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PSG : Sarko président ?
Parmi toutes les hypothèses qui ont fleuri sur le fumier après l’échec du PSG contre Manchester, l’arrivée de Nicolas Sarkozy dans le staff parisien, voire à la place de Nasser Al-Khelaïfi, a fait le bonheur des réseaux sociaux. Et pour tout avouer, cette « sortie de crise » est loin d’être la plus farfelue. Et peut-être carrément la meilleure des pires idées ?
Il ne s’en est jamais caché. Nicolas Sarkozy est un grand supporter du PSG. Pas un ultra, il ne les porte pas particulièrement dans son cœur, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien ministre de l’Intérieur et président de la République s’est rarement positionné du côté des virages et des kops. Pour lui, Auteuil, c’est un quartier « ami » qui colle à Neuilly. Mais il aime Paris, et qui sommes-nous pour douter de sa sincérité ? Par ailleurs, les responsabilités politiques qu’il fut amené à occuper au cours de sa carrière lui ont déjà permis de jouer un rôle non négligeable dans la vie de ce si particulier pensionnaire de notre Ligue 1. D’abord en gérant sûrement en sous-main le « règlement définitif » de la question des tribunes « en guerre » en 2010 et probablement le fameux plan Leproux. En outre, son implication directe et décisive dans l’arrivée dans la ville lumière des Qataris ne relève plus que du secret de Polichinelle (avec la Coupe du monde 2022 en paquet cadeau). De fait, d’une certaine façon et à bien des égards, Nicolas Sarkozy a déjà été un dirigeant parisien.
Prince consort
Depuis sa défaite contre François Hollande – son Manchester United à lui – et surtout l’échec de son retour en politique lors des primaires de la droite, il ronge son frein en silence. Il a certes transformé les loges du PSG en un nouveau Fouquet’s, toujours prêt à livrer un bon mot au micro de Canal+, ou poser pour les caméras au milieu d’un aréopage de célébrités, de politiques et de figures du foot. Ce prince consort du PSG est donc bel et bien dans la place. Il semblait, malgré ses dénégations souriantes et répétées, attendre son heure, peu habitué à se contenter d’une figuration et d’habitude plutôt roi de l’incruste (comme lors de la manifestation après les attentats de Charlie Hebdo et du supermarché casher). Le fiasco de mardi soir paraît ouvrir une fenêtre inespérée. Peu probable que son téléphone soit en mode silencieux depuis…
Car de fait, parmi le casting de tous les prétendants au poste de l’actuel boss du club, Nicolas Sarkozy possède, notamment du point de vue de Doha, de nombreuses qualités qui compensent largement son inexpérience professionnelle en ce domaine. Tout d’abord une stature. Que cela plaise ou non, son nom reste connu et reconnu, et même au-delà de nos frontières. Être l’ancien président de la République du pays « hôte » ne s’avère pas franchement anodin dans un CV. Si des hommes politiques ont déjà franchi le Rubicon pour se donner – contre une rémunération toujours très réconfortante, et nul doute que Nicolas Sarkozy saura la négocier au mieux – à leur passion du ballon rond (on songe par exemple à Frédéric de Saint-Sernin du côté de Rennes), en revanche un telle aventure chez un ancien chef de l’État écrirait de facto une nouvelle page dans l’histoire de la Ve République. Nul doute que De Gaulle ou Mitterrand se retourneront dans leur tombe. En attendant évidemment que François Hollande en fasse de même du côté du Red Star… Les représentants du « vieux monde » selon Macron doivent bien trouver de quoi s’amuser.
Droite dure, PSG mou
Surtout, forcément pour QSI, ce profil, et pour tout dire son identité partisane, marquée droite dure, permettrait de redéfinir, du moins en apparence, la dimension « française » du PSG. Et d’apporter donc de nouvelles pièces à décharge dans l’éternel et mauvais procès en « invasion » que vit en permanence le club parisien. L’homme qui lançait des débats sur « l’identité nationale » pour grignoter l’électorat FN et prenait conseil auprès du très maurassien Patrick Buisson, viendrait déposer son écharpe tricolore sur le fronton du Parc des Princes. Tout le monde y gagnerait. Un retour au premier plan, en joignant l’utile à l’agréable, pour le petit Nicolas. Un gage « patriocard » et une « respectabilité » hexagonale pour le PSG (avant les négos sur le fair-play financier).
Reste donc à entrer dans le réel. Car président de club est un métier. L’humilité n’est pas franchement la marque de fabrique chez l’ancien maire de la banlieue ouest et cossue. Impossible pour lui de se contenter de serrer des mains et de signer des chèques. Comment se vivra son indéniable besoin de « tout gérer » dans un univers sportif et footballistique où la répartition des pouvoirs épouse des contours fort éloignés du monde politique ? Quid du directeur sportif ? De l’entraîneur ? De son rapport aux joueurs ? Des relations avec la presse, quand L’Équipe deviendra son nouveau Mediapart ? Enfin et surtout, à quand une perquisition au Camp des Loges ? Le foot est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux footballeurs. De là à la refiler aux politiques…
Par Nicolas Kssis-Martov