- Ligue 1
- J34
- PSG-Lens (1-1)
PSG, un titre malgré tout
Le titre de champion de France du Paris Saint-Germain ne faisait plus guère de doutes depuis mercredi soir et la victoire à Angers, encore fallait-il éviter que les mathématiques ne viennent s'en mêler pour la bande à Mauricio Pochettino. C'est désormais chose faite, à l'issue du nul face à Lens, dans un Parc des Princes une nouvelle fois atone. Un dixième sacre national – record de Saint-Étienne égalé – qui laisse forcément un goût d'inachevé.
Qu’elle semble loin, cette soirée du 18 mai 2019 lors de laquelle le Parc des Princes célébrait son huitième titre au soir d’un large succès contre Dijon – sans parler des scènes de liesse aperçues du côté du Trocadéro en 2013. Doublé de Kylian Mbappé, feu d’artifice et festivités pour conclure une saison jalonnée de déceptions, déjà. Trois ans plus tard, l’enceinte de la porte d’Auteuil a vécu une nouvelle soirée sacrée ce samedi soir avec la réception du RC Lens, après un Hexagoal célébré depuis le canapé au printemps 2020 et un court exil du trophée dans le Nord l’an passé.
Une soirée pourtant loin d’atteindre les sommets connus par Geoffroy-Guichard un soir de juin 1981 pour célébrer la decima des Verts dans la foulée d’un dernier succès contre les Girondins de Bordeaux acquis grâce à un doublé de Michel Platini. Dans le Forez, ceux qui l’ont vécu – et même plus encore – se souviennent de la fête réservée à la bande de Robert Herbin voilà plus de 40 ans. Car c’est bien là que se situe désormais le PSG : au sommet du palmarès du football français, côte à côte avec l’ASSE. Pas sûr pourtant que d’ici quelques décennies, grand monde ne se souvienne de cette réception de Lens devant une tribune Auteuil muette, au cœur d’une fin de saison globalement morose pour le club de la capitale.
Champion sans saveur
« Se remettre à travailler », « Aller de l’avant », « Se concentrer sur le championnat »… Autant d’expressions servies à qui voulait encore l’entendre par Marquinhos et compagnie au soir de la déroute sur la pelouse du Real, début mars. Éliminés en Ligue des champions et en Coupe de France, battus lors du Trophée des champions à l’entame de la saison, les Parisiens le savent bien : il ne leur reste alors pas beaucoup d’options pour égayer quelque peu la fin d’une saison guère reluisante. La cuvée 2021-2022 restera comme celle des promesses infinies d’un mercato XXL étalées dans la douce chaleur d’août avant un match contre Strasbourg, avant de n’être jamais tenues. Par la suite, Mauricio Pochettino n’a eu de cesse de réclamer du temps pour trouver comment faire fonctionner le bolide, sans jamais vraiment y parvenir.
Résultat : un jeu rarement chatoyant, des émotions à ramasser au compte-gouttes pour les supporters et un plaisir bien trop rare devant le jeu proposé étant donné la qualité du casting. Le but d’Icardi dans les derniers instants face à Lyon en septembre ? Une énième illustration de ce PSG qui ne séduit pas, mais gagne à la fin, presque à chaque fois. À l’arrache. Battus quatre fois à autant de journées de la fin (contre cinq en 2012-2013 et 2018-2019, mais seulement deux en 2015-2016), les Rouge et Bleu ont également profité d’une concurrence moins régulière que la saison passée pour voguer tranquillement vers le sacre au fil des mois.
Le dernier revers en date, sur la pelouse de Monaco, posait d’ailleurs la question d’une fin de saison peu réjouissante, alors que beaucoup ont déjà hâte de passer à la suite. « L’objectif, c’est d’aller chercher le dixième titre de champion de France. Le reste, je pense que ça importe peu aux gens, balançait d’ailleurs Kylian Mbappé à l’issue du non-match en Principauté. On doit rester professionnels, on doit respecter les supporters qui nous soutiennent, les gens, nos familles. On va aller chercher ce 10e titre. (…) Il faut se respecter soi-même déjà, c’est important, si on a un minimum d’estime pour ce qu’on fait, pour ce qu’on veut être, pour ce qu’on aspire à être. On doit se respecter. »
Un dixième titre pour l’histoire
Du respect, voilà peut-être aussi ce qu’il faut poser sur cette consécration pour un club qui aura donc dominé la Ligue 1 à 10 reprises en 48 saisons dans l’élite. Difficile à imaginer pour Fernandez, Pilorget, Bats ou Rocheteau, pionniers en 1986. La faible qualité du jeu proposée ou la grogne des ultras envers une direction critiquée de toutes parts après les échecs répétés sur la scène continentale ne sauraient effacer l’accomplissement sportif remarquable que ce titre constitue. Huit titres en l’espace de dix saisons, jamais une domination n’avait atteint un tel paroxysme dans l’Hexagone.
« Il faut toujours donner de la valeur à la possibilité de gagner un titre de champion parce que quand on ne le gagne pas, cela devient un gros problème. À mon niveau personnel, il est très important, insistait d’ailleurs vendredi Mauricio Pochettino, vainqueur de son troisième trophée à Paris, après la Coupe de France de la saison dernière et le Trophée des champions de janvier 2020, reporté pour cause de Covid. Il l’est aussi pour les supporters et on espère qu’ils le célébreront avec nous, qu’ils accepteront de mettre entre parenthèses la situation actuelle, tout en sachant que les critiques demeurent constructives et que le club reste à leur écoute. »
Sur cet aspect-là, le technicien argentin n’a guère été plus entendu que son capitaine, Marquinhos, en colère après la victoire contre l’OM : « Je ne m’attendais pas à cette ambiance. Pour un Clásico, il faut mettre tout de côté, ce n’était pas le moment de faire cela. On le comprend, ils ont leurs arguments, ils n’ont peut-être pas les réponses, mais il fallait mettre l’orgueil de côté pour ce moment-là. Ils ont choisi. En tant que joueur, je ne suis pas d’accord. » Et ce n’est encore pas en ce samedi soir pourtant historique que tout ce petit monde se mettra à marcher à nouveau main dans la main à la conquête du seul titre à même de ramener l’euphorie des débuts : la Ligue des champions.
Par Tom Binet