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Puel à Nice, pour quoi faire ?
Un an loin des bancs et revoilà Claude Puel, l'architecte du LOSC, à la tête d'un escouade de Ligue 1. Le choix peut surprendre, ça sera Nice. Et pour trois ans, mais surtout, pour quoi faire ? Le projet est encore flou, et les caisses sont vides.
« Pour Claude Puel, le ballon n’a pas encore franchi la ligne, mais on n’en est pas loin. Il faut des fondations, des gens capables, il faut aller chercher les bonnes personnes. Un profil comme celui de Claude Puel peut être intéressant, si on arrive à franchir cette ligne qui nous manque jusqu’à maintenant. S’il signe demain, on a un gros chantier. On a un gros potentiel à Nice. Les infrastructures arrivent, le grand stade, c’est juin 2013. On a besoin de plus de rigueur, de professionnalisme. On a besoin de structurer ce club. Pour Puel, ce serait un contrat de trois ans. » C’est par ces mots, balancés sur les ondes de RMC hier après-midi, que le président niçois, Jean-Pierre Rivère, annonçait l’arrivée de l’ancien coach lyonnais sur le banc du stade du Ray. Dans la matinée, le patron du Gym s’était également décidé à ne pas continuer l’aventure avec René Marsiglia, pourtant auteur d’un parcours plus qu’honorable depuis son arrivée en remplacement d’Éric Roy en novembre dernier.
Puel à Nice, ça peut surprendre. On parle quand même d’un mec demi-finaliste de la Ligue des champions en 2011 avec l’Olympique lyonnais. Que vient faire l’ancien habitué du top 5 dans un club sans argent et qui vient de sauver sa tête à l’ultime journée du dernier exercice ? Construire. Tout simplement. Parce que Puel est un bâtisseur avant tout. Un homme qui a besoin de temps. Tel un diesel. À Lille, il a eu six ans pour ériger un modèle. Un état d’esprit. Une culture. Un style. À Lyon, il a hérité d’une dictature de vestiaire qu’Alain Perrin avait laissé en bordel à coups de vannes de GO du Club Med, malgré un doublé coupe-championnat. Oui, Puel s’est mangé un mur dans le Rhône. Mais il n’est pas le seul responsable. N’en déplaise à Jean-Michel Aulas. Depuis, il panse ses plaies. Un an loin des bancs, c’est long. Alors quand le Gym pense à lui, il hésite. Un peu. Il connaît la région par cœur (il a passé 24 ans à Monaco en tant que joueur, puis entraîneur) et sait que l’OGC Nice veut grandir. Dans un an, les Aiglons quitteront l’obsolète stade du Ray pour leur nouvelle enceinte ultramoderne. Les U19 viennent de kidnapper la Gambardella et les ambitions azuréennes refont surface. Au sein du club, on a envie de passer à autre chose. De s’inscrire dans la durée. De s’éloigner de la zone rouge au classement. On veut construire quelque chose. Pour ce faire, il faut un homme de projet. Sur le marché, ils ne sont pas nombreux avec ce CV.
Letizi dans le staff
Faire venir Puel au pays de Jenifer, c’est fort. Dans les bureaux du club niçois, on annonce la couleur. On veut sortir la tête de l’eau. Mais un coach seul ne suffira pas à redresser un club qui souffre depuis le départ de Frédéric Antonetti en 2009. Pour le moment, Marsiglia ne quitte pas le club en solo. Tout le staff devrait être lourdé (Gioria, Valencony et vraisemblablement Roy). Pour l’épauler dans sa tâche, quelques anciens du club pourraient prendre du grade. Pour le moment, on parle de Lionel Letizi pour encadrer les gardiens. Olivier Echouafni aurait également proposé ses services. On aimerait qu’un Cyril Rool y trouve son bonheur. Pour le fun. Puel ne vient pas uniquement poser son cul sur un banc. ll devrait hériter d’un titre – toujours pompeux – d’entraîneur-manager « à l’anglaise » . Une manière de limiter considérablement les prérogatives d’un mec comme Eric Roy. Ainsi, le nouveau coach aura la charge de toute la politique sportive du club. Du recrutement à la tactique en passant pas les entraînements. De quoi poser sa griffe sur l’identité d’une équipe dont les cadres devraient rester (Digard, Anin, Monzón, Clerc, Civelli). Une fois ses hommes du banc en place, Puel lorgnera sur sa came : son équipe.
Et là, le chantier est grand et le porte-monnaie à sec. Un seul mot d’ordre : être malin. Et persuasif. Des blases circulent déjà (Kadir, Kranjčar, Corgnet, Douchez, Balmont) mais la priorité absolue demeure un buteur. Avec le départ d’Eric Mouloungui vers Al-Wahda, club des Émirats arabes unis, le Gym se retrouve à poil niveau avant-centre. Sans parler des mecs à lourder (Abriel, Meriem, Guié-Guié). Le chantier est vaste. Le carnet d’adresses de Puel va devoir servir. Dans cette histoire, Nice n’a pris aucun risque. C’est plutôt bien joué, même. Puel, en revanche, joue gros. Après Lyon, s’il se rate une nouvelle fois à Nice, il aura du mal à s’en remettre. Pour le moment, sa cote de popularité est toujours intacte. On sait le mec sérieux, rigoureux, exigeant sur la préparation physique et sur la discipline. À l’inverse, le mec n’est pas le plus funky dans son domaine. On va suer plutôt que se marrer. À Lille, il avait mis deux ans avant de récolter les fruits de son travail. Aura-t-il autant de temps sur la Côte d’Azur ? Difficile à dire. Une chose est certaine, pour la première fois depuis deux ans, le Gym semble avoir posé, sur le papier, la première pierre d’un plan sportif cohérent à moyen terme.
Par Mathieu Faure