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Quand Giuseppe Meazza coachait Beşiktaş

Par Éric Maggiori
4 minutes
Quand Giuseppe Meazza coachait Beşiktaş

Ce mardi soir, Beşiktaş reçoit l’Adana Demirspor. Sur le banc de l’Adana, un Italien, Vincenzo Montella. Ce qui, en 2021, n’a rien d’étonnant. Fut un temps, néanmoins, où voir un entraîneur italien sur le banc d’un club turc était quelque chose d’impensable. C’était en 1949, et cette année-là, le légendaire Giuseppe Meazza venait s’asseoir sur le banc... de Beşiktaş. Récit.

Une vie passée dans le Nord de l’Italie. De sa naissance à Milan, le 23 août 1910, jusqu’à sa retraite en 1947, Giuseppe Meazza n’est jamais allé plus loin que Turin. Sa carrière s’est résumée à quatre clubs en Lombardie (Ambrosiana-Inter, Milan, Varèse et Atalanta) et un dans le Piémont (la Juventus). Et ses débuts sur un banc de touche, à l’Inter, semblent indiquer que « Peppino » se tiendra à cette même conduite pour sa nouvelle vie d’entraîneur. Et de fait, outre l’Inter, Meazza entraînera aussi la Pro Patria (Lombardie) et la Nazionale. Il décèdera en 1980 à Lissone, en Lombardie, et la ville de Milan renommera le stade San Siro à son nom. Et pourtant, si l’on regarde mieux, on peut apercevoir une anomalie. L’espace de cinq mois, en 1949, Meazza a en effet entraîné… Beşiktaş, en Turquie. Pourquoi ? Et surtout, comment s’est-il retrouvé là ?

Quitter sa famille

Après la fin de la guerre, en 1945, Meazza dispute une saison à l’Atalanta, au cours de laquelle il occupe le rôle d’entraîneur-joueur. L’année suivante, il rentre chez lui, à l’Inter, où il joue la dernière saison de sa carrière. Sa place est désormais sur le banc, mais ses 18 premiers mois passés sur le banc nerazzurro ne sont pas franchement convaincants : 48 matchs, 22 victoires, 19 défaites, 7 nuls. Au terme de la saison 1947-1948, terminée à la 12e place (pire classement de l’histoire du club depuis le lancement de la Serie A), le président Carlo Masseroni décide de ne pas poursuivre. Meazza se retrouve sans emploi, mais aucun club de la région n’est à la recherche d’un coach. Il lui faut donc prospecter ailleurs, et c’est alors qu’une improbable offre va arriver sur sa table. Une offre de Beşiktaş.

J’ai fini par accepter l’offre de Beşiktaş. Et le 18 janvier 1949, avec les larmes aux yeux, j’ai quitté ma famille et ma ville, direction Istanbul.

La suite, c’est Meazza lui-même qui la racontait dans la revue historique Il Calcio e il Ciclismo Illustrato. « Je ne me sentais pas de quitter ma famille, ma ville, mes amis, retraçait-il. Je ne suis pas fait pour une vie normale, pour les longs déplacements… Mais quand vous avez deux petites filles à nourrir, il faut également regarder la réalité en face et s’adapter. Et c’est ainsi que j’ai fini par accepter l’offre de Beşiktaş. Et le 18 janvier 1949, avec les larmes aux yeux, j’ai quitté ma famille et ma ville, direction Istanbul. »

Un dernier match pour l’honneur

À l’époque, le voyage pour se rendre à Istanbul prend plusieurs jours. Mais c’est une page d’histoire qui s’écrit là : Giuseppe Meazza devient le premier Italien à venir coacher une équipe étrangère. Forcément, pour un homme qui n’avait jamais quitté son Italie natale, le choc de l’éloignement est compliqué à gérer. « Là-bas, j’ai vraiment souffert de mélancolie, comme on souffre quand on a vingt ans, qu’on part faire son service militaire et qu’on laisse sa fiancée. Néanmoins, j’ai également trouvé en Turquie une sympathie touchante et des nouvelles amitiés inoubliables. J’ai conservé des revues turques dans lesquelles on parlait de moi de manière élogieuse. »

Il y en a un qui s’appelait Sol Bek, et un autre qui s’appelait Sag Bek. Du coup, pour appeler le premier, je sifflais une fois, et pour le deuxième, je sifflais deux fois.

Rapidement, Giuseppe Meazza s’adapte à sa nouvelle vie à Istanbul. Avec les aléas de celui qui ne parle pas la langue et doit se faire comprendre. « C’était difficile pour moi de m’adresser aux joueurs, racontait-il. J’avais donc mis au point des systèmes. Si je voulais m’adresser à l’arrière gauche, qui se dit« Sol Bek », je sifflais une fois. Et pour l’arrière droit,« Sag Bek »,je sifflais deux fois. » De ces cinq mois passés à Istanbul, il ne reste que très peu de traces sportives. De fait, la Turkish National Division s’est interrompue entre 1947 et 1950. Meazza n’a donc dirigé l’équipe que pour l’Istanbul Football League (Beşiktaş s’est classé premier devant Fenerbahçe) et pour des matchs amicaux, notamment un face aux Anglais de Charlton.

Avant de rentrer en Italie, l’homme aux cheveux gominés tient à faire un petit cadeau à son club d’adoption, à l’occasion d’un amical face à l’Austria Vienne. « En juin, je suis rentré en Italie. Avant de partir, les dirigeants m’ont couvert de cadeaux et de souvenirs. Pour leur prouver ma gratitude, j’ai accepté de jouer, le samedi avant mon départ, face à l’Austria. Et voilà qu’à 39 ans, je suis me retrouvé à disputer un véritable match, mon dernier. Au terme de celui-ci, Şükrü(Şükrü Gülesin, buteur de Beşiktaş également passé par Palerme et la Lazio, NDLR)et les autres m’ont porté en triomphe. » Et Beşiktaş n’a jamais oublié Meazza. Le 21 août 2020, le club stambouliote lui rendait hommage sur Twitter, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort.

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