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PSG/Sainté 1982 : toute première fois
15 mai 1982, le Parc des Princes accueille la finale de la Coupe de France entre l'AS Saint-Étienne et le PSG. Ce match est encore aujourd'hui gravé dans toutes les têtes parisiennes. Parce que c'est le premier titre du club, parce que le scénario était fou, parce que c'était le dernier match de Michel Platini en France, parce que Francis Borelli a bouffé la pelouse et parce que, surtout, c'était un sommet de suspense et de dramaturgie. C'était le football des années 80. Quand les gardiens portaient la moustache.
Dominique Rocheteau est encore aujourd’hui le deuxième meilleur buteur de l’histoire du PSG avec 100 pions. Un de plus que Zlatan Ibrahimović, neuf de moins que le taulier Pauleta. Dans sa centaine, si on ne devait retenir qu’un seul but de Doumé, c’est celui du 15 mai 1982. On joue la 120e minute du jeu entre Paname et Saint-Étienne. Depuis la 99e minute de la prolongation et un second but de Michel Platini dans le match, les Verts mènent 2 à 1 et s’avancent sereinement vers le titre (Toko avait ouvert la marque avant que Platoche n’égalise dans le temps réglementaire). On compte les secondes. C’est quasiment terminé. Le Yougoslave Šurjak s’envoie sur un dernier débordement et balance le centre de la dernière chance. Rocheteau est à la réception et signe une reprise de volée qui file au fond. 2-2. Le Parc des Princes s’embrase. Les supporters déboulent sur la pelouse et, au milieu d’eux, on aperçoit un mec avec une sacoche en cuir sur l’épaule s’agenouiller et embrasser l’herbe du Parc. Cet homme, c’est Francis Borelli, le président du PSG. Un homme qui ne faisait jamais rien à moitié. Cinq ans plus tard, dans PSG magazine, l’homme le plus important du club reviendra d’ailleurs sur cette folie : « Le but de Rocheteau, c’est le moment le plus intense de ma vie. Je n’y croyais plus. C’était cuit, pour plaisanter, je disais aux gens à côté de moi : « On ne peut pas ne pas égaliser ! » Et puis Rocheteau a marqué… C’était la délivrance ! L’explosion de joie ! Impensable… Alors, j’ai embrassé la pelouse, cette terre bénie du Parc, pour remercier le ciel… comme les musulmans que je voyais en Tunisie, qui embrassaient la terre pour remercier leur Dieu » .
Platini et le cas Larios
En 1982, le PSG n’est rien. Saint-Étienne est tout. Champion de France en titre, la bande à Platoche s’était présentée au Parc des Princes à la sortie d’un 9-2 infligé à Metz en championnat. Autant dire que les Franciliens étaient plutôt discrets. C’était également la première fois qu’une finale de Coupe était diffusée en direct à la télévision. C’était sur TF1, et Michel Denisot assurait les commentaires. En raison de la proximité du Mondial 1982, la finale se jouait en une manche alors qu’en cas de nul, l’habitude voulait que la finale soit rejouée. Prime time, match sec, Platini. Tous les éléments étaient là pour une folie. Un Platini que la France ne voulait plus voir jouer sur ses terrains. À cause d’une histoire de mœurs, Platoche était traité de cocu un week-end sur deux (la rumeur voulait que son collègue Jean-François Larios ait copulé avec sa femme jusqu’à débarquer à l’entraînement des Verts dans la voiture de celle-ci). Sentant le numéro 10 fragilisé à Sainté, Francis Borelli avait même tenté d’enrôler le joueur. Mais Platoche a préféré la Juventus. Cette finale, c’est son jubilé. Le génie voulait partir au sommet.
Après Rocheteau, Baratelli. Les « Doumé » sont là
Face à l’armada de Robert Herbin (Rep, Jeanvion, Lopez, Battiston, Larios), le PSG de Peyroche avance de la folie (Dahleb, Šurjak, Toko), de l’expérience (Bathenay, Rocheteau, Baratelli) et des locaux (Pilorget, Fernandez, Lemoult). Sur le papier, Paris n’a pourtant aucune chance, mais son enthousiasme fera la différence. À Sainté, on a sans doute trop misé sur le seul Platini pour braquer la Coupe de France. Un Platoche qui est déjà parti dans sa tête. « Oui, je vide ce placard que j’ai dans le vestiaire depuis trois saisons. Oui, cela me fait un peu de peine. Oui, nous n’avons jamais pu battre l’équipe du PSG au Parc des Princes depuis que je suis à Saint-Étienne » , lâche-t-il dans la presse avant le match. Comme on le sait, tout s’est joué durant la séance de tirs au but. Dans chaque cage, deux internationaux français. Rivaux. Dominique Baratelli face à Jean Castáneda. Deux moustachus.
De chaque côté, les cinq premiers tireurs font 100% (Battiston, Zanon, Rep, Larios et Platini pour Saint-Étienne ; Bathenay, Renaut, Rocheteau, Šurjak et Fernandez pour Paris). On monte d’un cran dans l’excitation. La mort subite. À ce jeu, Baratelli est injouable, lui qui a déjà gagné deux séances de tirs au but durant la saison de Coupe de France (Nîmes et Tours). Christian Lopez, encore un moustachu, s’élance. Baratelli le chat détourne. Jean-Marc Pilorget a le premier titre du PSG dans ses crampons. Contre-pied. Terminé. Paris remporte le premier trophée de son histoire au bout de la nuit. « Si on a mis le temps, on y a aussi mis la manière, puisque Paris ne fait pas les choses comme tout le monde » , conclut Francis Borelli. Il a tellement raison.
Par Mathieu Faure