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Quand Everton marchait sur City
Rares sont les parieurs qui vont aller miser du Toffee alors que les ouailles de Martinez viennent d'enchaîner un 1 sur 6 et que City semble être la seule équipe à pouvoir (un peu) concurrencer Chelsea. Pourtant, les matchs contre Everton ont rarement été une partie de plaisir ces dernières années pour les Citizens.
Si on enlève les deux confrontations de la saison passée, City n’a battu Everton que quatre fois… en 10 ans ! Les Liverpuldiens étaient en effet la grosse bête noire des Citizens avant et après leur passage du côté de la richesse démesurée. Retour sur ces faux pas à partir de l’avènement des nouveaux riches, en 2008.
Juste après l’arrivée de Khaldoon Al Mubarak à la tête de City, ses ouailles et les Toffees se sont d’abord partagé les deux premiers affrontements (Everton l’emportant 0-1 à City et les Citizens 1-2 à Goodison). C’est donc dès la saison 2010-2011 que les ennuis des Skyblues commencent. Alors que Kompany, Barry, De Jong, Tévez, David Silva et Džeko sont venus renforcer les gars de l’Etihad, Everton va se faire un plaisir de les plumer.
Premier acte : un double 2-0
Janvier 2010, 37 378 personnes assistent à la première défaite de Roberto Mancini sur le banc de City. « Everton a été meilleur que nous. Je crois que nous pouvons jouer mieux, aujourd’hui c’était couci-couça, mais nous avons eu des problèmes avec les blessures » , déclare l’intéressé par la suite à la BBC. Et quand il parle de blessures, ce sont celles de Petrov (sorti à la pause) et surtout de Santa Cruz, blessé après 3 minutes et remplacé par Robinho, lui-même sorti à l’heure de jeu « parce que je ne pouvais pas jouer avec cinq attaquants » , justifiera Mancini. Peu importe, avec les débuts de Donovan (prêté une énième fois par les Galaxy), l’excellente performance de Fellaini et le but sur penalty de P’tit Louis Saha, les Toffees calment leur hôtes dans la course au titre. Titre que les Citizens ont déjà définitivement oublié deux mois plus tard quand le sublime duo Cahill-Arteta, accompagné de ses potes, vient les retaper, à domicile cette fois, 0-2. Mais le grand moment de la rencontre, c’est bien entendu la terrible tentative de plaquage de Mancini sur un Moyes qui gardait trop le ballon à son goût, alors que le score était déjà acquis… Conséquence : expulsions des deux cocos. « J’ai tenu le ballon plus longtemps que ce que j’aurais dû, concédait Moyes à la BBC. Mais j’étais en train d’essayer de faire un changement. Mancini a montré toute sa passion pour son équipe, et ça, je peux l’accepter. »
Acte II – Un nouveau frein vers le titre
Fin décembre, Everton arrive avec la statistique peu flatteuse de 7 matchs sans victoire, mais ses trois derniers déplacements chez les Citizens se sont soldés par trois succès. Rebelote ici, Cahill et Baines frappent en moins de 20 minutes, City rate l’occasion de retrouver la première marche, 18 ans après, et laisse United avec deux points de plus et deux matchs de moins, les Red Devils ne seront pas rattrapés. En mai, on n’en est donc plus à parler de titre, mais d’assurer sa place en Ligue des champions, la première de l’histoire du club dans la nouvelle formule. Il faut pour ça passer par une victoire à Goodison Park… Et là, nouvel échec. La bande de Moyes fait la passe de quatre, et ce, malgré le dernier Everton-City de Pat’ Vieira et malgré un superbe David Silva applaudi même par les supporters locaux. Menés, les Toffees renversent le score en 7 minutes grâce notamment à Sylvain Distin – qui marque pourtant moins d’un but par an – et ridiculisent encore la nouvelle équipe tendance du Royaume-Uni.
Acte III – Se relever pour mieux chuter
À l’aube de son troisième titre de champion d’Angleterre, City commence la saison au coude-à-coude avec son meilleur ennemi mancunien : cinq matchs, un nul et quatre victoires. Avant bientôt une cinquième puisqu’Everton ne parvient pas à enchaîner une nouvelle victoire contre les Skyblues. Au retour par contre, les St Domingo’s jouent un bien vilain tour à leurs hôtes grâce au but de Darron Gibson. C’en est trop pour ce fan venu de Southport qui s’attache au piquet de Joe Hart avec des menottes pour protester contre la politique de recrutement d’une compagnie aérienne. Qu’importe, ce succès d’Everton permet dans le même temps à United de revenir à égalité de points au classement avec City (54). Les deux Manchester ne seront d’ailleurs finalement séparés que par la différence de buts. Enfin par Sergio Agüero, aussi…
Acte IV – La fin de l’euphorie
Everton aura décidément été un précieux lieutenant dans l’obtention des derniers titres de Manchester United. Alors que City a enchaîné 29 victoires sur ses 31 derniers matchs à domicile, les hommes de Mancini vont perdre deux points précieux face à des Liverpuldiens solides et bien organisés. « Everton est toujours un match difficile parce qu’ils travaillent dur et défendent très bien » , conclura même le pauvre Mancini, qui ne sait pas encore à ce moment-là que c’est ce même club de Liverpool qui va entériner totalement ses chances de titre en mars 2013, après une défaite 2-0 des œuvres de Osman et Jelavić. Ce qui laisse les Citizens à 12 points de la bande à Ferguson. Quelques semaines plus tard, Mancini est viré, Moyes signe à United, et depuis, City n’a plus eu trop de problèmes à battre les Toffees, en témoigne sa victoire en mai dernier à Goodison Park, la première depuis cinq ans.
En résumé, City n’a gagné que deux fois en 16 visites à Goodison Park, Mancini n’aura quant à lui remporté qu’un match sur huit face aux Toffees, là où Moyes aura empoché 12 matchs en 12 ans. C’est peut-être ça, finalement, le nœud de l’histoire : Mancini et Moyes.
Par Émilien Hofman