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Quand Brendan Rodgers enflammait Swansea
Avant de redonner vie à Liverpool, Brendan Rodgers, comme beaucoup d'autres, a fait ses classes en Championship. Et notamment à Swansea, qu'il a fait monter en Premier League pour la première fois de son histoire. Retour sur une saison où Rodgers s'est fait un nom.
Nous sommes le 30 mai 2011, et le soleil brille en cette fin d’après-midi au-dessus de Wembley. Sur la pelouse, un coach vêtu d’un long imperméable et pas tout à fait dégrossi vient consoler son adversaire du jour, Brian Mc Dermott, ainsi que son ancien employeur John Madjeski, avant d’aller célébrer sa victoire historique avec ses joueurs. Ce jour-là, Brendan Rodgers vient de prendre une revanche sur la vie, en balayant son ancien club, Reading (2-4), grâce notamment à un triplé de Scott Sinclair, pour permettre à Swansea de devenir la première équipe galloise à évoluer en Premier League. Pas un maigre accomplissement. Celui qui a jusqu’alors trop souvent été présenté comme un énième disciple de José Mourinho, et qui avait pourtant laissé son adversaire du jour à une pathétique dix-neuvième place un an et demi plus tôt, a profité de sa première année à la tête des Swans pour bluffer le Royaume, et se faire sa propre réputation.
Du jeu, du jeu, du jeu
Pourtant, lorsqu’il débarque au pays de Galles, l’affaire est loin d’être dans le sac. En effet, les Swans viennent de terminer la saison précédente à la septième place, et malgré son jeu rapide, agréable à l’œil et loué par les observateurs, l’équipe affiche toujours de grosse lacunes, notamment dans la finition. Ainsi, sur toute la saison 2009-2010, les supporters ont vu leur équipe terminer dix-neuf matchs de championnat sans inscrire le moindre but. Frustrant, au vu du potentiel de l’équipe dans le jeu. C’est sur ce premier point que Brendan Rodgers va travailler. S’il conserve la philosophie de jeu instaurée par Roberto Martínez, puis Paulo Sousa, à savoir des passes courtes au sol, et un jaillissement rapide vers l’avant, le manager nord-irlandais apprend à ses joueurs à se montrer moins prudents, et à prendre des risques, une caractéristique d’ailleurs devenue norme dans sa philosophie à Liverpool.
Si les débuts sont plutôt contrastés, avec trois victoires et trois défaites pour les six premiers matchs de la saison, Swansea enchaîne ensuite avec une série de sept victoires, deux nuls et une défaite sur les dix matchs suivants. Surtout, les Swans ne laissent plus personne de marbre. Bien aidés par un recrutement audacieux, matérialisé par la venue de Scott Sinclair, arraché à Chelsea en fin de mercato, et le prêt de Fabio Borini en provenance de Stamford Bridge également, les Swans prônent un football très offensif et font du 0-0 leur meilleur ennemi. Il n’y aura d’ailleurs que trois rencontres durant toute la saison qui se termineront par ce score. Sinon, Swansea attaque, inflige quelques branlées au passage – deux 4-0, cinq 3-0 -, en prend une ou deux – 4-0 face à Q.P.R, notamment -, mais surtout, ne déçoit jamais son public en matière d’ambitions offensives. Sur le terrain, la révélation Sinclair, presque annonciatrice du cas Sturridge, ne cesse d’impressionner.
Scott Sinclair : Sturridge 1.0
L’Anglo-Jamaïcain, mis en confiance par les prérogatives de son coach, cartonne, et inscrira 19 buts en saison régulière, le même total qu’un certain Adel Taarabt, nommé meilleur joueur de Championship cette année-là. Derrière, c’est Ashley Williams qui attire les louanges par sa science du placement et la justesse de ses interventions, et les deux joueurs seront logiquement nommés dans l’équipe type de l’année en Championship en fin de saison. Après un mois de février exceptionnel, ponctué de cinq victoires en six matchs, et quatre clean sheets, Brendan Rodgers se voit logiquement récompensé par le titre d’entraîneur du mois. Un premier pas vers la gloire.
Car le Championship a cela de palpitant qu’en dehors des deux premiers du classement final, les quatre équipes suivantes doivent disputer les tant attendus play-offs. L’occasion de briller, ou de tout perdre. Pour les Swans, le tirage est compliqué, puisqu’ils sont alors opposés au Nottingham Forest de Billy Davies, dans lequel on retrouve Ryan Bertrand ou encore un certain Aaron Ramsey, et qui reste alors sur quatre victoires probantes. À l’aller, malgré l’expulsion de Taylor dès la deuxième minute, les Swans tiennent le choc et repartent avec un 0-0 à la maison, avant de terrasser Forest, 3-1, au Liberty Stadium. Assez pour s’offrir une finale aussi belle qu’inattendue face à Reading. Si Scott Sinclair restera toujours dans les annales comme l’homme de ce match, celui de la saison, à n’en pas douter, s’appelle Brendan Rodgers.
Par Paul Piquard