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Quand Guingamp écrasait Bastia

Par Antoine Beneytou
Quand Guingamp écrasait Bastia

En huit confrontations en première division, Bastia n'a jamais gagné à Roudourou. En 2003, les Corses avaient perdu 3-0 dans le 22, en subissant la furia de Drogba, Malouda et leur bande. L'époque où Guingamp tapait le quidam.

12 avril 2003. Pour le compte de la 33e journée de Ligue 1, l’En Avant Guingamp reçoit Bastia à Roudourou. « C’est bizarre, je ne me souviens pas de ce match, je suis frappé d’amnésie, s’excuse Ronan Le Crom, le gardien guingampais. Je me souviens un peu plus du match aller à Furiani où on avait gagné 2-0. » Idem pour Coco Michel ou encore Cédric Bardon qui se rappellent davantage de la belle saison et des victoires à Lyon ou à Nantes que du succès à la maison face à Bastia. Et pourtant, il s’est passé de belles choses ce soir-là, au cours de la réception des Corses dans les Côtes-d’Armor. C’est l’époque du Guingamp de Malouda, Drogba, Coco Michel et Néstor Fabbri. Avant la rencontre contre le Sporting, l’EAG vient de taper l’OM, une semaine plus tôt, au Vélodrome, grâce à un but de Drogba et de son compatriote ivoirien Lionel Bah. Avec 46 points au compteur, le maintien est en poche, mais les Guingampais connaissent trop le prix de leur place en Ligue 1 pour finir le championnat en touristes. « La saison d’avant, on se sauve à la dernière journée, rappelle Romain Ferrier, défenseur de cette équipe guingampaise. On bat Troyes chez nous, mais on n’avait pas notre destin entre nos mains. Heureusement, Lorient et Metz font match nul et descendent tous les deux. Il s’est créé quelque chose à ce moment-là. C’est la fondation de l’année suivante. On avait tellement souffert, qu’on s’est dit : autant en profiter à fond ! » Pas question de finir en roue libre, donc. Et Bastia, bien calé dans le ventre mou avec 45 points, va le comprendre très vite.

L’aile de pigeon de Drogba

Dès la septième minute de jeu, le futur buteur de Chelsea surprend la défense menée par Franck Silvestre en ouvrant le score pour les Bretons. Romain Ferrier est à l’origine de l’action, il se souvient : « Oui, je fais une passe décisive, mais la passe n’est décisive que si la finition est bonne. Didier fait un appel de la droite vers la gauche et je déclenche en faisant une transversale de 40 mètres. Ce n’est pas forcément une superbe passe, mais le ballon rebondit et Didier voit le goal sortir. Il sait qu’il n’a pas le temps de la laisser redescendre et il ajuste le gardien avec un geste de grande classe. Il a bonifié ma passe ! » Penneteau ne peut que s’incliner face à l’aile de pigeon en haute altitude de Drogba. « Mais je crois qu’il veut juste l’éliminer et pas la mettre directement au fond » , avance Stéphane Carnot. Ce ne sera pas la seule fois de la soirée que le gardien corse ira chercher le ballon au fond de ses filets. Par la suite, les Bastiais Battles, Gourvennec, Essien, Maurice et leur avant-centre péroxydé Lilian Laslandes réagissent, mais ne peuvent rien sur une action digne du Barça de Guardiola. « C’est bizarre, je n’en ai pas un grand souvenir » , glisse Christophe Le Roux. Et pourtant, la combinaison est magnifique. À cinq minutes de la pause, celui qui travaille aujourd’hui au FC Lorient combine avec Malouda. Coco Michel sert de relais, Malouda caresse le cuir pour le dévier dans la course de Le Roux. Un dribble et une finition du pied gauche plus tard, Guingamp mène 2-0. Impressionnant. La joyeuse bande de Bertrand Marchand s’amuse et ça fait plaisir à voir : « Il y avait une bonne ambiance, on prenait plaisir à envoyer du jeu. On aimait être ensemble sur et en dehors du terrain » , se remémore Romain Ferrier. « Dans le sprint final, il ne pouvait rien nous arriver. Cette fin de saison était complètement folle » , corrobore Ronan Le Crom.

« On se demandait combien on allait en mettre ? »

Complètement folle, comme la détente de Didier Drogba pour assommer Bastia, dès le retour des vestiaires à la 51e minute. Servi par Le Roux, l’Ivoirien s’envole plus haut que les poings de Penneteau et marque de la tête. Son quatorzième but de la saison. À l’issue de la 38e journée, il finira troisième meilleur buteur avec 17 réalisations, devant Djibril Cissé (14 buts), mais derrière Nonda et Pauleta, auteurs respectivement de 26 et 23 buts. En fin de match, la soirée cauchemar se confirme pour Bastia avec l’expulsion d’Essien pour un tacle sécateur sur Malouda. 3-0. C’est le score final. Un match symbole de la période faste de l’EAG, à l’instar des balades à Nantes (4-0), Lyon (4-1) ou Marseille (2-0). Au classement, les Guingampais rejoignent le PSG à la neuvième place à l’issue de la 33e journée. Ce succès face à Bastia, c’est le troisième consécutif pour Guingamp en L1. Une série débutée face à Troyes et conclue finalement à Lyon, lors de l’ultime journée. Huit matchs au cours desquels les Bretons glanent sept victoires pour un petit match nul, contre Sochaux. « On a fait une saison en dents de scie, mais à la fin, on avait la sensation qu’on pouvait battre n’importe qui, pose Stéphane Carnot. C’est une sensation assez spéciale, surtout quand on joue à Guingamp. Où qu’on aille, on était persuadés qu’on allait gagner. C’est la seule fois dans ma carrière où j’ai ressenti cela. Quand on discutait ensemble avant les matchs, on ne se demandait pas si on allait gagner ou perdre, mais combien on allait en mettre. C’est assez présomptueux, je l’accorde. »

À trois points de la C1, à six de Lyon…

Durant cette série, à l’instar du match contre Bastia, Le Crom garde sa cage inviolée pendant plus de six matchs : « Un de mes meilleurs souvenirs de cette série, c’est quand je sors le penalty de N’Zigou à Nantes pour conserver l’invincibilité » , se remémore l’ancien gardien remplaçant du PSG. Ce soir-là, à la Beaujoire, l’EAG terrasse Nantes 4-0. « Et encore, si vous revoyez le match, vous verrez qu’on peut en mettre deux fois plus. Quatre, c’est le tarif minimum » , lâche Carnot. Serein. Le match suivant, Shabani Nonda mettra fin à cette série de clean sheet lors de la défaite de l’ASM à Guingamp 3-1. « Chacun assumait sa charge défensive dans sa zone et on était efficaces dans tous les domaines, ajoute l’ancien portier. C’était un vrai groupe de copains, il y avait une belle osmose et ça marchait. » Au final, la bande de potes termine septième du championnat avec la troisième meilleure attaque, à trois points de Marseille, troisième. « On était presque dégoûtés que la saison se termine si tôt, se rappelle Romain Ferrier. Je me souviens qu’on offre le titre à Lyon en battant Monaco et ensuite on va gagner à Gerland. S’il y avait un mois de plus, on pouvait aller chercher la C1. » « C’est sûr, ajoute un Stéphane Carnot gourmand. Et encore, on ne finit qu’à six points de Lyon qui est champion… » Onze ans plus tard, après la déroute face à Nice (2-7), Jocelyn Gourvennec se contenterait sans doute d’un maintien à l’ultime journée. Et d’une victoire face à Bastia, qui n’a jamais gagné dans l’élite à Roudourou.

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Targhalline : « Je n’avais pas d’autre choix que de réfléchir plus vite »
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Par Antoine Beneytou

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