- Mondial 2022
- Gr. A
- Pays-Bas-Qatar (2-0)
Qatarstrophique !
Battu par les Pays-Bas ce mardi, le Qatar finit donc son Mondial sur un troisième revers en autant de rencontres. Au-delà du fiasco comptable, les locaux ont affiché un niveau insuffisant.
À jamais le premier pays du Moyen-Orient à organiser une Coupe du monde. À jamais les premiers organisateurs à perdre leur match d’ouverture. Et pour finir, à jamais les premiers organisateurs à terminer leur propre Mondial avec un joli zéro pointé. Le Qatar aura été précurseur – pour une fois – sur de nombreux points. Malheureusement pour le petit émirat, sa propre Coupe du monde aura été un authentique échec. Champions d’Asie en titre, les locaux présentaient un certain statut qu’ils n’ont jamais su assumer. « Évidemment, je ne parle pas de gagner la Coupe du monde, mais jouer à un bon niveau contre ces trois adversaires est notre défi. Après, c’est le foot et tout peut arriver. En contre, nous pouvons être dangereux », expliquait Félix Sánchez Bas, le sélectionneur, à Marca, quelques jours après le tirage.
Un but, au moins…
Défi manqué puisque les Grenats ont été particulièrement faibles. Le 2-0 concédé face à l’Équateur a donné le ton de trois performances indignes du plus haut niveau international. Peut-être était-ce la pression du match inaugural devant le gratin du foot et de l’émirat ? Si leur prestation face aux Sénégalais a été un peu meilleure, les Qatariens ne se sont pas non plus transformés en rouleau compresseur, et n’ont bousculé les Lions de la Téranga que quelques instants. Face au Sénégal, Mohammed Muntari a tout de même inscrit l’unique but de la sélection lors de ce Mondial, ne permettant pas à son à pays de rentrer dans le cercle très fermé des nations n’ayant jamais marqué en Coupe du monde (Indonésie, Zaïre, Chine, Trinité-et-Tobago).
Quand on voit le Japon battre l’Allemagne, l’Arabie saoudite éteindre l’Argentine, et la Corée du Sud perdre, mais jouer décemment, on en vient à se demander comment le Qatar a pu remporter le titre continental en 2019. Pour ce Mondial, la fédération avait pourtant mis les petits plats dans les grands quant à la préparation. Dès le 2 juin, le groupe du technicien espagnol est allé se confiner en Espagne, puis en Autriche pour aborder au mieux sa compétition. Un stage longue durée ultra confidentiel, sans média, sans spectateur, et même sans sponsor. « On a appris, et ces stages et ces matchs amicaux en Europe nous ont permis de beaucoup bosser physiquement et tactiquement surtout. La concentration, les déplacements, les replacements, les coups de pied arrêtés, les centres… Toutes ces choses qu’il fallait améliorer. Il n’y a pas de secret : plus tu travailles avec le même effectif, en répétant les exercices, plus tu progresses », détaillait Karim Boudiaf, juste avant le début du tournoi, pour So Foot.
Même si les matchs amicaux ne veulent pas forcément dire grand-chose, la défaite en septembre dernier face aux Espoirs croates (0-3) ne présageait donc rien de bon. Ce mardi, face à des Néerlandais absolument apathiques et qui n’avaient pas le droit de faire autre chose que trottiner ou marcher, les locaux n’ont rien fait, rien proposé. Même pas un semblant de révolte. Comme s’ils avaient été dégoûtés par le niveau de leurs adversaires. « Nous, on a joué la Coupe d’Asie, la Copa América, la Gold Cup. On a l’expérience des gros tournois », nous assurait pourtant Karim Boudiaf. Ce fiasco signe également un premier gros échec dans le projet Aspire, qui était censé assurer au Qatar une équipe fiable. Il faudra peut-être encore attendre trois ans et demi pour voir les bienfaits de cette académie.
Par Léo Tourbe