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PSG : rangez vos calculettes !
Troisième de son groupe avant un déplacement à Naples qui s’annonce périlleux, le PSG n’a plus le temps de s’adonner à des comptes d’apothicaire s’il veut conserver son rang. Parce que ce ne sont ni ses dérives financières révélées par Mediapart ni sa domination sans partage en Ligue 1 qui permettront d'éponger un revers européen.
62, comme le nombre de minutes de punition pour Kylian Mbappé sur le banc du Vélodrome avant d’offrir le Classique aux siens. 0,49, comme la dose d’alcool en gramme par litre dans le sang de Marco Verratti lors de son contrôle routier. 2021, comme l’année jusqu’à laquelle court le nouveau contrat d’Ángel Di María scellé mercredi dernier. 1,8, comme le nombre de milliard d’euros injectés « de façon largement frauduleuse » par le Qatar dans le club et révélés par les Football Leaks. 36,23, comme le prix en euros et à l’unité des déguisements La Casa De Papel enfilés par Neymar et Mbappé avec un poil de retard. 12, comme le nombre record de victoires en autant de journées dans les cinq principaux championnats européens, établi après celle face à son dauphin lillois vendredi dernier… Le bilan comptable du Paris Saint-Germain lors de ces deux dernières semaines ne cesse d’osciller entre le positif et le négatif avec cependant une constante : tout se passe merveilleusement sur le terrain, malgré les accrocs en coulisses.
Le Parc des pingres
Mais à l’heure de retrouver Naples, qui avait fait plus que secouer le PSG au Parc des Princes (2-2), cette parenthèse remplie d’inconnues et de coefficients se doit d’être fermée. La seule équation qu’ont aujourd’hui à résoudre les hommes de Thomas Tuchel consiste à trouver le moyen de sortir du San Paolo avec l’espoir d’un printemps européen — en C1, entendons-nous bien. D’ailleurs, depuis que le calendrier du groupe a été fixé, cette double confrontation contre les Partenopei a toujours été considérée comme s’il s’agissait d’un seizième de finale : celui qui ouvrirait ou non les portes de la phase finale. « Il nous reste 90 minutes à jouer face au Napoli : là, c’est la mi-temps, il y a 2-2 » , assurait le coach allemand après le match aller, même s’il était conscient que la prestation parisienne ne permettait pas de débarquer en Italie avec un avantage psychologique ou comptable.
Empli de certitudes dès qu’il est question de terroriser la Ligue 1 — avec une défense à trois qui fonctionne parfaitement, un duo Neymar-Mbappé qui affine sa complémentarité à chaque sortie, et arrivant même à calfeutrer ses manques au milieu —, le PSG semble se dégonfler au moment d’entrer sur la scène continentale. Au point, après n’avoir cessé de rêver plus grand, de revendiquer un statut d’outsider. « Je sais que c’est compliqué à comprendre, mais on le savait dès le tirage au sort. Les favoris de ce groupe sont Liverpool et Naples. Pas nous, car nous restons une équipe jeune, on est ensemble depuis douze semaines » , déroulait Thomas Tuchel, comme si son arrivée et celle d’un nouveau cycle permettaient au PSG de l’ère qatarie de repartir à zéro.
Pas de petites économies
Sous le feu des révélations sur « le dopage financier » dont il se rendrait coupable, attisant les frustrations des supporters des autres clubs français voyant cet ogre de plus en plus cruel à l’échelle nationale, le PSG met aussi en jeu lors cette rencontre sa popularité à l’intérieur des frontières françaises. En effet, le seul moment où les Parisiens pourraient rallier à leur cause un public plus large de son socle de fidèles resterait une épopée en Ligue des champions. Bien qu’un match nul ce mardi ne les condamnerait pas, une défaite amorcerait une vague de critiques qui n’aurait rien de bon ni pour leurs propres intérêts, ni ceux du football hexagonal, déjà mal en point avec ses autres représentants. Basant sa stratégie de développement à l’international sur la vitrine européenne qui est offerte à ses ressortissants, la Ligue 1 ne pourrait que déplorer un échec du PSG. Car qui s’intéressera ensuite aux golazos de Benjamin Jeannot ou débattra sur les faits et gestes de Téji Savanier, si même le PSG perd de son crédit dans les hautes sphères ?
Par Mathieu Rollinger