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PSG, OM et clichés : Classico, ici c’est mauvais

Par Nicolas Kssis-Martov
3 minutes
PSG, OM et clichés : Classico, ici c’est mauvais

Amazon a dégainé son film sur le foot français, après le succès de la série-documentaire sur Orelsan. Classico est une comédie au casting impressionnant et qui se veut une tendre parodie du monde des supporters ainsi que de la rivalité PSG-OM. Le résultat laisse pantois. Comment peut-on encore produire ce genre de film sur la passion du ballon rond en 2022 ?

Première précision : la seule dimension sociale dans Classico réside dans le fait que les acteurs et actrices, ainsi que les nombreux guests (Basile Boli, Pedro Miguel Pauleta, Oxmo Puccino, Soprano, etc.), ont pu soutirer un chèque à Amazon pour ce film. Pour le reste, le niveau de ce long métrage sur plateforme (pour une fois le cinéma tricolore peut se réjouir qu’il ne soit pas sorti en salles) s’avère à l’aune des dernières confrontations entre les deux clubs phares de la L1 : compositions alléchantes et service minimum sur le terrain.

La foire aux clichés

Naturellement, on capte vite les références et les emprunts qui parsèment les péripéties de ce fan phocéen qui monte s’infiltrer parmi les ennemis honnis pour récupérer la fameuse Coupe d’Europe dérobée. Ahmed Sylla campe un nouveau Fernandel (dans Hercule) candide et naïf qui débarque dans la vilaine capitale (d’ailleurs, les gens y sont méchants, c’est cohérent). Imaginez sa souffrance : en 2022, personne n’y sert de pastis dans les bars (cela dit en ne restant que dans les beaux quartiers…). Les quelques minutes de son arrivée à Paname valent d’ailleurs leur pesant de caricature sur la ville lumière. Tout le monde tire la tronche et tout le monde est désagréable. Soit tout le contraire de Marseille, présentée comme la cité parfaite du sourire continu et de la convivialité permanente. Il faut dire que voir Pardo, ancien joueur marseillais et parisien, détaillant à Ahmed Sylla ce qu’est le verlan (oui, oui, en 2022), ce n’est pas loin d’être hilarant tellement c’est navrant.

En plus du fil rouge, il faut aussi que Sami, le personnage principal, sauve le foyer et les enfants placés dont il s’occupe (les « Blues Brothers » , no comment sur les bandes originales), menacés par un voisin irascible et orageux interprété par Élie Semoun (la meilleure prestation, c’est peu dire). Sans oublier le petit instant PNL pendant lequel le héros prend son repas sur le toit du Vélodrome. Et bien sûr, une petite histoire d’amour avec une responsable de la communication du PSG, couronnée par une séquence séduction karaoké qui semble tirée tout droit de L’Arnacœur. Enfin, soulagement, ce ne sont pas les Parisiens qui sont responsables de l’indigne larcin. L’affaire se terminant dans un happy end où tout le monde finit par aimer tout le monde.

Une vision biaisée des supporters

Mais le plus ennuyant demeure le traitement du foot, du monde des supporters et des ultras. Il s’agit bien sûr d’une comédie, les traits et l’identité des personnages sont forcément accentués (d’ailleurs, de petites cartouches visuelles viennent nous l’expliquer lors de leur présentation, au cas où…). Par exemple, MASH s’attaquait à des sujets aussi graves que la guerre et l’armée, sans pour autant ignorer totalement la réalité. Après tout, pourquoi pas un Denis Podalydès en président de l’OM paternaliste ou l’humoriste Paul Mirabel à contre-emploi en adepte de la violence. Il y a bien quelques touches pédagogiques sur le versant les « vraies valeurs » des supporters – solidarité, passion, etc. – soulignées lourdement. On s’étrangle un peu en écoutant Oxmo Puccino, qui aurait pu incarner justement un si crédible capo d’une tribune parisienne, citer les trois BBB « Bravoure, bienveillance et bonne humeur ». Quiconque a passé quelque temps en tribune en portant des trois bandes a dû reprendre une pinte pour encaisser cet outrage.

Les ultras, parisiens et marseillais ( « Ils sont bizarres quand même les Marseillais », lâche Alice Belaïdi), méritaient mieux, y compris pour souligner ou s’amuser de leurs obsessions et rituels. Le consensuel « finalement on est tous pareils » aurait été mieux servi par un propos un peu plus respectueux des codes et de l’histoire de la rivalité entre ces deux villes et clubs. Espérons que les virages et kops auront peut-être un jour droit à un film digne d’eux, y compris de leurs travers.

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