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PSG : Tuchel, 149 secondes de répit
Alors qu’il jouait son avenir sur le banc du PSG face à Bergame, Thomas Tuchel est devenu le deuxième entraîneur, le premier depuis 25 ans, à hisser le club de la capitale dans le dernier carré de la Ligue des champions. Une qualification obtenue dans des circonstances incroyables et qui permet à l’Allemand d’envisager son avenir autrement à Paname, en attendant la suite...
149 secondes, à peine le temps de se faire la moitié du tube légendaire de Ménélik Bye Bye. C’est pourtant le laps de temps qui s’est écoulé entre le but de Marquinhos et celui de Choupo-Moting. 149 secondes qui ont changé le destin d’un quart de finale de Ligue des champions, mais aussi l’avenir de Thomas Tuchel sur le banc du PSG. L’Allemand serait-il toujours l’entraîneur du club de la capitale sans cette fin de match incroyable ? Sans doute pas malgré un quadruplé national. Encore sous contrat jusqu’en 2021 avec le PSG, Tuchel jouait gros à Lisbonne, quasiment sa tête, un an après l’échec inexplicable de Manchester United. À quoi pensait-il, sur sa glacière, à quelques minutes de la fin ? L’élimination lui a forcément traversé l’esprit. « Oui.. Après 85, 88 minutes, il y a 1-0 et je suis réaliste, cela peut arriver qu’on ne marque pas », concède-t-il au micro de RMC Sport après la rencontre. Et puis il y a eu ce moment de grâce. Cette folie. Ce coup du destin, de chance. « On a déjà eu un déclic contre Dortmund… Un déclic, un déclic, on prépare toujours les matchs, mais on doit avoir de la chance dans cette compétition-là. On doit avoir le momentum et mériter d’avoir de la chance. On est là et on a mérité de gagner », poursuit-il. Thomas Tuchel est donc le premier coach depuis Luis Fernandez à hisser le PSG dans le dernier carré de la C1 en attendant la suite.
Un bilan comptable indécent, mais…
Cela fait-il de lui, de facto, l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du club ? Bizarrement, la place de l’Allemand au panthéon parisien est difficile à évaluer. Sur le papier, cela donne 102 matchs dirigés pour une moyenne de 2,44 points par match avec des chiffres affolants : 80 victoires, 9 nuls, 13 défaites, 293 buts inscrits, 97 encaissés. Mais il y a Manchester, il y a la finale de la Coupe de France 2019 face à Rennes, il y a la fin de saison dernière en roue libre, des éléments qui noircissent le tableau.
Et puis il y a ce match contre Bergame. Cette fin de rencontre qui, dans 15 ans, sera toujours gravée dans le marbre comme l’un des moments clés de l’histoire du club. Un peu comme le coup de casque de Kombouaré contre le Real Madrid en 1993, ou bien ce PSG-Twente incandescent au Parc des Princes de 2008 ou encore ce but de Javier Pastore contre Chelsea dans les derniers instants du quart de finale aller de la C1 en 2014. Mais ces 149 secondes restent quand même au-dessus. Et elles ne peuvent pas être dissociées d’Eric Maxim Choupo-Moting, un choix de Tuchel. Un recrutement souvent moqué, décrié, hué, mais qui, aujourd’hui, prend un autre sens. Le Camerounais, véritable joueur de vestiaire, a rempli son rôle à la perfection.
« J’ai confiance en lui et c’était peut-être aujourd’hui le moment pour faire quelque chose de grand à son tour, et il a fait quelque chose d’exceptionnel. Je dis toujours que je sais qu’il est un bon joueur qui peut entrer en jeu et changer des choses », lâche simplement l’Allemand. Tuchel sauvé par son soldat le plus fidèle. Comme un symbole. Donc le résultat l’emporte sur le reste et notamment cette première heure de jeu poussive ? Pourtant, en se penchant sur les choix récents de l’ancien coach de Dortmund, il semble parfois difficile d’y trouver une certaine logique. Ainsi, comment expliquer que Leandro Paredes se retrouve titulaire au détriment de Marco Verratti en finale de Coupe de France contre Saint-Étienne pour finalement débuter sur le banc, trois semaines plus tard, alors que l’Italien est blessé et que le PSG débute avec trois milieux ? Tout simplement parce que l’Allemand avait son idée de jeu. Celle de gérer au mieux, avec le moins de casse possible, le pressing agressif de la Dea en début de rencontre.
Le PSG a trouvé son but fondateur, Tuchel aussi
Après tout, son coaching de fin de match s’est avéré payant : Mbappé, Choupo-Moting, Paredes. Le reste appartient à l’histoire. Longtemps habitué à la lose, le PSG semble enfin tourner le dos à la fatalité. En 2018, dans un long entretien accordé à Tactical Room, Unai Emery s’était confié sur ce plafond de verre parisien et ce qu’il fallait pour franchir ce cap psychologique : « Pep Guardiola me disait l’année dernière quelque chose de fondamental : pour gagner la Ligue des champions, le Barça a dû vivre deux moments cruciaux de son histoire : le but de Bakero face à Kaiserslautern (en 1991, but qui évite l’élimination en C1, le Barça gagne la coupe quelques mois plus tard, N.D.L.R.) et le but d’Iniesta contre Chelsea. Il manque ce but au PSG ! Cela aurait pu être l’année dernière quand nous avons perdu 6-1 face au Barça, peut-être que c’était le moment de rompre ce plafond et passer le cap. Ou bien cette année face au Real, quand tu en as l’opportunité. Il manque au PSG ce match, ce moment fondateur. Avoir son « but de Bakero ». Même en étant inférieur, même s’il ne le mérite pas. Mais « pum » ! Tu marques ce but et ton destin change. »
Le destin de Thomas Tuchel a donc changé en 149 secondes mercredi soir. Reste à savoir si ce coup de pouce sonne pour le coach allemand comme un véritable renouveau dans la capitale ou juste comme un simple sursis.
Par Mathieu Faure