- Bilan 2012/2013
- Ligue 1
Puel, les Niçois lui disent merci
En début de saison, l'OGC Nice visait le maintien. Rien de plus. Dix mois plus tard, les Aiglons accrochent une énorme quatrième place, un billet pour la Ligue Europa, l'admiration de tout le monde et la fierté de toute un département. Derrière tout ça, Claude Puel, le revanchard sans sourire.
Quand Claude Puel parlait de l’OGC Nice et son « potentiel Ligue des Champions » en début de saison, on se foutait de sa gueule. Les journalistes en tête. Comment une équipe habituée au bas de tableau pouvait-elle s’enflammer à ce point avec le seul renfort de Claude Puel, tout excellent entraîneur qu’il est ? D’autant que le mercato ne faisait rêver personne : Joris Delle, Eric Bautheac, Jeremy Pied, Thimothée Kolodziejczak et Dario Cvitanich. Des jeunes et un mec de 28 ans qui s’est planté à l’Ajax Amsterdam. Le tout pour 450 000 euros, puisque le club n’a pas une thune. Difficile d’imaginer une telle conclusion…
Dimanche, après un belle victoire à Ajaccio avec le 19ème caramel de Cvitanich, l’OGC Nice a terminé sa saison à la quatrième place. Devant Saint-Etienne, Lille, Bordeaux et Montpellier. Respect. Ce Gym-là aura tout simplement montré que les noms et l’argent ne servent à rien sans une cohésion et une envie de construire quelque chose ensemble. Dans cette folie, l’architecte s’appelle Claude Puel. Un mec brisé par son passage lyonnais et qui venait se relancer à Nice. Un vrai pari. Plus pour lui que pour le club. Au final, la méthode Puel marche toujours. Elle s’est même bonifiée. Du jeu en mouvement autour d’une colonne vertébrale qui respecte les consignes (Ospina, Civelli, Digard), des jeunes qui envoient du jeu (Bauthéac, Kolodziejczak, Genevois, Pied, Bosetti et les deux révélations Eysseric et Maupay) et une part de chance au bon moment.
Un nouvel écrin comme point de départ
Mine de rien, Nice aura quand même pris des baffes à Gerland, Geoffroy-Guichard, au Parc des Princes et à Annecy. A chaque fois, le Gym s’est relevé. Les blessures et les suspensions n’ont pas arrêtés de pourrir les semaines, mais l’équipe n’a jamais flanché. Contre Montpellier au Ray, c’est le jeune Bahoken qui sort de nulle part pour planter un doublé. A Bastia, c’est Maupay qui valide les trois points. Même Meriem et Abriel auront joué un rôle prépondérant Bref, les Niçois auront joué avec leur meilleure arme : le cœur. Et pour l’irriguer, les ouailles de Claude Puel ont pu compter sur un élément de poids : les supporters. Derrière la populaire Sud (anciennement BSN avant que la loi ne passe par là), les fans azuréens ont assuré l’ambiance toute la saison. Après la victoire à Rennes, ils étaient une chiée à attendre les leurs à l’aéroport de Nice. Idem dimanche soir près du centre d’entraînement (complètement obsolète) où l’équipe fanion s’est pris son petit bain de foule populaire pour fêter la chose. A Nice, on est (re)tombé amoureux de son club.
Hasard ou pas, cette saison coïncidait avec l’adieu au Ray. Un adieu qui sera définitif en septembre prochain quand le club emménagera définitivement dans son Allianz Riviera flambant neuve calée dans la plaine du Var. Partir du Ray, c’est tourner une page d’histoire. Le Ray puait le football populaire. Le stade du centre ville a vu défiler des drôles de gueules : de René Fioroni, l’ailier aux lunettes à Jules Bocandé en passant par Charly Loubet, Nice a toujours su ressembler aux siens. C’est comme un film à la Lautner. Peuplé de gueules.
Avec ce nouveau stade, Nice doit franchir le pas. Cinquième ville du pays calée dans un département bourré d’oseille, le club est pourtant à l’opposé. Il est humain, populo, fort en bouche, niçois. Du boucher à l’épicier, les écharpes du Gym s’affichent partout. Alors certes, ils n’étaient pas beaucoup au début des années 2000 à encore trainer les pieds au Ray. Mais la donne a changé. Coincé entre le monstre médiatique marseillais et l’ogre financier monégasque, Nice doit exister. Nice veut exister.
L’Europe trop tôt ?
Depuis l’arrivée de Jean-Pierre Rivère à la tête du Gym, un projet a vu le jour. Il concerne les jeunes, déjà. Vainqueur de la Gambardella l’an dernier, le vivier est dans les murs. La réserve vient d’ailleurs de valider sa montée en CFA. Dans les cartons, un projet de centre d’entraînement est à l’étude. Nice veut grandir. Mûrir. Et devenir un club qui compte. Pour ce faire, il faudra confirmer et garder ses hommes forts. A priori, Renato Civelli ira voir ailleurs. On sait Digard (Espagne), Pejcinovic, Cvitanich et Bauthéac convoités. Mais la cellule recrutement est déjà dans la place. Nampalys Mendy, le crack de l’AS Monaco pourrait arriver gratis (fin de contrat). Quand on se remémore la dernière campagne de recrutement, on peut s’attendre à des belles choses.
Malgré tout, il faudra composer avec l’Europe. Une qualification qui arrive (trop ?) tôt et qu’il faudra digérer. Notamment dans les tronches histoire de ne pas s’éparpiller, surtout. Quoi qu’il en soit, l’OGC Nice reste l’équipe surprise de cette saison. C’était beau, c’était grand, c’était bandant. Il n’en faut pourtant plus pour que Claude Puel fasse un sourire. Il sait que Rome ne s’est pas construit en un jour. Alors pour le sourire, on repassera. Merci Claude.
Par Mathieu Faure