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PSG : victimes et gagnants de l’ère qatarie

Par Nicolas Jucha
PSG : victimes et gagnants de l’ère qatarie

Depuis l'été 2011, QSI a beaucoup investi pour faire de son PSG l'une des meilleures équipes du continent. Sans hésiter à faire le ménage dans l'effectif en poussant dehors des joueurs comme Mathieu Bodmer, qui retrouve ce samedi son ancien club sous les couleurs de Nice.

Quand le fonds d’investissements qatari QSI rachète 70% des parts de Colony Capital le 30 juin 2011, le PSG est un club en timide renouveau, mais en rien la machine de guerre que son nouveau propriétaire veut bâtir. Quatrième du championnat, mais absent de la Ligue des champions depuis 2004-2005, le PSG s’appuie alors sur de très bons éléments, mais aucune star d’envergure internationale. Pour pallier cette carence, 90 millions d’euros sont investis sur neuf joueurs dès l’été 2011. Parmi eux, le très cher Javier Pastore (43 millions), mais aussi Salvatore Sirigu, Jérémy Ménez, Blaise Matuidi ou encore Milan Biševac. Un an plus tard, le Qatar passe la seconde avec Zlatan Ibrahimović, Thiago Silva, Marco Verratti ou encore Ezequiel Lavezzi. Du lourd tant en quantité qu’en qualité, de quoi pousser vers la sortie de nombreux éléments antérieurs aux ambitions démesurées du club parisien, qu’ils ne soient pas assez bons, pas assez forts mentalement, ou tout simplement pas assez glamour…

Une longue liste de perdants

Chronologiquement, le premier cocu de l’ère QSI pourrait être Nicolas Douchez, paradoxalement encore au club quatre ans plus tard. Quand il signe à Paris à l’été 2011, il est en fin de contrat à Rennes et apparaît comme un futur pilier du onze rouge et bleu, à tel point que Frédéric Antonetti déclare dans le Parisien que « Paris a de la chance » . Mais son ancien protégé déchante vite avec l’arrivée de Salvatore Sirigu : une blessure pendant la préparation offre une opportunité de briller à l’Italien, Douchez ne revoit plus le statut de numéro un… Si, cette place de titulaire, l’ancien de Rennes n’a fait que l’apercevoir avec l’arrivée de QSI et de son directeur sportif Leonardo, d’autres l’ont perdu progressivement, à l’image de Mamadou Sakho, Guillaume Hoarau ou encore Mathieu Bodmer. Ce dernier, titulaire toute la saison 2011-2012, sort des petits papiers de Carlo Ancelotti dès l’été 2012. Il faut dire que Thiago Motta a débarqué au mercato d’hiver et que le grand espoir Marco Verratti a quant à lui rejoint le club durant l’été…

Une situation comparable à celle de Mamadou Sakho : emblème du club parisien, il a finalement acté son départ à l’été 2013 après avoir vu arriver un nouveau concurrent à quasiment chaque période de transfert, à savoir Alex (hiver 2012), Thiago Silva (été 2012) et Marquinhos (été 2013). Dans SoFoot Junior #10, l’ancien entraîneur adjoint de Liverpool Jacques Crevoisier avait été sans équivoque : aussi bon soit-il, le Français ne peut tenir la comparaison avec les internationaux brésiliens. La nouvelle concurrence a eu raison de plus d’une ancienne gloire parisienne, mais dans certains cas, l’ancien de la maison Pierre Ducrocq estime que les « victimes » n’ont pas forcément démérité, à l’image de Kevin Gameiro : « On ne peut pas parler d’échec pour lui à Paris, car ses statistiques étaient très intéressantes (9 buts après 19 journées sous Antoine Kombouaré, comme titulaire, 2 buts durant le reste de la saison sous Carlo Ancelotti, 8 titularisations, ndlr) même s’il a perdu sa place en équipe de France » . Pour l’ancien milieu de terrain du PSG, le buteur « s’éclate aujourd’hui à Séville, mais aurait pu rendre des services à ce PSG » , il a simplement fait le choix de ne pas être un numéro 3 derrière les intouchables Ibrahimović et Cavani.

Nene et la trahison de Leonardo

Un choix que n’a bizarrement pas vraiment eu Nene : pilier lors de la première saison de QSI avec 21 buts (dont 9 sur penalty) et 10 passes décisives, le milieu offensif brésilien démarre 2012-2013 dans la peau d’un simple remplaçant. Comble de l’offense, Leonardo refuse de prolonger un contrat qui s’achève au mois de juin suivant – car « il y a le temps d’y réfléchir » – avant d’accepter une résiliation à l’hiver, alors que Nene a offert plusieurs passes décisives lors de ses rares apparitions. Cette gestion parfois déconcertante de cas individuels est à l’image du projet qatari : les résultats sportifs ne sont pas le seul critère d’évaluation, les acteurs du projet doivent également avoir le standing. À l’image d’un Antoine Kombouaré licencié fin 2011 alors que son groupe est leader du championnat, mais éliminé précoce en Ligue Europa. L’argument massue employé à l’époque pour justifier cette tête tombée : seule l’arrivée d’un technicien de renom international peut permettre de signer des stars. Six mois plus tard débarque Zlatan…

Malgré la montée en puissance du club parisien, certains joueurs de « l’ancien PSG » ont tout de même réussi à se faire une place. Soit en se sublimant, à l’image d’un Blaise Matuidi qui a pris une nouvelle dimension dans la capitale, soit en acceptant un rôle de GO, garant de l’atmosphère dans le vestiaire et plan B occasionnel pour pallier les blessures. C’est le cas de Zoumana Camara, devenu remplaçant de luxe et intime d’Ibrahimović, ou encore Ronan Le Crom, qui a obtenu des émoluments supérieurs à ses revendications pour faire le nombre à l’entraînement. Pour les autres, la résistance n’a pas été éternelle – Jallet tenant en respect Van der Wiel une saison complète – ou facilitée par les éléments extérieurs comme le fair-play financier. « Matuidi a réussi à se rendre indispensable parce qu’il n’avait pas la même concurrence que Gameiro » tempère Pierre Ducrocq, pour qui l’autre Français à avoir un temps tenu sa place, Christophe Jallet, « n’a pas démérité, mais n’incarnait peut-être pas le futur du club aux yeux des dirigeants qui, avec Van der Wiel et Aurier, ont misé sur des joueurs plus jeunes » .

Bientôt quatre ans après sa prise de pouvoir, QSI a fait de nombreuses victimes dans l’effectif parisien, la faute à l’impitoyable loi du joueur le plus fort. « Je ne pense pas que les dirigeants parisiens soient plus exigeants avec les joueurs moins médiatiques, mais les choses font que le PSG aujourd’hui a les moyens de se payer des joueurs de très haut niveau, qui plus est avec un certain charisme. Quand Ibra partira, ce sera d’ailleurs un autre gros poisson devant… »

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