- France
- Ligue 1
- PSG champion
PSG : où les supporters pourront-ils fêter le titre ?
Privés du Trocadéro après l'Ultimate Kaos de l'année dernière, les supporters du Paris Saint-Germain ne savent pas vraiment où fêter leur second titre consécutif. Cela valait bien quelques suggestions.
Au zoo de Vincennes
Qualifiés de « sauvages » ou même « d’animaux » au lendemain de la célébration mouvementée du titre au Trocadéro, les supporters du Paris Saint-Germain sont du genre à prendre les choses au pied de la lettre. Au pied de la montagne des singes, plus précisément, qui domine le zoo de Vincennes, le bois, le Parc floral et l’avenue Daumesnil. À nouveau ouvert depuis le mois d’avril et après des années de travaux, le zoo de Vincennes mérite une vraie inauguration. Un truc mieux qu’une ouverture avec des animaux manquants et un prix extraordinaire : 22 € l’entrée pour adulte, 16,50 pour les « jeunes » et 14,5 boules pour les mioches. De quoi révolter quelques énervés fermement décidés à arroser le deuxième titre consécutif de leur club chéri. Direction le Sud-Est de Paris, en bus 46, pour fêter ça dignement. Enfermé dans une cage où il se nourrit uniquement d’arbitres vivants, Marco Verratti est tout heureux d’être libéré par ses fans pendant que Jérémy Ménez taille une bavette peinard avec les ânes vincennois. Plus intimidant à casser qu’une devanture de boutique, le vivarium ne subit aucun dégât, tandis que quelques téméraires escaladent la montagne des singes pour y planter le drapeau du PSG au sommet. Cette fois c’est sûr, le troisième titre consécutif, ils le fêteront sur le toit de la tour Montparnasse. Sans Marie-Joëlle, ni laveurs de carreaux.
Sur le Vieux-Port
« Les Marseillais montent à Paris, pour enculer le PSG. » C’est Taye Taiwo, philosophe contemporain, qui le dit. Il faut dire que les Marseillais, comme les Bretons – sauf les Rennais, hein – ont la chance de pouvoir fêter un titre dans la capitale en cas de victoire en Coupe. À ce petit jeu-là, les Parisiens ont un peu le rôle du pote « trop bon, trop con » qui organise toujours les soirées et dont le parquet est dévasté par les chutes trop fréquentes de William Peel et de Label 5, whiskys faits à l’acide. « Il y en a marre de casser nos propres magasins. Cette fois, on se barre » , annonce Martin, en pleine réflexion sur voyagessncf.com où il essaye de ne pas se faire escroquer. Une mission impossible. Après quelques minutes de réflexion, l’idée de génie sort de la bouche de David. « Messieurs, sortez la carte 12-30 : on file à Marseille Saint-Charles. » Direction le Vieux-Port donc, où ils sont reçus sous une pluie de téléviseurs balancés des immeubles qui les entourent. Accueillis par René Maleville, confortablement installé à une terrasse, les Parisiens se font alpaguer : « Vous avez tort de critiquer Pastore » , balance le mi-homme mi-anis.
« Je critique qui je veux » , répond Martin. Qui il veut, sauf la police. Jaloux de leurs homologues parisiens, les hommes de la BAC du 13 organisent un concours de balayettes. Mais à ce jeu-là, les Parisiens sont à jamais les premiers :
Sur la place de la Bastille
« Non Yannick, ce n’est pas possible. Mais on s’en fout que tu étais présent quand François Hollande a fêté son élection. Là, c’est du foot. Alors t’es gentil avec ton sloggi et tes reprises de Bob Marley, mais maintenant tu mets des chaussettes et des chaussures, comme tout le monde, et tu dégages ! » Réunis sur la place de la Bastille, les supporters du PSG doivent faire le ménage pour être tranquilles. Il faut dire qu’entre Noah l’opportuniste, les altermondialistes en train de manifester au pied de l’Opéra et les romantiques de banlieue qui emmènent leur nana à l’Indiana et au Paradis du fruit, cet endroit est un peu encombré. Mais peu importe. C’est donc la deuxième prise de la Bastille. Les anciens ultras font office de Tiers-État, les nouveaux de noblesse et le clergé est assuré par Marcos Céara, de passage dans la capitale. Le génie de la Bastille porte le maillot de Zlatan et les flics ne sont pas contents. Ça tombe bien, la Bastille était une prison. Tout le monde y termine.
Au Wanderlust
Sur la table basse Ikea postée au milieu du 14m2 de Kévin, deux cadavres de Poliakov témoignent de l’euphorie ambiante. Bras dessus, Red Bull dessous, Sami et Antoine entament un chant à la gloire du club de la capitale lorsque ce dernier s’interrompt brusquement : « L’année dernière, on était comme des cons au Troca, alors que Lavezzi et Van de Wiel, ils se butaient la gueule au VIP Room. Moi aussi, je veux fêter ça avec du champ’ et des putes ! » Kévin, les yeux hagards, mais le cerveau brillant (ou l’inverse) a une idée. Armés d’une bouteille de Cristalline à la couleur suspecte, les trois supporters traversent ainsi la ligne 5 pour atterrir quai d’Austerlitz, juste devant le Wanderlust. Sur la terrasse posée au-dessus de la Seine, Air Max et gros talons se partagent déjà le plancher dans une atmosphère joviale. Dans la queue, le trio glisse son regard avec une discrétion toute relative sous les mini-jupes qui défilent. Après une demi-heure d’attente, et une négociation avec le physio facilitée par le bonnet PSG « vintage » de Sami, la fête peut commencer. Lançant un « Paris ville lumière » au milieu de la foule, ils constatent rapidement le dédain qui s’opère dans les regards. Ignorés malgré leur pogo, sans le sou pour s’offrir un verre abordable à 15 euros, ils quittent le navire au bout d’une heure avec un goût d’inachevé dans la bouche. Encore une fois, la fête est gâchée.
Le bowling des Champs-Élysées
L’année dernière, le public parisien s’était déplacé en masse au Trocadéro pour communier avec Zlatan and co. Cette année pourtant, la rumeur annonce une soirée de l’effectif parisien dans l’enceinte de nuit du 2bis avenue Foch, le Duplex. Relayée par les réseaux sociaux, l’information se diffuse. La page PSG-Fans poste même un message encourageant : « Venez nombreux, il y aura de la place sur deux étages. » Ainsi, des milliers de supporters parisiens se rassemblent en haut des Champs-Élysées pour y retrouver leurs héros et partager un peu de la victoire. Détail technique majeur, l’adresse indiquée pointe vers le 2 avenue Foch, lieu où se dresse le bowling souterrain du centre de la capitale. Toute la soirée, ils sont des centaines à enchaîner les mojitos sur les pistes, en espérant voir débarquer les champions de France. Après des heures d’attente et des spares qui s’amenuisent à mesure que l’alcoolémie prend place, ils sont finalement récompensés : Marco Verratti, qui a égaré sa carte d’identité à Rennes, n’a eu d’autre choix que de rallier un lieu ouvert à son physique de jeune premier.
Par Swann Borsellino et Raphaël Gaftarnik