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Quand Christophe Galtier jouait en Italie
Il y a 18 ans, l'entraîneur stéphanois roulait sa bosse du côté de Monza en deuxième division italienne. Un court passage d'une seule saison, suffisant toutefois pour marquer les esprits.
« Il était venu faire un entraînement, je n’appellerais pas ça un essai puisqu’on l’a fait signer immédiatement. » Les propos sont de Ruben Buriani, ancien avant-centre de Monza, et directeur sportif du club par la suite. Nous sommes à l’été 1997. Christophe Galtier vient de conclure son deuxième passage à l’OM et se retrouve sur le carreau, à tout juste 31 ans. Les propositions ne se bousculent pas au portillon, et il accepte donc celle de ce club qui vient de remonter en Serie B, et qui cherche un joueur expérimenté pour encadrer ses jeunes pousses. Un rôle que l’actuel entraîneur de Saint-Étienne remplira à merveille.
Le Milan B
« Alé Alé, Galtier, Galtier » , chantaient à tue-tête les tifosi biancorossi qui ont de suite apprécié le bonhomme. Même chose pour ses anciens coéquipiers, dont Giampaolo Castorina : « Sincèrement, c’était un luxe pour un club comme Monza qui n’a pas beaucoup de supporters et qui n’a jamais connu la Serie A. Je crois qu’avec l’attaquant Marco Branca, c’est le joueur au plus beau CV que le club a vu passer. » Au bout de quelques semaines, le Marseillais maîtrise déjà la langue de Dante et trouve une place de choix dans le groupe : « C’était un très grand professionnel qui imposait le respect. Et puis il était franc et disait toujours les choses en face, c’est typique des Français ça, non ? Tous ceux avec qui j’ai joué se démarquaient par cet aspect. »
Ce Monza-là avait pour particularité d’être un club satellite de l’AC Milan, et la grande majorité de ses joueurs étaient sous contrat avec l’équipe de Berlusconi : « On était prêté en fait, c’était plus simple pour les finances du club. LesRossoneriy envoyaient également leurs jeunes comme Abbiati et D’Aversa, ça permettait de les tester et de ramener les meilleurs à la base. » Beaucoup de « bleus » donc, et l’expérience d’un Galtier qui se révèle fondamentale dans la course au maintien, puisqu’il dispute 23 des 34 rencontres : « L’objectif était de se sauver, on finit premiers non-rélégables, et ça nous suffisait amplement » , poursuit Castorina, même si cela a nécessité pas moins de trois coachs : Gigi Radice, Bruno Bolchi et Pierluigi Frosio.
Le régime et la méthode Galtier
Dans la banlieue milanaise, Christophe Galtier en profite pour renouer contact avec Bruno Cauet, alors pensionnaire de l’Inter, qui lui permet d’assister aux entraînements de Gigi Simoni. Mais au sein du club, il fréquente le Franco-Sénégalais et ancien Bordelais Joachim Fernandez, le Belge Roberto Bisconti et surtout l’attaquant italien Cosimo Francioso : « C’est bien simple, lui est marseillais, moi du Sud de l’Italie, raconte Francioso. On était deux« terroni », donc on s’entendait très bien. Puis on avait à peu près le même âge. Moi, je suis parti au Genoa en janvier, mais six mois ont suffi pour devenir très potes. On s’était revus l’année d’après lors d’un amical Genoa-Marseille à Montpellier, il était entraîneur adjoint de l’OM » , avant de révéler une curieuse anecdote : « Il était tombé amoureux des spaghetti à l’huile et au poivre, il ne mangeait que ça, matin midi et soir, et buvait toujours la même boisson, je crois que c’était du thé. » Le régime Galtier.
Giampaolo Castorina l’a également côtoyé de près, mais sur le terrain : « J’étais arrière droit dans la défense à quatre, lui formait le duo d’axiaux avec Fabio Moro qu’on reverra avec le« Chievo des miracles »quelques années plus tard. Il ne courait pas beaucoup, Christophe, hein, mais il voyait tout avant les autres, il avait une intelligence tactique incroyable et sentait tous les coups. Il n’était pas là pour couler une pré-retraite tranquille. Et puis, aux duels, il y allait franco. » La méthode Galtier. Malgré son contrat de deux ans, il s’en va après une seule saison. Monza étant vendu, l’accord avec le Milan n’est plus valable. S’ensuivra une expérience de six mois en Chine du côté de Liaoning et un retour dans sa ville natale pour y embrasser sa nouvelle carrière. « Ça se voyait à 10 000 km qu’il allait devenir coach » , conclut Francioso lui aussi devenu entraîneur et qui a une petite requête, « on s’est perdu de vue à un moment donné, j’aimerais vraiment le féliciter pour son parcours, vous pouvez le faire pour moi ? » Le message est passé.
Par Valentin Pauluzzi