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Quagliarella, sur un air de Di Natale
À 35 ans, Fabio Quagliarella a déjà inscrit 16 buts cette saison. Comme Antonio Di Natale il y a quelques années, il se bonifie avec le temps.
Il y en avait 35. 35 belles bougies. Mercredi dernier, Fabio Quagliarella a donc pris une grande inspiration, et a soufflé très fort sur le gâteau préparé pour son anniversaire. « Tanti auguri a te, tanti auguri a te Fabio ! » On applaudit, on prend une photo, et le voilà officiellement à mi-chemin entre la trentaine et la quarantaine. Un âge où, en général, un footballeur commence sa descente vers la fin. L’âge où l’on se dit qu’une petite pige exotique ne serait pas de refus. L’âge où il devient difficile, pour un attaquant, de dépasser la barre des dix buts. Mais pas pour Fabio Quagliarella.
Pour lui, entrer dans sa trente-sixième année signifie être dans la forme de sa vie. 16 buts en 22 matchs de Serie A. Aussi fou que cela puisse paraître, c’est déjà le meilleur bilan de sa carrière, lui qui n’avait jamais dépassé le seuil des 13 buts en une saison. Des performances qui rappellent furieusement celles d’anciens buteurs italiens qui se sont bonifiés avec le temps : d’Antonio Di Natale à Luca Toni, en passant par Marco Di Vaio, Sergio Pellissier ou Cristiano Lucarelli.
Meilleur buteur en activité
Dans le cas de Quagliarella, il s’agit surtout d’une libération mentale. Pendant des années et des années, l’attaquant a vécu avec le spectre de ce policier napolitain qui lui faisait du chantage. Après un procès qui a duré des lustres, le policier en question a été condamné en février dernier à quatre ans et huit mois de réclusion. Une décision qui permet alors à Quagliarella de faire enfin la paix avec les tifosi napolitains, qui n’avaient jamais compris ni accepté son départ de Naples (sa ville natale, rappelons-le) pour la Juventus. Forcément un poids en moins, lorsque l’on connaît la relation qui unit le joueur au club partenopeo. « Mon père et mon frère suivaient le foot tous les jours, raconte-t-il au Corriere dello Sport. Ils étaient supporters de la Juve Stabia et du Napoli, mon père avait les deux abonnements. Dans ma chambre, j’avais le poster du Napoli, celui de Maradona évidemment. Diego nous a aidés à être fiers d’être napolitains. »
Ce complexe oedipien résolu, Fabio a enfin pu jouer libéré, et a terminé la saison 2016-2017 avec douze buts au compteur. Et l’exercice en cours a débuté sur les chapeaux de roue. Depuis début décembre, notamment, les statistiques de Quaglia font tourner la tête : neuf buts sur ses huit derniers matchs de Serie A, dont un triplé et deux doublés. À croire qu’il prend très au sérieux son nouveau statut : de fait, depuis la retraite de Totti et le départ de Gilardino vers Spezia (en Serie B, donc), Quagliarella est officiellement le meilleur buteur de Serie A en activité, avec 124 réalisations. Dans son viseur, des monstres : Andrey Schevchenko (127), Gianni Rivera (128) et Roberto Bettega (129).
Torino et Mazzarri, un saut dans le passé
Ironie du calendrier, pour son premier match après avoir fêté ses 35 ans, Quagliarella a retrouvé samedi dernier le Torino (1-1), club dont il a porté les couleurs à trois reprises, de 1999 à 2002, en 2004-2005, et de 2014 à 2016, avec plus ou moins de fortune. C’est en tout cas avec le maillot du Toro qu’il a fait ses grands débuts en Serie A, le 14 mai 2000. « J’ai débuté avec le Torino à 17 ans. Mondonico m’avait fait entrer en deuxième mi-temps face à Piacenza, sur le côté gauche, quasiment latéral. Cela a été une émotion incroyable, car je ne m’y attendais pas. Le jour d’avant, j’étais avec la Primavera, et là je me retrouve sur le terrain en Serie A. J’étais un gamin, je ne comprenais plus rien. Un déluge de surprises. »
Quagliarella a également croisé sur le banc adverse un coach qui a eu une certaine importance dans sa carrière : Walter Mazzarri, son entraîneur lors de sa saison napolitaine, en 2009-2010. Quaglia avait d’ailleurs été le premier buteur de l’ère Mazzarri au Napoli (lors d’un Napoli-Bologne) et s’était distingué cette saison-là par quelques buts décisifs (ses doublés face à Bari à l’Atalanta, son but face à la Juve lors d’un succès 3-1, entre autres).
Comme si de nombreuses étapes de sa carrière s’étaient réunies en un seul et même match samedi après-midi. Son 389e match en Serie A.
Par Éric Maggiori