- Trophée des Champions
- PSG-Toulouse (2-0)
Mbappé, du neuf avec du mieux
Replacé dans un rôle plus axial fin 2023, Kylian Mbappé a commencé l’année 2024 avec le même costume et a su se mettre en évidence lors d’un Trophée des champions facilement raflé par le PSG (2-0) grâce à quelques réglages.
Certains retiendront peut-être la nouvelle sortie électrique d’Ousmane Dembélé, de nouveau plein de jus tout au long de la première nuit de foot français de 2024 dans l’animation de son aile aux côtés d’Achraf Hakimi et acclamé par le Parc des Princes à sa sortie. D’autres garderont peut-être davantage les nombreux tours tentés par Bradley Barcola, le gros paquet de parades de Gianluigi Donnarumma (6) ou bien la première entrée en jeu de Lucas Beraldo. Enfin, d’autres auront peut-être plutôt choisi de garder les yeux braqués sur l’homme qu’on avait senti contrarié à Lille le 17 décembre dernier, puis qui avait bouclé 2023 avec le sourire et un doublé positif contre Metz (3-1). Replacé dans un rôle plus axial depuis quelques semaines, cet homme, Kylian Mbappé, bien sûr, a gardé le même costume malgré le changement d’année et était évidemment attendu au tournant lors d’un Trophée des champions qu’on a eu peur de voir tourner à l’exhibition avant qu’un Toulouse vite mené au score ne se montre un poil plus en vue en seconde période (2-0). Verdict : le numéro 7 du PSG, qui ne sera jamais un pivot capable de vivre avec le dos constamment collé à un adversaire direct, a été plutôt à son avantage, se montrant intéressant sur plusieurs séquences dans un rôle de point d’appui fuyant entre les lignes, décisif sur l’ouverture du score et même buteur au bout d’un enchaînement plein de puissance juste avant la mi-temps.
Exemple d’une bonne séquence du Mbappé point d’appui sur cette passe de Lucas Hernandez où l’attaquant français va rester à distance d’intervention de Diarra pour avoir un temps d’avance…
… puis va placer Zaïre-Emery face au jeu avant de démarrer. Malheureusement, le milieu parisien appuiera trop son ouverture en profondeur.
Sur plusieurs enchaînements, on a alors revu des éléments que l’on avait pu noter lors du nul du PSG à Dortmund (1-1) début décembre, où Kylian Mbappé avait déjà sorti un match très propre techniquement et assez fin tactiquement, notamment dans son jeu dos au but. Placé mercredi soir à l’avant d’un onze qui, en phase offensive, devenait un 3-2-2-3 où Dembélé et Barcola étaient chargés d’étirer et matraquer autant que possible la défense à quatre têtes toulousaine, le Français a été utile pour connecter les deux ailes, même s’il a surtout formé un triangle à gauche avec Lee et Barcola (le pendant du triangle WZE-Dembélé-Hakimi à droite), mais a aussi été plus généreux dans le premier pressing. Il y a moins d’un mois, Luis Enrique insistait sur le fait que son pilier avait « une liberté totale » dans ses déplacements, mais la formule affichée mercredi a permis de maximiser une bonne partie des forces de Mbappé en réduisant l’impact de son repli défensif souvent imparfait.
« Je pense être un bon joueur »
Devenu le meilleur buteur de l’histoire du PSG au Parc des Princes, il est surtout resté en 9 lorsqu’Asensio et Kolo Muani sont entrés à 25 minutes de la fin, ce qui dit quand même deux ou trois choses de ce qui va suivre dans les prochaines semaines. Mbappé n’avait vraiment été très bon à ce poste qu’à Dortmund, mais Luis Enrique semble vouloir appuyer sur cette option et le match du soir lui a donné raison, sans doute aussi car ce rôle va permettre au capitaine des Bleus de varier entre les registres et qu’il va de plus en plus y affiner sa vision du jeu à une heure où on lui parle surtout de sa prolongation. Il est ici question de juste équilibre, de tenue de bloc équipe, de gestion des points forts et points faibles de tous les profils dont dispose Luis Enrique, et à ce jour, avancer avec cette version de Mbappé semble être une option viable (peut-être la seule sur le long terme pour le moment), à condition qu’il garde son allure du soir : celle du joueur qui court à l’instinct, décroche pour placer un coéquipier face au jeu plutôt que pour s’enfermer dans des dribbles à l’arrêt et vit avec un nombre de touches limité pour s’ouvrir et attaquer l’espace. De passage en zone mixte, il a alors appuyé : « Quand je parle avec le coach, il dit qu’un bon joueur peut jouer à plusieurs postes, donc je pense être un bon joueur. Mais peu importe le poste, il s’adapte en fonction des qualités des joueurs. » Le train de Luis Enrique continue d’avancer.
Par Maxime Brigand, au Parc des Princes