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Putain de bête noire

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Putain de bête noire

1986, 1998, 2006... Que des bons souvenirs pour les Bleus. Pour les Brésiliens, des défaites amères qu'ils n'ont toujours pas digérées.

L’histoire des France-Brésil en Coupe du Monde ne pouvait pas mieux commencer pour la Seleção. Le 24 juin 1958, la bande à Pelé, Garrincha, Didi et compagnie explose la France 5-2 en demi-finale du mondial suédois, non sans avoir fait voler en éclats la jambe du pauvre Robert Jonquet, victime d’un attentat de Vava, qui avait ouvert le score dès la 2e minute de jeu. A l’époque, pas de remplacement, du coup, les Français évoluent à dix contre onze à partir de la 34e. Dommage, entre-temps, Justo avait égalisé à la 9e. Traumatisés par la vision de leur pote Robert en train de ramasser les miettes de son péroné sur le bord du terrain, les p’tits Bleus se prennent un pion de Didi quelques minutes plus tard, juste avant la pause. En seconde mi-temps, ils se font humilier par un gamin de 17 ans, un certain Edson Arantes do Nascimento, qui leur colle un triplé en 25 minutes. La réduction du score de Piantoni en fin de match n’y changera rien. Les Brésiliens fêtent leur nouveau héros, le Roi Pelé, qui en plantera deux autres contre les Suédois en finale. Il faudra attendre vingt-huit ans pour que l’équipe de France lave l’affront, au stade Jalisco de Guadalajara.

1986, le péno de Zico

21 juin1986, tout les Français se souviennent de la joie de Fernandez, auteur du tir au but qui envoie les Bleus en demi-finales de la Coupe du Monde mexicaine, au terme d’un match d’anthologie. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, ce n’est pas Luis qui a marqué les esprits. Le Français qui, aujourd’hui encore, fait cauchemarder les Brésiliens, c’est Joel Bats, « celui qui a arrêté le penalty de Zico » . Tout juste remis d’une grave blessure au genou, le « Pelé Blanc » , a passé la plupart du mondial sur le banc. Quand Telê Santana lui donne à nouveau sa chance à un quart d’heure de la fin du match contre les Bleus, il sait qu’il est attendu comme le messie par tout un peuple. Il ne tarde pas à prendre ses responsabilités : sur son premier ballon, il glisse une lumineuse ouverture à destination de Branco, qui se fait faucher dans la surface par le gardien français. Et là, c’est le drame… Décidé à tirer lui-même le penalty, sa frappe trop molle est captée par Bats. 1-1, le score n’évolue pas et les équipes devront se départager aux tirs au but. Mais dans la mémoire collective brésilienne, la rencontre est restée bloquée à 76e minute. Plus personne ne se souvient vraiment de cette séance qui a vu Socrates, Julio César – mais aussi Platini pour la France – échouer eux-aussi dans cet exercice. Et même si certains rappellent qu’il a eu le cran de se présenter une seconde fois face à Bats pour cette fois marquer tir au but, la plupart des Brésiliens ne lui ont toujours pas pardonné.

1998, la théorie du complot

Douze ans plus tard, plutôt que de s’acharner sur un coupable idéal, ils préfèrent crier au complot. Quelques minutes avant la finale, une première feuille de match indiquait que Ronaldo serait sur le banc. Finalement, Il Fenomeno jouera l’intégralité de la rencontre et ce n’est que bien plus tard qu’on apprendra qu’il aurait eu une crise d’épilepsie quelques heures avant de fouler la pelouse de Saint-Denis. A partir de là, les rumeurs les plus folles commencent à courir. Edmundo, qui aurait dû prendre sa place, jette un premier pavé dans la mare en affirmant que Ronaldo aurait été « obligé » à jouer la finale par Nike, sous peine de rupture de son contrat publicitaire. Mais le pire reste à venir : la Fifa aurait « acheté » sa Coupe du Monde, pour aider la France à résorber ses problèmes socio-économiques. Les joueurs et l’encadrement de la Seleção auraient accepté de laisser filer le match en échange de primes mirobolantes, voire de l’assurance que leur pays serait favorisé par l’arbitrage en 2002 et qu’il recevra la compétition en 2014… Aujourd’hui encore, cette défaite reste en travers de la gorge de la plupart des Brésiliens, pour qui il est tout simplement impossible qu’une équipe « sans tradition » comme la France en passe trois à celle qui détient le record de victoires en coupe du monde.

2006, les chaussettes de Roberto Carlos

Huit ans plus tard en Allemagne, les Brésiliens n’en veulent pas tant que ça à l’équipe de France. Ils reconnaissent de façon unanime le génie de Zidane et préfèrent s’acharner sur leurs propres joueurs pour expliquer cette troisième défaite de rang face aux Bleus. En cause, l’ambiance de Carnaval qui régnait au QG de la seleção, qui s’est transformé en cirque pour journalistes, où les joueurs faisaient la fête sans arrêt sous l’œil des caméras. Mais c’est surtout Roberto Carlos qui paiera les pots cassés. Les images du gaucher ajustant des chaussettes au lieu de suivre Henry qui s’en allait reprendre le centre de Zizou au second poteau sont passées en boucle sur toutes les télés brésiliennes. Si les Brésiliens s’inclinent une nouvelle fois au Stade de France mercredi soir, qui sera le bouc émissaire ?

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