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Quand Dupond et Dupont menaient l’enquête dans le Chaudron

Par Julien Mahieu
Quand Dupond et Dupont menaient l’enquête dans le Chaudron

Cet après-midi, lorsqu'il retrouvera la pelouse de Geoffroy-Guichard, Patrice Garande sera de retour à la maison. C’est à Saint-Étienne qu’il a été formé, mais ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard, après s’être fait un nom sous le maillot de l’AJA, qu’il entrera dans la grande histoire des Verts, en formant avec Philippe Tibeuf un des duos les plus prolifiques du championnat de France, entre 1987 et 1989.

Lorsqu’il rejoint son club formateur à l’été 1987, Patrice Garande a vingt-sept ans, et sort d’une saison en demi-teinte à Nantes, où il n’est jamais parvenu à s’imposer après un début de saison pourtant canon (trois buts lors des sept premières journées de championnat). Malgré un titre de meilleur buteur du championnat à Auxerre (lors de la saison 83-84) et une médaille d’or glanée aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, Garande ne passe qu’une petite saison sous les ordres de Coco Suaudeau : « J’avais fini meilleur buteur de D1, et tout d’un coup, on me disait : « Tu ne sais pas courir », « Il ne fallait pas tirer comme ça. ».Moi, je me disais : « C’est qui ce mec-là ? C’est un extraterrestre, ou quoi ? » » C’est donc un Patrice Garande en quête de rachat qui revêt le maillot des Verts en 1987, soit huit ans exactement après l’avoir remisé au placard. Revenir à Saint-Étienne n’a alors rien d’anodin pour celui qui avait très mal vécu de devoir quitter le club au terme de ses années de formation. « À l’époque, on m’avait clairement fait comprendre que je ne deviendrais jamais pro, alors je suis parti. » L’éclosion de Laurent Paganelli et de Laurent Roussey, ainsi que les recrutements successifs de Johnny Rep et de Michel Platini, laissent peu de places disponibles dans le secteur offensif.

S’il a eu la chance de vivre l’épopée européenne de 76 de l’intérieur, Garande a donc vécu son départ du club comme un déchirement. Son retour est pour lui l’occasion de prendre sa revanche sur le passé, au sein d’une équipe qui n’a plus tout à fait le même statut en France. Bonne nouvelle : le légendaire Robert Herbin est lui aussi de retour aux manettes… Patrice Garande ne le sait pas encore, mais son deuxième passage chez les Verts restera indissociable, dans les mémoires stéphanoises, de la doublette qu’il formera avec Philippe Tibeuf (vingt-cinq ans), débarqué dans le Forez en même temps que lui, en provenance de Monaco.

Les « Dupont et Dupond » de l’ASSE

« Lorsque nous avons signé à Saint-Étienne en 87, Patrice était déjà un buteur confirmé, avec une sacrée réputation en France, situe Philippe Tibeuf. Pour ma part, je devais encore faire mes preuves. D’ailleurs au début, j’étais souvent remplaçant et j’ai mis un peu de temps à m’imposer. » Patrice Garande, lui, ne perd pas de temps avant de retrouver son efficacité face au but : premier but lors de la deuxième journée face au Matra Racing, premiers doublés à Geoffroy-Guichard lors des septième et neuvième journées pour sceller deux succès face à Auxerre et Lens sur le même score (2-1). Dans son sillage, Saint-Étienne se hisse dans la première partie de tableau – une bonne surprise, le club n’était remonté en première division que l’année précédente, et avait assuré son maintien avec difficulté (16e).

Ce n’est qu’au cours des derniers matchs de la phase aller que la doublette magique va commencer à faire des siennes. L’équipe est en perte de vitesse sur le plan offensif (seulement deux buts entre la 14e et la 17e journée), mais Robert Herbin continue d’accorder sa confiance à Philippe Tibeuf, toujours muet devant les cages après 17 journées de championnat. Le choix s’avère payant ! Les deux compères claquent tous les deux à Lille lors de la 18e journée (1-2), et Tibeuf signe un doublé dès le match suivant face à Brest (4-0). Le duo est né, la machine est lancée, Tibeuf est relancé : « On s’est tout de suite bien entendu tous les deux, dans le vestiaire et sur le terrain. Lui évoluait en pointe, dans l’axe, il libérait des espaces, et moi je tournais autour de lui. Nous nous sommes bien trouvés, nos façons de jouer étaient complémentaires. »

Patrice Garande, comme à l’époque, s’accorde avec son ancien partenaire d’attaque : « Nos jeux étaient très différents donc très complémentaires justement ! Philippe était un garçon qui adorait décrocher, prendre le ballon, dribbler, centrer. Il était capable d’éliminer ses adversaires, il allait vite et prenait bien la profondeur. Moi, j’étais plutôt un joueur de surface, un finisseur, un buteur. On était complémentaires, car on était assez intelligents pour comprendre très vite les qualités de l’autre. On jouait l’un pour l’autre au lieu de se tirer la bourre. Notre grande force, ça a été ça. » Philippe Tibeuf ne s’arrête plus de marquer (neuf buts en huit matchs de D1 entre novembre 87 et février 88) et les Verts n’arrêtent plus de grimper au classement. Sur le terrain, l’entente entre l’ancien Nantais et l’ancien Monégasque est une évidence pour tout le monde. « L’équipe jouait pour nous, on nous cherchait systématiquement » , se souvient Tibeuf. Dans le cadre d’un reportage diffusé dans Téléfoot, Jean-Michel Larqué met en scène le duo déguisé en « Dupond et Dupont » , les policiers maladroits de Hergé – un surnom qui les poursuivra longtemps et désormais indissociable de leur passage au club dans les mémoires stéphanoises. « On s’est prêté au jeu, ça faisait rire tout le monde et ça nous est resté » , sourit Tibeuf.

Les Bleus pour Garande, la reconnaissance pour Tibeuf

Grâce à ses excellentes prestations sous le maillot stéphanois, Patrice Garande est rappelé en équipe de France olympique en octobre 1987, puis connaît sa seule et unique convocation en équipe de France au mois d’avril 1988 (face à l’Irlande du Nord, 0-0). En fin de saison, Saint-Étienne décroche une quatrième place inespérée, Patrice Garande est deuxième meilleur buteur du championnat derrière Jean-Pierre Papin avec 17 buts inscrits, quand Philippe Tibeuf pointe quant à lui à douze unités. Du solide. « Franchement, on ne calculait pas beaucoup, on ne se posait pas de question, et on prenait beaucoup de plaisir sur le terrain, se souvient Philippe Tibeuf. D’ailleurs on marquait beaucoup de buts, et on en prenait aussi beaucoup ! (Saint-Étienne termine la saison avec la deuxième meilleure attaque de D1 et 54 buts marqués, mais avec la 18e défense et 56 buts encaissés, ndlr). Je garde vraiment un excellent souvenir de cette époque, qui m’a permis à moi de m’imposer chez les Verts et à Patrice de découvrir l’équipe de France. »

La suite ne sera malheureusement pas aussi heureuse. Lors de la saison 1988-89, Saint-Étienne ne remporte aucune des treize premières journées de championnat et plonge dans les abîmes du classement. Les Dupond et Dupont ne sont plus aussi efficaces, mais continuent d’assurer le minimum syndical (dix buts pour Tibeuf et neuf pour Garande en D1), et comptent parmi les grands artisans d’une phase retour exceptionnelle (dix victoires, sept matchs nuls et seulement deux défaites) qui permet au club de sauver sa peau en première division alors qu’il semblait condamné à mi-parcours. Philippe Tibeuf s’offre en cours de route un joli triplé en moins d’un quart d’heure au stade Venoix de Caen, pour une victoire 2-3 chez un concurrent pour le maintien.

En fin de saison, les Dupond et Dupont se séparent déjà. Patrice Garande quitte les Verts pour rejoindre le RC Lens fraîchement relégué en D2, pendant que Philippe Tibeuf continue d’occuper, désormais seul, la pointe de l’attaque stéphanoise – non sans succès, puisqu’il sera à son tour convoqué en équipe de France par Michel Platini en mars 1990. « Je n’ai jamais retrouvé avec qui que ce soit cette complémentarité que j’avais avec Patrice, souligne quand même Tibeuf. Ce sont parmi mes plus beaux souvenirs de footballeur. » D’inspecteur aussi.

Dans cet article :
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Par Julien Mahieu

Propos de Philippe Tibeuf recueillis par JM. Propos de Patrice Garande recueillis par JM et extraits de Ouest France et Poteaux-carrés.com.

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