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Quand Angela Merkel monte au créneau

Par Côme Tessier, depuis Berlin
Quand Angela Merkel monte au créneau

Dès le premier match contre le Portugal, elle est apparue. Sans crainte des écrans géants. Prête à squatter les unes des journaux allemands, la télévision allemande et les tweets des joueurs allemands. Elle est omniprésente, célébrant les buts et les victoires sans choquer personne. Et si Angela Merkel était le secret de la réussite allemande ?

En 2010, en plein débat sur l’immigration en Allemagne et alors que sa politique est quelque peu critiquée, Angela Merkel sent le filon idéal pour redorer son image. L’Allemagne vient de faire une belle compétition, sans victoire au bout, mais avec du talent, de l’audace et du beau jeu. Sa présence au Cap avait vu l’Allemagne exploser l’Argentine en quart de finale. Encore mieux : les éliminatoires de l’Euro 2012 proposent un match contre la Turquie. Angela s’offre donc une visite dans les vestiaires et une photo en compagnie de la grande star Mesut Özil, d’origine turque. Elle en tailleur vert, lui torse nu. Mais le message principal est là : l’intégration fonctionne, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes en Allemagne.

La prestation est savamment orchestrée par le service communication de la chancelière. Mais il montre bien la singularité du rapport entre Merkel et le football. Un lien fort, récurrent, qui permet « de la voir sous un autre visage que celui qu’on lui connaît » , estime le Spiegel. Comme le précise Christoph Biermann, journaliste à 11Freunde, il ne faut pas négliger l’aspect calculateur de Mutti Merkel. « Elle sait attirer de la sympathie médiatique lors de ces rencontres internationales » et en profite, montrant qu’elle sait célébrer un but et une victoire, « elle qui apparaît le plus souvent froide et distante » . Cette Merkel qui se lève d’un bond sur le but de Mats Hummels contre le Portugal, devant plus de 26 millions de téléspectateurs allemands, se veut comme une allemande ordinaire, partie prenante de la Fußballkultur (la « culture du football » , un concept très en vogue de ce côté du Rhin) et simple supportrice de son pays pendant la Coupe du monde.

La muttivation ?

En 2014, le processus est donc le même. La photo est une copie quasi conforme de celle de 2010. Angela Merkel au milieu des joueurs à demi-dénudés. Cette fois-ci, c’est l’esprit de groupe et de corps qui est célébré. La chancelière dans son tailleur rouge s’intègre au décor. Elle pourrait être un membre du staff technique allemand comme un autre. Bild embraye en offrant sa une du mercredi à la « Muttivation » inspirée par Angela. Chacun y va de son commentaire sur le rôle incarné par la chancelière. Un rôle qui n’est plus une surprise pour personne, comme le souligne Christoph Biermann. « On ne s’attend pas à la voir à toutes les rencontres de l’Allemagne, mais sa présence n’étonne personne aujourd’hui. La seule question aujourd’hui est de savoir quand on va la revoir : en huitièmes, en finale… ? Elle est chancelière depuis si longtemps que c’en est devenu un rituel. »

Un rituel sympathique, fait de moments spontanés et de célébrations naturelles. Mutti Angie peut se le permettre par sa longévité au pouvoir, mais surtout parce qu’elle a su cultiver très tôt une image d’amatrice du ballon rond et qu’elle la cultive soigneusement. Ainsi a-t-elle déjà raconté plusieurs fois dans les médias sa présence au Zentralstadion de Leipzig en 74 pour un match entre la RDA et l’Angleterre ou son épopée dans un bar de Bonn pour la victoire à l’Euro 96. Sans oublier de préciser, lorsqu’elle s’adresse au Süddeutsche Zeitung, qu’elle ne se contente pas de l’Allemagne, mais suit également « les performances italiennes et brésiliennes à la télévision » depuis de nombreuses années.

Merkel une Kanzlerin

Merkel domine ainsi nettement le jeu de la présence politique au stade. Elle a pourtant eu de dignes prédécesseurs, en Allemagne notamment. En 1996, « en profitant de la proximité de Berti Vogts avec la CDU, Helmut Kohl avait félicité les joueurs dans les vestiaires après la victoire à l’Euro, explique Christoph Biermann. C’est la première fois qu’on voyait un homme politique le faire. » Deux ans plus tard, la France avait chopé le virus pour un duel au sommet entre Chirac et Jospin. Même Gerhard Schröder, dans un style plus discret, s’y était essayé. Mais aujourd’hui, la marque de fabrique appartient à Merkel. Même dans leur imitation réussie de la photo d’équipe, le couple royal néerlandais ne peut rivaliser. Il n’y a qu’une Mutti. À qui il ne manque, en fait, plus qu’une vignette Panini pour compléter la collection.

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