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Puel, départ en première
Après une nouvelle défaite subie par les Foxes contre Crystal Palace, Claude Puel a été limogé par Leicester. Une première pour le Français arrivé en octobre 2017, qui n'avait encore jamais été licencié en cours de saison dans sa carrière.
Depuis quelques mois, ou plutôt depuis qu’il était arrivé en octobre 2017, il semblait assis sur un siège éjectable constant. Chaque nouvelle défaite, chaque match nul un peu décevant, chaque contre-performance l’approchaient toujours un peu plus de l’abîme quand les victoires ne permettaient que de placer une basse barrière entre lui et le vide. Et ce 24 février 2019, le sol s’est dérobé comme on pouvait s’y attendre. Après une sévère défaite à domicile contre Crystal Palace (4-1), Leicester a viré Claude Puel au même titre que son adjoint Jacky Bonnevay.
« Leicester City Football Club s’est aujourd’hui séparé de Claude Puel, qui quitte son poste d’entraîneur avec effet immédiat, a annoncé le site officiel des Foxes sur Internet. Le club remercie Claude pour ses efforts dans la gestion du club durant ses seize mois à la tête de l’équipe et lui souhaite le meilleur pour la suite de sa carrière. » Simple, tranché et prévisible.
Et en chiffres, ça donne quoi ?
Car si les résultats des Foxes ne sont pas catastrophiques cette saison, l’ambiance n’était pas la meilleure qui soit au sein du vestiaire. Le cadre Jamie Vardy, pas considéré comme un titulaire indiscutable par Puel, n’a par exemple pas hésité à afficher ses états d’âme dans la presse tout en indiquant qu’il n’adhérait pas totalement aux idées de jeu de son entraîneur. De plus, les dirigeants de Leicester estiment désormais que leur entité n’évolue plus au regard des dernières prestations de l’équipe : si cette dernière a battu coup sur coup Chelsea et Manchester City à la fin du mois de décembre, elle reste actuellement sur une bien mauvaise série (trois défaites consécutives, huit matchs sans victoire toutes compétitions confondues) et sa douzième place en Premier League (à 18 points de la zone de qualification européenne, l’ambition à plus ou moins long terme des décideurs) déçoit.
Pourtant, le bilan comptable global du Français – qui était sous contrat jusqu’en 2020 – n’est pas si mauvais. Avec le champion d’Angleterre 2016, le technicien a grappillé 1,25 unité par rencontre (70 en 56). De faibles chiffres ? Pas tant que ça dans un championnat aussi compétitif que la Premier League, où les gros poissons (City, Manchester United, Liverpool, Tottenham, Chelsea, Arsenal) nagent avec des crustacés de bonne qualité (Everton, West Ham…). Certains diront qu’il a sous-performé au regard de l’effectif à sa disposition, d’autres qu’il a subi un acharnement dès son premier jour et même quand les siens squattaient le sixième rang. En réalité, l’ancien de Lille ou de Nice se trouve dans la moyenne : depuis qu’il a remplacé Craig Shakespeare il y a un an et demi, dix teams ont rapporté davantage de points que la sienne.
Dégagé en cours de saison ? Inédit
Préférant les projets à long terme (basés notamment sur le lancement de jeunes pousses) aux aventures d’un coup, Puel est habitué à voir ses mariages interrompus assez tôt. Ce fut le cas à Southampton en 2017, ainsi qu’à l’Olympique lyonnais en 2011. En revanche, le coach ne connaissait pas la sensation de se faire éjecter en plein cours de saison sans avoir le droit de terminer l’exercice qu’il avait entamé.
À 57 ans, l’ex-Monégasque s’aperçoit donc qu’il a encore quelques sensations à découvrir – aussi désagréables soient-elles – dans une carrière démarrée il y a plus de vingt ans. Lui qui souhaitait connaître autre chose que l’Hexagone en passant les frontières pour la Grande-Bretagne a, au gré de ses deux dernières expériences, pris du plaisir, souffert, entendu des légendes comme Peter Schmeichel le critiquer presque gratuitement, observé un football différent, côtoyé des univers divers… mais n’a pas pu aller jusqu’au bout, de ces idées comme de son projet. Reste qu’il a encore grandi, et que ses compétences pourraient faire le bonheur de pas mal de clubs s’il revenait par ici.
Par Florian Cadu