgart
Phlipp Lahm n'a appartenu qu'à un seul club. Mais il a joué pour un autre en Bundesliga. Pendant deux ans, le Bayern lui a offert un stage pratique au VfB Stuttgart. Un prêt dont le latéral est revenu changé, endurci et international.
Contre le RC Lens, le 13 novembre 2002, un jeune joueur du FC Bayern honore sa première apparition dans l’équipe première avec le maillot bavarois. Le petit Philipp Lahm entre pour les dernières secondes à la place du héros de la soirée, Markus Feulner, auteur du troisième but quelques minutes avant la fin du match. Mais rien ne va à ce moment-là pour le FCB. Blanchard égalise à la dernière seconde : 3-3. Les Allemands sont derniers de leur groupe, avec deux points seulement, loin derrière les Lensois. Philipp Lahm subit ainsi une première difficile à encaisser dans le monde professionnel. Mais après son passage à Stuttgart, ni lui ni le Bayern ne sont les mêmes.
Lahm sensible
Pourtant, en Regionalliga (le 3e niveau de la hiérarchie allemande à l’époque), Philipp Lahm est un joueur-clé de l’équipe réserve. À 19 ans, il enchaîne toutes les rencontres sans faiblir. Hermann Gerland, entraîneur des jeunes pousses bavaroises, est impressionné par sa qualité et sa constance : « Je ne l’ai jamais vu faire un mauvais match. Il est incapable de mal jouer. » Pire, il ne sait plus quoi lui apprendre : « À 17 ans, Philipp Lahm était déjà parfait. Il savait tout faire. » Il ne reste qu’à lui faire acquérir un peu de coffre et de résistance pour le plus haut niveau. Mais chez lui, à Munich, la route est barrée autant à gauche qu’à droite par deux Français : Lizarazu et Sagnol. Pour Gerland, toutefois, « cela aurait été une catastrophe de le laisser jouer une année de plus en Regionalliga. » Comme souvent, au Bayern, on ne s’embarrasse pas de ce genre de détails. S’il n’y a pas de place en équipe A, les autres de Bundesliga feront l’affaire. Hermann Gerland vend son protégé, à droite et à gauche. En bon entremetteur, Gerland titille plusieurs entraîneurs de Bundesliga sur son prodige qui « paraît 15 ans, mais joue comme s’il en avait 30 » et qui est capable d’occuper presque tous les postes, mais n’y arrive pas. Beaucoup le trouvent trop faible physiquement.
Force de Lahm
Seul l’entraîneur de Stuttgart, à l’un des derniers matchs de la saison 2002-2003, se laisse convaincre par les arguments de Gerland. À Stuttgart, Lahm rencontre ainsi Felix Magath, cet homme qui va donner un bon coup de boost à sa vie et à sa carrière – même s’il n’en garde pas que de bons souvenirs, à en croire sa biographie qui qualifie sa méthode d’ « épuisante » . Magath est la tête dirigeante des Souabes et un chef qui en impose. À Lahm, il impose le poste qui lui fait défaut jusque-là : latéral gauche. Le coup de foudre entre l’homme et le poste est immédiat, la symbiose est totale. Lors d’un match de Ligue des champions face à Manchester United, selon Gerland, il impressionne suffisamment Alex Ferguson pour que l’Écossais le veuille avec lui. Avec son mauvais pied, il fait mal aux attaquants comme aux défenseurs adverses. Premier caviar contre l’autre Munich au mois de septembre, premier but en fin de saison et premier appel dans une Nationalmannschaft en plein renouvellement. Premiers exploits, premiers émois.
En équipe d’Allemagne, pas grand monde ne peut vraiment le concurrencer et, dès ses 22 ans, il pose ses valises jusqu’à l’Euro 2004. Pendant ce temps, à Stuttgart, il continue de progresser et de s’endurcir chez le 4e de Bundesliga. Dans le Süddeutsche Zeitung, en 2004, Lahm ne fait alors pas de vague. Pas avec Magath : « Je suis devenu pro à Stuttgart comme latéral gauche, cela a fonctionné et je lui en suis reconnaissant. » Ni même avec son club formateur : « Je ne sais qu’une seule chose, c’est que je suis satisfait d’être venu à Stuttgart. En 2005, je vais retourner à Munich et alors tout ira bien. » En fait, en tant que Munichois, Lahm apprécie de n’avoir été « que prêté » par le Bayern et non vendu. Il sait qu’il va pouvoir retourner bientôt chez lui, dans le meilleur club du monde, pour devenir le meilleur joueur du monde. Avec deux ans de plus, Philipp Lahm paraît toujours quinze ans, mais joue déjà comme il le fera à 30 ans.
Par Côme Tessier