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Au PSG, Randal Kolo Muani cherche encore sa place
À la faveur des pépins physiques de ses coéquipiers, Randal Kolo Muani devrait être aligné à la pointe de l’attaque du Paris Saint-Germain, ce vendredi soir contre le Stade rennais. L’occasion parfaite de prouver qu’il peut bel et bien être le numéro 9 de cette équipe.
La mise sous scellé de Gonçalo Ramos pour plusieurs mois avait déjà considérablement réduit les possibilités de Luis Enrique au poste d’avant-centre, mais ses options de rechange continuent de disparaître une à une. Alors que l’entraîneur du PSG avait comblé le vide en faisant de Marco Asensio un faux numéro 9 plutôt séduisant, le si fragile gaucher l’a lui aussi abandonné. Enrique avait donc demandé au polymorphe Désiré Doué d’occuper cette zone le week-end passé contre Reims (1-1), expérience non concluante. De toute façon, le crack de la Piverdière est lui aussi sur le carreau, pour la réception du Stade rennais ce week-end : le technicien va donc bien finir par devoir titulariser Randal Kolo Muani à ce poste. Après tout, c’est notamment pour ça que le club de la capitale avait sorti 90 briques à l’été 2023.
Un bon rendement en équipe de France
Quarante-six rencontres, la majorité en pointe, pour onze buts et six passes dé : c’est vrai, les stats du natif de Bondy depuis son retour en Île-de-France ne font pas rêver – surtout quand on se souvient qu’il avait planté 26 fois en 50 matchs avec l’Eintracht – et son statut n’est plus le même que lors de son arrivée. Pourtant, ce qu’il avait montré les saisons précédentes à l’US Boulogne, au FC Nantes ou de l’autre côté du Rhin ne s’est pas évaporé : demandez à Didier Deschamps, qui continue d’aligner très fréquemment son chouchou, et le regrette rarement (cinq buts sur ses six dernières titularisations en Bleu, sans compter son entrée décisive en 8es de l’Euro). RKM a désormais un boulevard, face aux Rouge et Noir, pour transposer toutes ces bonnes choses en club.
Kolo Muani n’est pas un pur numéro 9, certes. À l’origine, il était même plus du genre à bouffer les lignes de touche qu’à se caler entre les défenseurs centraux adverses. Il nous le disait lui-même en octobre 2021, en pleine pente ascendante avec les Canaris : « Sur le côté, il y a du un-contre-un, j’ai plus le ballon, j’arrive à percuter, je me fais plaisir. Tu prends plus de plaisir quand tu es à droite que quand tu es devant. En pointe, tu as les défenseurs sur le dos, j’essaie de les prendre de vitesse, faire des appels, alors qu’à droite j’ai plus le ballon dans les pieds. C’est là où j’ai le plus de facilités. Je me considère plus comme un 9 et demi qui tourne autour, qui participe au jeu. Mais pas un 9 qui finit. » Depuis, il y a tout de même eu ce passage en Bundesliga et cet exercice irrésistible sur le front de l’attaque.
Et puis, le football actuel – qui plus est celui de Luis Enrique – se joue-t-il avec des «9 qui finissent » ? Combien sont-ils, actuellement, à performer en Ligue 1 ? Akor Adams, Emanuel Emegha, Gift Orban, Jonathan David, M’Bala Nzola, Ludovic Ajorque, Oumar Diakité, et c’est à peu près tout. En vérité, les meilleurs buteurs de l’élite se nomment actuellement Mason Greenwood, Bradley Barcola, Ousmane Dembélé, Edon Zhegrova, Sebastian Nanasi, Andrey Santos, Shavy Babicka, Luis Henrique ou Evann Guessand : pas vraiment des attaquants de surface, donc. Ce vendredi au Parc, l’animation de l’attaque rennaise sera d’ailleurs confiée à Arnaud Kalimuendo, archétype du «9 qui n’en est pas vraiment un ».
« Quand j’ai eu Randal (à Nantes de juillet à décembre 2020), c’est dans l’axe que je l’ai utilisé, mais dans un 4-4-2, rappelle Christian Gourcuff, joint par téléphone. Ses qualités, c’est surtout dans la prise d’espace, les déplacements, des qualités intéressantes pour être associé à un joueur plus de soutien. À mon époque, c’était Ludovic Blas. Randal était le profil que je recherchais, un profil qui apporte de la mobilité, qui donne des solutions, qui enrichit le jeu collectif, par rapport à (Kalifa) Coulibaly avant, qui était plutôt statique. Le mettre sur un côté, ça me semblait le brider sur le plan offensif, et il n’était pas très à l’aise avec les contraintes défensives. Ça n’était pas vraiment un buteur, plus un joueur qui participe au jeu, qui crée des espaces. C’était surtout ça son apport, plus que son adresse devant le but. Mais ça fait plus de quatre ans, il a gagné en maturité, évidemment. » Brillant dans le 4-4-1-1 nantais ou le 3-4-2-1 francfortois, l’attaquant a plus de mal, depuis son catapultage dans le 4-3-3 parisien. Jusqu’à quand ?
Par Jérémie Baron
Propos de Christian Gourcuff recueillis par JB, ceux de Randal Kolo Muani tirés d’une interview pour sofoot.com en octobre 2021