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Quand la SPAL brillait en Serie A
La SPAL, fraîchement promue en Serie B, affronte ce lundi Cagliari en Coupe d'Italie. L'occasion de se souvenir que dans les années 50-60, le club de la ville de Ferrare était l'une des valeurs sûres de la Serie A, avec notamment des joueurs comme Reja, Delneri et Capello.
Cipollini, Stanzial, Bozzao, Reja, Pasetti, Bertuccioli, Dell’Omodarme, Bigon, Rozzoni, Parola, Brenna. C’est avec ce onze que la SPAL se présente le 12 mai 1968 face à la Juventus. Les Biancazzurri sont à la lutte pour le maintien. Le classement est alors le suivant : Atalanta 24, Vicenza 23, SPAL 22, Brescia 21. Quatre équipes, deux qui se sauvent, deux qui descendent. Et cela commence plutôt mal pour la SPAL, qui encaisse un premier but dès la 9e minute par Zigoni. Les espoirs des joueurs de Petagna vont de toute façon rapidement disparaître, car sur les autres pelouses, l’Atalanta tient le nul et Vicenza mène face à la Fiorentina. Le score ne bougera plus. La SPAL s’incline 1-0, et dit au revoir à la Serie A. Elle ne le sait pas encore, mais cet au revoir est en réalité un adieu. Les Spallini ne retrouveront jamais l’élite, et connaîtront même une relégation en Serie C dès l’année suivante. La fin de deux décennies durant lesquelles l’équipe de la ville de Ferrare s’était pourtant imposée comme l’une des certitudes de la Serie A.
Mazza, le visionnaire
Società Polisportiva Ars et Labor. Un nom qui pète. La SPAL a été fondée en mars 1907 dans la ville de Ferrare, en Émilie-Romagne. Elle doit toutefois attendre 1951 pour connaître sa première montée en Serie A.
Débutent alors deux décennies au cours desquelles le club, géré d’une main de maître par son président Paolo Mazza, un visionnaire, va voir passer de nombreux joueurs talentueux. La SPAL devient même l’un des clubs tremplins, dans lesquels les joueurs passent avant de rejoindre une grande équipe italienne. Parmi eux, le gardien Ottavio Bugatti (sept capes en Nazionale), Alberto Bigon, Orlando Rozzoni, Luigi Delneri et, le plus illustre de tous, Fabio Capello. L’ancien coach du Napoli et la Lazio, Edoardo Reja, est lui aussi passé par la SPAL de 1963 à 1968. Il se souvient encore de la maestria du président Mazza dans sa manière de gérer le club. « La SPAL, c’est lui, pose Reja. Il avait trouvé la bonne politique pour pouvoir pérenniser le club à ce niveau. Il ne misait que sur les jeunes grâce à un réseau de talent-scouts très étendu à travers l’Italie. Capello et moi avons par exemple été repérés dans la région du Frioul. Et puis, surtout, il les faisait jouer, sans distinction. Une fois qu’ils avaient acquis de la valeur, il les revendait, renflouant ainsi les caisses du club. »
La méthode fonctionne. La SPAL se classe 9e dès sa première saison en Serie A, puis 8es lors de la deuxième année. Si elle se sauve in extremis lors des deux saisons suivantes (notamment au terme de deux barrages extraordinaires contre Palerme et l’Udinese en 1954), elle se stabilise ensuite dans le haut de tableau, atteignant même une magnifique 5e place en 1960. Cette année-là, la SPAL, dans son stadio Communale entièrement reconstruit, réalise des matchs historiques contre la Fiorentina, futur dauphin de la Juve (1-0), la Roma (2-1) ou l’Inter (0-0).
Une nouvelle ère ?
La décennie des 60s va également apporter son lot de satisfactions. Au sommet : cette demi-finale de Coupe d’Italie face à la Juventus, en 1962. La SPAL s’impose 4-1 face à l’équipe d’Omar Sivori et John Charles. Un succès qui marque probablement l’apogée de l’histoire de la SPAL. Les Spallini se sont ensuite inclinés 2-1 en finale face au Napoli, après avoir longtemps cru à l’exploit.
Les problèmes commencent alors. Le club est relégué en Serie A au terme de la saison 1963-64, mais parvient immédiatement à remonter, encore grâce aux manœuvres magiques du président Mazza. Des manœuvres qui vont notamment permettre au club de remporter le premier trophée de son histoire : la Coupe de l’amitié italo-suisse en 1968. Toujours ça de pris. D’autant que quelques mois après ce succès, la SPAL est à nouveau reléguée en Serie B. Et cette fois-ci, Mazza n’y peut rien. Son club sombre dans l’oubli, jusqu’à ce qu’il soit contraint de céder la main en 1977. « Ses successeurs ont été de piètres gestionnaires » , tranche Reja.
De fait, la SPAL a connu deux faillites lors des dernières années, en 2005 et 2013. Mais elle a toujours su renaître de ses cendres. La preuve : après une fusion avec la Giacomense en 2013, la nouvelle SPAL 2013 a gravi les échelons, jusqu’à être promue en Serie B en mai 2016, remportant également la Supercoupe de Lega Pro. Peut-être le début d’une nouvelle ère, près d’un demi-siècle après ses derniers émois.
Par Éric Maggiori
Propos de Reja recueillis par Valentin Pauluzzi